Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Encore une dernière secousse

Dimanche dernier, Alexis Corbière, bras droit (ou gauche) de Jean-Luc Mélenchon  a remis en avant  un document  sonore, qui n’était pas inédit,  réalisé par le blogueur Politeeks. Un enregistrement de Julien Dray, réalisé avec son consentement  précise M. Corbière sur son blogue,  qui «a été effectué le 25 juillet 2009, lors d’une réunion réunissant plusieurs des meilleurs blogueurs (…)». On y entend le pote Dray amateur de Rolex  qualifiant Claude Bartolone et Jean-Christophe Cambadélis de «fainéants» et de «manipulateurs». «Moi, je les connais, il faut les démasquer. Maintenant, ils se cachent derrière Martine (Aubry), mais il y a deux patrons là-dedans, deux grands fainéants devant l’éternel… Cambadélis est le plus grand fainéant que je connaisse, ajoute Dray. C’est un député qui n’a jamais pris la parole à l’Assemblée nationale. Puis : Avec eux, c’est toujours la catastrophe». A propos de la direction du PS du moment (à l’époque essentiellement Aubry, Bartolone, Cambadélis et Hamon..), il déclare qu’ils sont : une bonne bande d’hypocrites  (Eux, c’est une caste, c’est ce que j’appelle la génération gâtée des enfants du mitterrandisme. Ils n’ont jamais rien eu qui ne leur a été donné  ou encore:  Ils n’ont aucune connaissance du mouvement ouvrier. C’est pour cela qu’ils se comportent comme ils se comportent aujourd’hui, tous, Martine Aubry, Ségolène Royal, Laurent Fabius. Aux électeurs, je leur ai dit : si vous continuez avec ces gens là, vous irez de défaite en défaite… ».

De défaite et défaite ? Un pronostic qui est de l’ordre du très vraisemblable à deux jours du début de la campagne officielle des élections régionales. Mais gauche et droite  voudraient accréditer l’idée (dans les faits bien réel) d’une conjonction d’intérêts, d’un Système ripoublicain  uni sur l’essentiel qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. C’est de notoriété publique Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu « s’abaisser » à parler, dialoguer, débattre, ni même à téléphoner à son  confrère, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, estimant  que ce serait déchoir et qu’il ne boxait pas dans la même catégorie.

Pourtant,  manifestation de la panique gagnant  les Etats-majors, le président des républicains et ex chef de l’Etat « a saisi la main tendue de M. Cambadélis ». En l’espèce rapporte Le Monde une action commune pour dénoncer l’invitation faite à Marine Le Pen seule, de participer ce soir  à l’émission  Des paroles et des actes  sur France 2. Finalement les adversaires régionaux de la présidente du FN, Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon,  a fait savoir la présidence de France télévision,  «(participeront)  en direct (à cette même émission) dans une stricte égalité de temps de parole avec Marine Le Pen. »

 «Jean-Christophe Cambadélis, avait ainsi envoyé une lettre (à  Nicolas Sarkozy), pour lui proposer de saisir conjointement le CSA sur le sujet.« II n’est pas admissible que le service public fasse plus de deux heures de publicité pour Mme Le Pen au détriment des partis républicains représentés à l’Assemblée nationale. Je crois qu’il faut porter un coup d’arrêt à la fascination, à la promotion morbide de l’extrême droite dans le pays. »

Sarkozy qui avait même refusé «de lui parler au téléphone au moment de l’organisation de la marche républicaine du 11 janvier, a appelé M. Cambadélis pour lui dire qu’il  partageait son analyse  et qu’il y avait  une violation manifeste des règles républicaines en matière de temps de parole. Il doit y avoir dans ce contexte une solidarité des partis républicains»…

Pourtant, et Le Monde le rappelle également, depuis la création de  Des paroles et des actes  en 2011, 88% des  invitations selon France Télévision, ont été données à des personnalités combattant le FN.  Marine, interrogée sur cette offensive socialo-sarkozyste n’a pu que noter que  « L’UMPS truste déjà 90 % du temps de parole, je trouve ça ahurissant. Mais je ne peux que les remercier de me faire autant de publicité, plus de monde va regarder mon émission.  C’est une polémique artificielle pour mettre les gens qui vont m’interroger dans l’embarras, pour les pousser à être plus agressifs.»

Plus agressifs nous verrons, Le huffington Post, lui,  a publié  pour sa part  un article dans la tonalité de ceux qui paraissent actuellement sur le FN, à savoir sur les limites qui seraient les siennes et qui l’empêcherait  d’accéder au pouvoir, de gagner une élection présidentielle. Une thèse  développée par  les sociologues et politologues   Alexandre Dézé, Sylvain Crépon et Nonna Mayer dans un ouvrage collectif qui vient de paraître, «Les faux-semblants du Front National. Sociologie d’un parti politique», dont ce site se fait l’écho.

«Si la nouvelle présidente a infléchi son discours est-il écrit, notamment sur l’antisémitisme (il n’y a jamais eu de discours antisémite au FN, NDLR), si son programme inclut des éléments empruntés à la gauche, notamment sur les questions sociales ou la laïcité, son fonds de commerce principal reste l’immigration. Si elle gagne des voix dans des catégories jusqu’ici réticentes, en particulier les femmes, ou partie de l’électorat de confession juive, les grands traits de cet électorat et son implantation géographique n’ont pas varié. Le FN reste un parti anti-système, tant par les valeurs inégalitaires qu’il défend que par son refus du pluralisme. Ce positionnement explique en partie son succès, tout en le condamnant, pour l’heure, à l’isolement politique .»

«Penser que le FN est aux portes du pouvoir, c’est oublier encore que le parti frontiste reste isolé sur la scène politique française – ce que les marches républicaines du 11 janvier 2015 et les débats qui les ont précédées ont rappelé . C’est aussi oublier que cet isolement constitue un obstacle important pour accéder au pouvoir dans un système politique dominé par le scrutin majoritaire à deux tours – comme l’ont encore illustré les résultats du FN aux élections départementales. De ce point de vue, il paraît clair que l’organisation frontiste n’est pas encore une machine de second tour, comme le souligne à juste titre Gaël Brustier. La question des alliances politiques reste donc cruciale pour le FN, qui s’est mis en quête de soutiens extérieurs.»

Il n’y a certes pas de  miracle en politique. Il est en effet évident que le FN est dans l’obligation d’élargir son socle électoral s’il veut un jour être majoritaire à l’assemblée nationale,  pour que Marine  dépasse la basse des 50% à la présidentielle. Cela passe certes par notre capacité de rassemblement des forces patriotes et  à agréger  des  soutiens extérieurs. Là aussi c’est dire l’évidence que de souligner que les événements, la conjoncture économique, sociale, migratoire conditionneront  grandement la hauteur de la vague nationale qui déferlera sur les urnes  non seulement dans quelques semaines mais en 2017.

Or, comme le note Bruno Gollnisch et l’écrivait  René d’Argile,  «chez les peuples comme chez les individus, il suffit parfois  d’une dernière secousse s’ajoutant à une  série de secousses antérieures pour déterminer une révolution dans le comportement général». Et notamment dans le comportement électoral qui peut traduire cette révolte, ce désespoir de la France d’en bas,  de la France périphérique, de la France des oubliés, de la France profonde dans tous les sens du terme. Bossuet, dans son Histoire universelle, insistait sur «le sourd cheminement de ces événements invisibles  qui règlent en définitive la course de l’histoire humaine, comme ces eaux  longtemps cachées sous terre qui sourdent brusquement à la surface du sol… ».

http://gollnisch.com/2015/10/22/encore-une-derniere-secousse/

Les commentaires sont fermés.