Aucun texte ne nous est parvenu des Druides qui considéraient que l’écrit était une parole morte. Les prières qui sont dites aujourd’hui par les suivants de la Voie des hommes du Chêne ont donc été inventées, avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins récemment. Les plus anciennes remontent à Iolo Morganwng (1747-1826), personnage controversé qui est l’auteur notamment de la Grande prière des druides qu’on retrouve dans la rituélie de la plupart des groupes (néo) druidiques.Il en est de même pour les rituels proprement dits.
Pourtant le druidisme n’est pas une tradition isolée. Il est l’aspect celtique d’une tradition et d’une religion qui s’étendaient toutes deux sur la totalité du domaine indo-européen. C’est pourquoi notre tradition est parente de la tradition germanique, de la tradition slave de la tradition grecque, de la tradition romaine et encore de la tradition védique.
La comparaison de ces traditions soeurs permet de trouver des éléments identiques entre elles et sans problème nous autorise, nous druides d’aujourd’hui, à des emprunts légitimes aux prières védiques qui, elles, nous sont parvenues dans leur état originel. Même remarque en ce qui concerne les prières grecques avec, notamment, ce très bel hymne Orphique adressé à Nature :
O Nature, déesse qui enfantes toutes choses,
mère inventive,
céleste, vénérable, divinité fondatrice, ô souveraine!
Indomptable, tu domptes tout, et splendide
tu gouvernes,
maîtresse universelle, à jamais honorée, la suprême,
impérissable, née la première, célébrée
depuis toujours, illustre,
nocturne, habile, porte-lumière, irrépressible.
Tu tournes, laissant la trace silencieuse de tes pas,
pure ordonnatrice des dieux, fin qui n’a pas de fin.
Commune à tous mais seule incommunicable,
sans père, par toi même enfantée,désirable,
délicieuse, grande et fleurie,
amoureusement tu tresses et mélanges, ô savante !
Conductrice et maîtresse, jeune fille qui donnes la vie
et nourris tout,
tu te suffis à toi-même, tu es Justice et des Grâces
la persuasion aux mille noms
régnant sur la mer, le ciel et la terre
amère aux mauvais, douce à ceux qui t’obéissent.
Tu es toute sagesse, don, sollicitude, ô reine absolue !
Opulente, tu fais croître et tu dissous ce qui a mûri.
Père et mère de toutes choses, tu élèves, tu nourris,
et tu hâtes les naissances, ô Bienheureuse, riche
en semences, élan des saisons !
Utile à tous les arts, ouvrière universelle, fondatrice,
divinité souveraine !
Eternelle, habile et très sage, tu meus tout,
et roules dans un tourbillon inépuisable le torrent
rapide;
tu coules en toutes choses, ronde, nouvelle
sous des formes changeantes.
Honorée sur ton beau trône, et, seule accomplissant
ton dessein
grondant au-dessus des porte-sceptres,
la plus puissante,
intrépide, dompteuse de tout, destin inéluctable,
souffle de feu,
tu es la vie éternelle et la providence immortelle.
À toi tout appartient, car toi seule as tout fait.
Je te supplie, ô déesse, d’amener avec les saisons
heureuses
la paix, la santé et la croissance de toutes choses.