Emmanuel Macron intervenait samedi en conclusion de l’université du groupe Les Gracques ( gauche réformiste et européiste), «une association lancée par des personnalités engagées à gauche, anciens membres de cabinets des différents gouvernements de gauche ou acteurs de la société civile…». Selon le ministre de l’Economie, la France aurait une «part de responsabilité» dans le développement chez nous du fondamentalisme islamique. Responsabilité qui serait alors partagée par les gouvernements belges, Belgique elle aussi menacée par les fous d’Allah. Ces dernières heures, dans le cadre de la traque de Salah Abdeslam, suspecté d’être la cheville ouvrière des attentats de Paris, les policiers ont procédé à des dizaines de perquisitions et d’arrestations dans des communes de l’agglomération bruxelloise (Molenbeek, Anderlecht, Jette, Schaerbeek, Woluwé-Saint-Lambert, Forest) et à Charleroi. «Nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité » sociale, a déploré samedi M. Macron. «Nous sommes une société où nous avons construit la capacité à fermer la porte (…). Quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre (…). Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du djihadisme. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité.»
D’une folie l’autre, il s’agit aussi (surtout) de comprendre, et M. Macron se garde bien de l’évoquer, que l’idéologie de l’ouverture et du métissage sans freins, sans frontiériste, ultra libre échangiste dans tous les domaines, est la première responsable de la création de ce «terreau». Cette désintégration, cette désassimilation était à prévoir au regard d’une immigration de peuplement, majoritairement musulmane, qui a fragilisé notre tissu social, tiers-mondisé la société française toute entière, et qui nourrit mécaniquement le repli communautariste, y compris dans ses modes les plus extrémistes.
Quant à «l’ esprit totalitaire et manipulateur», il est aussi à l’œuvre au sein des partis dits de gouvernement qui n’ont jamais voulu consulter les Français sur leur acceptation ou non de cette vague migratoire décidée par des cénacles bien peu démocratiques.
Vague migratoire qui continue à déferler sur l’Europe avec l’afflux de «migrants» que nous connaissons et qui ne manque pas d’inquiéter les populations des pays de l’UE. Media Presse Infos rappelait ces derniers jours l’enquête publiée en novembre 2014 par l’Arab Opinion Index Team de l’Arab Center for Research and Policy Studies, basé à Doha (Qatar), constatant que «13% des réfugiés syriens (vrais ou faux syriens ?) interrogés dans les camps de réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie considèrent l’Etat Islamique comme positif ou positif dans une certaine mesure.»
Une certaine mesure dépassée par Michel Onfray si l’on en croit certains. Accusé il y a peu decryptolepénisme, il serait coupable aujourd’hui de faire le jeu de l’Etat islamique (EI), en légitimant son discours et ses agissements. Il est notamment reproché au philosophe athée et normand des propos datant d’un entretien télévisé du mois de septembre et repris dans la dernière vidéo de l’EI, dans lequel il dénonce les interventions militaires de notre pays. « Nous devrions, nous la France, cesser de bombarder les populations musulmanes sur la totalité de la planète» disait-il notamment, phrase répétée en boucle par cette vidéo de l’Etat islamique.
Après la mise en ligne de celle-ci, Michel Onfray était invité d‘iTélé. «On est toujours instrumentalisé par quelqu’un», «aujourd’hui certains veulent me fusiller comme Robert Brasillach» (horresco referens) a-t-il affirmé, tout en maintenant ses propos. Les attentats sont une réponse à la politique menée par la France au Proche et au Moyen-Orient depuis la première guerre du Golfe a-t-il assuré, et «bombarder l’EI ne permettra pas de calmer les jeunes soldats de l’EI qui sont dans nos banlieues ». M. Onfray a donc réitéré la pensée qui est la sienne et qu’il avait synthétisé sur twitter au lendemain des attentats: «Droite et gauche qui ont internationalement semé la guerre contre l’islam politique récoltent nationalement la guerre de l’islam politique.»
Michel Onfray peut tout à fait légitimement rappeler les conséquences dramatiques et bien réelles de la destruction du régime laïque irakien ou libyen. Le FN là aussi ne s’était pas trompé constate Bruno Gollnisch. Michel Houllebecq le dit pareillement dans une tribune parue cette semaine dans le Corriere della Sera, dans laquelle il fustige plus largement la volonté de faire disparaitre «les frontières»; «les coupes budgétaires dans les forces de police»; l’accueil des migrants» imposé par la «gauche morale»; le mépris des vœux de nos compatriotes; « les gouvernements (qui) ont lamentablement échoué, systématiquement, lourdement dans leur mission fondamentale, c’est-à-dire protéger le peuple français confié à leur responsabilité ».
Reste qu’il est loin d’être certain que même dégagé de tout suivisme atlantiste, campant sur une ligne politique d’indépendance nationale, mais ne renonçant pas à tenir son rang et à défendre ses intérêts à l’extérieur de nos frontières, notre pays n’aurait pas été une cible pour l’EI. Une nébuleuse étrange, dont les motivations, les commanditaires, les buts sont un vaste sujet d’interrogations pour de nombreux spécialistes. Alors certes M. Onfray peut souligner qu’«on est toujours instrumentalisé par quelqu’un», mais l’EI non plus n’échappe pas à cette règle.