Sus au Front national ! Les patrons s’y mettent, donc ! Après les journalistes et les artistes… Enfin ! Pierre Gattaz, « le » patron sensé parler au nom de tous les autres dirigeants et « les » « artistes » tout aussi sensés parler au nom de « tous les autres » saltimbanques ! Ça en fait des guillemets, lourds de signification sur le poids réel de ces auto-proclamés porte-paroles de leurs « business » bien particuliers, davantage que de leurs professions respectables, bien évidemment, mais tellement dévoyées par ces vautours.
Pourquoi tant de hargne, brusquement, à l’idée qu’une (ou plusieurs) régions soient dirigées par un exécutif nouveau ? Que les élus socialistes ou républicains actuels s’affolent à l’idée de perdre leur « job » – ainsi que Nicolas Sarkozy lui-même qualifiait sa fonction sitôt élu à la Présidence de la République – on peut le comprendre : que savent faire d’autre la plupart d’entre eux ? Rien ou pas grand chose et souvent moins encore… Mais que risquent de perdre ces patrons, journalistes et artistes, eux qui ne cessent de gémir à longueur de temps sur les difficultés des affaires, tout autant que de la culture ? Marine le Pen et ses colistiers envisagent-ils une économie collectiviste, avec les brillants résultats obtenus durant les beaux jours du communisme triomphant, en ex-URSSS, en Chine maoïste ou encore avec Fidel Castro à Cuba ? Envisagent-ils tout autant l’interdiction de spectacles comme le sont, par exemple, ceux de l’humoriste Dieudonné ? Pas que l’on sache… et le pourraient-ils d’ailleurs, s’ils le voulaient ?
Ne serait-ce pas simplement, médiocrement et honteusement une simple affaire de gros sous ?
Le Front national, en mettant le nez dans les comptes passés des Conseils régionaux qu’il pourrait conquérir, risquerait-il de jeter en pâture sur la place publique les noms de ceux qui auraient grassement profité des largesses de ceux-ci (entre autres institutions) ?
On comprend mieux, dans ce cas, le vent de panique qui souffle à quelques jours du scrutin dans les basses-cours de ces professionnels de la subvention qui, brusquement, craignent pour leurs juteux fromages.
Un professionnel du spectacle me le confiait déjà en 2013 et je reprends ici ses propos, publiés alors sur le site Boulevard voltaire : « À spectacle unique, subvention minime, mais si on “organise” un festival sur plusieurs jours, la subvention est en rapport avec l’importance de l’événement ! Alors, depuis quelques temps, des centaines (oui, des centaines !) de festival en tous genres sont organisés partout en France… On se fout des recettes, la rentabilité est occultée, les subventions sont là ! Alors, on programme les copains, le fils de la concierge qui a un groupe de rock, on remplit sans se soucier de la qualité des spectacles, ni des retombées, puisque, encore une fois, y a les généreuses subventions ! »
Et la conclusion était : « Pour certains, cela dure… ce que dure toute une carrière ! La leur, somme toute ! »
Les saltimbanques, à l’évidence, ne sont donc pas les seuls profiteurs d’un système à l’évidence menacé… Les journalistes apeurés de La Voix du Nord tout autant que les représentants du Grand patronat – qu’est donc d’autre monsieur Gattaz ? – montent aux créneaux à leur tour pour empêcher l’ennemi frontiste de faire le ménage (éventuellement) !
Leur panique à tous est finalement un spectacle réjouissant qui en vaut bien d’autres ! Et c’est gratuit ! Au moins pour le temps de cette élection…
La chronique barbare de Philippe Randa