Devant les échecs, les reniements, l’aveuglement des partis du Système, l’accélération d’une crise et de menaces multiformes qui ont été annoncées, prédites de longue date par le FN, les procès enextrémisme, la diabolisation du Mouvement national sont ils encore audibles, efficaces? Nous en doutions sur notre blogue jeudi dernier, à trois jours de ce premier tour, évoquant les éditorialistes et autres spécialistes es FN qui craignaient un vote sanction. Dans les faits un retour au réel, lequel comme s’en désole le directeur de la rédaction de Libération, Laurent Joffrin, «est toujours réactionnaire»… Cette réaction, ce réflexe de survie du peuple Français, cette volonté de changement, d’une alternative patriotique, ce sont manifestés à un pourcentage jamais atteint dans les urnes ce dimanche. Du moins chez les 50% d’électeurs (chiffre cependant en progression de près de trois points par rapport à 2010) qui ont daigné se rendre aux urnes. Ce sont ainsi plusieurs 21 avril qui ont déferlé sur ce scrutin, dans les six régions sur treize ou le FN est arrivé en tête, vague tricolore dont ont été victimes les deux principaux partis dits de gouvernement, co-gestionnaires depuis des décennies du déclin Français. Au niveau national, le FN totalise 27,96 % des suffrages exprimés, soit six millions d’électeurs, devant la coalition LR-MoDem-UDI (26,89 %) et l’alliance PS-radicaux de gauche ( 23,33 %).Quant à la nébuleuse de partis catalogués à l’extrême gauche , trotsko-communiste et (pseudo) écologiste, elle réalise un score très marginal.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen a creusé l’écart avec ses adversaires, totalisant40,64 % des suffrages ( Xavier Bertrand est à 24,96 %, le socialiste Pierre de Saintignon à 18,12 %). La région Provence Alpes-Côte d’Azur offre à Marion Maréchal-Le Pen un score également sans précédent avec 40,55 %, malgré (grâce ?) la campagne anxiogène, surfant sur les peurs, d’une tonalité très anti nationale, du républicain Christian Estrosi (26,48 %) et de son allié de revers, le socialiste Christophe Castaner (16,59 %).
L’Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine assure aussi un très fort score au vice-président du FN, Florian Philippot, arrivé largement en tête avec 36,06 % des voix, devant l’homme de la coalition des droites euromondialistes, Philippe Richert (25,83 %) et son alter ego socialiste, Jean-Pierre Masseret (16,11%), qui obtient le pire score du PS de ce scrutin. Autre vice-président du FN qui arrive en tête, Louis Aliot totalise 31,83 % des suffrages dans un « super-région »ancrée historiquement à gauche, le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, devant la socialiste Carole Delga (24, 41%) et le sarkozyste Dominique Reynié (18,84 %).
La Bourgogne-Franche-Comté assure aussi au FN la première place du podium avec 31,48 %des voix, à la liste conduite par Sophie Montel qui distance (malgré de sondages annonçant l’inverse) le candidat des Républicains François Sauvadet ( 24 %) et la sortante socialiste Marie-Guite Dufay (22,99 %). Autre forte poussée, en Centre-Val de Loire, la liste FN de Philippe Loiseau vire en tête avec 30,49 % des voix, devant le candidat LR-UDI-MoDem Philippe Vigier(26,25 %) et le sortant socialiste président du conseil régional François Bonneau (24,31 %).
En Normandie réunifiée, la liste de « droite » emmenée par le centriste Hervé Morin ( 27,91 %) ne devance que d’un cheveu celle du secrétaire général du FN Nicolas Bay (27,71 %) devant le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol (23,52 %). En Auvergne-Rhône-Alpes le républicain Laurent Wauquiez est en tête mais le frontiste Christophe Boudot (25,52 %) devance le sortant socialiste de feu le Conseil régional Rhône-Alpes, Jean-Jacques Queyranne (23,93 %). L’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes donne également au FN un score sans précédent dans ces régions nouvellement fusionnées. La liste PS-PRG d’Alain Rousset arrive en tête ( 30,39 %) devance la liste de droite et du centre de Virginie Calmels (27,19 %) mais notre ami Jacques Colombier réalise un très beau 23,23 % des voix.
Même percée du FN en Pays de la Loire : la liste LR-MoDem-UDI de Bruno Retailleau est loin devant avec 33,49 % des suffrages exprimés devant le socialiste Christophe Clergeau (25,75 %), mais le frontiste Pascal Gannat passe la barre des 20% (21,35 %). En Ile-de-France, l’ex ministre de Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse, obtient 30,51 % devance le président PS de l’Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone (25,19 %), tandis que le trésorier du FN Wallerand de Saint Just, réalise lui aussi un score jusqu’alors inégalé auprès de l’électorat francilien (18,41 %).
Autre score élevé pour le FN dans cette terre de mission qu’est la Bretagne, le candidat de l’opposition nationale, Gilles Penelle, dépasse la barre des 18% (18,17 %) se hissant en troisième position derrière le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian (34,92 %) et le candidat LR-MoDem-UDI Marc Le Fur (23,46%). En Corse, la liste divers gauche du président sortant du conseil exécutif, Paul Giacobbi, devance la liste « nationaliste » du maire de Bastia, Gilles Simeoni, avec 18,42 % des voix contre 17,62 %. José Rossi (droite) obtient 13,17 % des voix devant Camille de Rocca Serra ( 12,7 %) et le candidat FN-RBM Christophe Canioni (10,58 %) qui se qualifie pour le second tour.
Dans ce contexte, et comme cela avait été annoncé par l’intéressé, Jean-Christophe Cambadélis,premier secrétaire du PS, a déclaré dès hier soir son souhait d’un retrait des listes socialistes dans les régions où le FN «risque» de l’emporter. «Dans les régions où la gauche est troisième, la gauche décide de faire le barrage républicain, notamment dans le Nord », a-t-il notamment affirmé. Seul candidat à s’opposer officiellement à cet ordre, qui scandalise il est vrai nombre de militants et d’électeurs socialistes, Jean-Pierre Masseret (tête de liste en Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine) a indiqué vouloir se maintenir.
Comme l’a rapporté Europe 1, M. Masseret affirme que la stratégie du barrage républicain est une «stratégie dénuée de résultats : quand on se retire, le FN est plus fort ». Un retrait de sa liste PS ne serait «ni digne, ni juste, ni intelligent. Le combat contre la droite libérale et l’extrême droite nationaliste, c’est à nous de le conduire », a-t-il ajouté sur France Info. Ce dernier sera privé de l’étiquette socialiste s’il persiste dans son refus à fait savoir M. Cambadélis.
Chez les Républicains des tensions se font jour également. Dés hier soir, Nicolas Sarkozy défendait la position « ni retrait ni fusion ». Celle-ci ci a été entérinée ce matin par les instances de son parti, y compris Alain Juppé, malgré l’opposition de Nathalie Kosciusko-Morizet et deJean-Pierre Raffarin. NKM, rien de bien nouveau sous le soleil, a déclaré que «le FN est l’ennemi de la Nation, des valeurs républicaines », or, «défendre les valeurs républicaines c’est l’essentiel du combat» (sic); propos peu ou prou tenus par M. Raffarin.
Quant au président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde il a rappelé la position de son petit parti : « partout où le Front National peut gagner, nous souhaitons le retrait des listes qui arrivent en troisième position. Quelles que soient les listes, c’est un principe qui doit être respecté. Nous avons toujours combattu l’extrême droite et nous souhaitons ce retrait ». Une seule région est concernée, celle de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avec Dominique Reynié, tête de liste LR-UDI-CPNT. M. Reynié s’y est refusé ce matin au micro de Jean-Jacques Bourdin : «le parti (le FN, NDLR) est autorisé, Marine Le Pen a été reçue quatre fois à l’Élysée par François Hollande. On ne peut pas faire ceci et nous expliquer qu’on doit lui faire barrage. C’est un parti autorisé, les Français sont libres de voter pour le Front National, s’ils veulent assumer ce choix, ils l’assument ».
Du Crif au Mrap, des syndicats aux loges, de Besancenot à Estrosi, de L’Humanité à La Croix, les appels à faire barrage au courant patriotique, à la mobilisation anti nationale, ont déjà retenti. Ils rempliront crescendo l’espace médiatique jusqu’à dimanche prochain, dans l’espoir notamment d’obtenir au profit des partis euromondialistes le report des voix des candidats éliminés ou se retirant, mais aussi des abstentionnistes du premier tour. Cela suffira-t-il ? La partie s’annonce serrée, et il ne faut certainement pas minorer affirme Bruno Gollnisch, le poids des réseaux, la capacité des adversaires du FN à mobiliser leurs clientèles. Pour autant, la question qu’il s’agit aussi de se poser est celle de savoir pourquoi ceux qui n’ont pas voté pour les partis du Système au premier tour, voleraient à leur secours au second ?