NOVOpress avec Guillaume Faye)
Il était prévisible que le Front national n’emportât aucune présidence de région. Mais sa progression est considérable : plus de 6,8 millions de suffrages au soir du second tour. Seul contre tous, il s’est confirmé comme premier parti de France face aux deux coalitions objectivement alliées LR–Centristes et PS–extrême gauche. Le RPS. Ces élections régionales ont été en fait un référendum pour ou contre le FN. Son ascension vers le pouvoir a commencé mais elle sera incertaine, difficile et explosive.
Le plafond de verre existe toujours mais il monte…
Au second tour des élections régionales, le 13 décembre, plus de 6,8 millions d’électeurs ont donc voté FN, un record historique. Il a dépassé les 6,4 millions de la présidentielle de 2012 alors que la participation était plus forte de vingt points cette année-là. Le FN est le seul parti capable de rassembler un tiers de l’électorat. La coalition droite–centristes a accumulé (avec l’apport artificiel de voix de gauche anti-FN dans trois régions) 41% des suffrages, la coalition de gauche 30% et le FN seul 29%.
Au plan national, comme le sanglier poursuivi par la meute, le FN seul affronte à droite LR, UDI, le Modem et à gauche PS, Radicaux de gauche, Front de gauche, EELV et PCF, soit huit formations politiques contre une. La grande ligue.
Obtenir près de 30% des suffrages exprimés, c’est à la fois énorme pour un parti considéré comme d’ ” extrême droite” (dans les années 80, quand le FN dépassait la barre des 10% ont parlait de séisme…) mais insuffisant : bien que premier parti de France, dans ce nouveau système tripartite (en apparence seulement), le Front national doit affronter deux coalitions plus ou moins alliées, celle de la droite et des centres et celle de la gauche et de l’extrême gauche. Il joue à un contre deux. 30% des électeurs sont pour lui mais 70% contre, ne l’oublions pas. Les jeux ne sont pas faits. Le plafond de verre est à 50% des suffrages exprimés. Le FN, isolé et sans alliances, en est encore loin. Mais il ne faut jurer de rien. C’est la marée qui monte, poussée par le vent des événements…
Le vote FN a progressé de 7 point sous Sarkozy et de 10 sous Hollande. 57 % des Français estiment que le FN est un ”parti comme les autres”. Il y a dix ans, ils étaient à peine 10% à le penser. Cela dit le vote massif pro-FN, d’un point de vue sociologique, n’est pas ”politique”, au sens classique, mais plutôt symbolique. C’est une sorte d’appel au secours, dont la submersion migratoire est la première motivation.
La coalition anti –FN : les Nuls contre les Inconnus
Nous ne sommes pas dans un nouveau système tripartite (droite, gauche, FN) mais dans un duel droite–gauche contre FN. Comme le reconnaît Guillaume Tabard (Le Figaro, 14/12/2015) : « de Manuel Valls à Alain Juppé […] en passant par Bertrand et Estrosi, la tentation ou le désir d’un nouveau paysage bipolaire affleure, autour de la seule question du Front national ». Le bloc, l’agrégat bicéphale Républicains et alliés avec PS et alliés, qu’il faut nommer RPS, s’oppose donc au FN dans une nouvelle configuration bipartisane de fait. Pour l’opinion publique, ceux qui ont gouverné (RPS) s’opposent à ceux qui n’ont pas encore gouverné (FN). Les nuls contre les inconnus.
Christian Estrosi, symbole théâtral du politicien roué, félicité par Manuel Valls pour sa victoire, s’est posé en « résistant » face au FN (allusion ridicule et insultante à la vraie Résistance de 1940–1944) et a assuré qu’il créerait un « conseil territorial » pour gouverner la région PACA avec la gauche. Alain Juppé : « merci à ceux qui ne partagent pas nos idées et qui se sont mobilisés pour éviter le scénario du pire. Cela nous oblige ». Sous entendu : on est tous d’accord, droite et gauche contre le FN.
Non seulement la gauche s’est désistée en faveur de la droite et du centre dans les régions Nord et Sud-Est, ce qui prouve que l’animadversion anti FN est plus forte que le sacrifice de tous les élus régionaux, mais les gagnants, MM. Bertrand et Estrosi, ont promis qu’ils ”tiendraient compte” des voix de gauche qui les ont fait élire. Autrement dit, ils mèneront la même politique que la gauche, avec d’infimes nuances, comme cela se passe au niveau national. Le RPS est donc bien un fait politique et la divergence gauche–droite n’est pas programmatique ni idéologique mais politicienne.
Elle peut être idéologique, mais en paroles seulement, pas en actes. Mme Pécresse, nouvelle présidente de l’Ile–de–France par exemple – j’en fait le pari– n’abolira pas la remise de 75% sur le prix des transports pour les immigrés clandestins., par ailleurs constitutionnellement illégale. M. Raffarin : « nous devons travailler avec le gouvernement car le FN est un adversaire commun ». NKM, Estrosi et Bertrand parlent de « rassemblement républicain » contre le FN. M. Sarkozy, lui, avec son ”ni ni” ne sait plus où il habite. Un projet stratégique de recomposition politique est en cours pour former un barrage–bloc gauche–droite contre le Front national. LR, ex UMP, est en panne de programme ; le carriérisme politicien est le seul horizon de ses dirigeants. L’alliance droite modérée–centre mou– gauche contre le FN est la coalition qui se dessine après ces élections.
Alain Juppé a d’ailleurs déclaré le 11 décembre qu’aux prochaines législatives, il appellerait au retrait du candidat de droite arrivé troisième en cas de triangulaire ou à voter pour le PS en cas de duel. Ce qui prouve bien qu’une bonne partie des caciques de la coalition molle LR–Centre voit cette dernière comme alliée de la gauche contre le FN. Il y a, dans le raisonnement de la classe politique, l’idée d’un bloc moralement légitime gauche–droite majoritaire contre un FN moralement illégitime, minoritaire mais en dangereuse progression. Le problème est que le ”peuple électoral ” pense de moins en moins ainsi.
La bonne vieille tactique du ”front antifasciste”
La tactique du PS (M. Valls) –comme de François Hollande en prévision du second tour de la présidentielle de 2017– consiste à dire : ”la question n’est pas de voter pour nous et notre programme mais de voter contre ce FN d’extrême droite, pour faire barrage à l’horreur”. La logique de légitimation positive (”notre programme est le meilleur, votez pour nous”) cède la place à celle de la légitimation négative : ” notre bilan est mauvais, mais l’essentiel n’est pas là ; votez pour nous pour vous éviter le pire, le Front national ”.
Face à la montée du Front national, on s’emploie donc à ressusciter la tactique communiste du Komintern inventée par les services soviétiques dans les années trente, le « front antifasciste ». Le « front républicain » n’est que la réplique essoufflée de ce dernier. Sauf que le FN est sans doute plus ”républicain” et démocrate que les sectes partisanes et oligarchiques qui usurpent ces termes. Quand on patauge dans l’échec complet et qu’on n’a rien à offrir, on utilise cette ressource, en ignorant que le FN n’a rigoureusement rien à voir avec les mouvements fascistes, comme l’a démontré le politologue et historien des idées politiques Pierre–André Taguieff.
L’argument selon lequel le FN serait l’héritier de Vichy (qui était un régime de gauche, ne l’oublions pas, soumis à l’occupant national–socialiste, ne l’oublions pas non plus), rabâché par l’intellocratie, n’a aucune prise sur l’électorat, notamment des nouvelles générations.
Un conseiller de l’Élysée, cité par Le Figaro (08/12/2015) déclare : « Hollande veut apparaître comme le candidat de la République et du rassemblement, contre le terrorisme et l’extrême droite […] Il fait le pari qu’il sera face à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017 » Hallucinant mais vrai : le FN est mis sur le même curseur de dangerosité que le terrorisme islamique. Le FN est comparé à Dae’ch. Cette rhétorique est tellement dépourvue de bon sens qu’elle est évidemment contre productive.
Le soir du premier tour des régionales, le 6 décembre, sur les plateaux télé, on a entendu des politiciens de gauche ou LR comparer le FN au « péril brun » (allusion à la ”peste brune” nazie) ou l’assimilant à un danger pour la ”république”, la démocratie, les libertés publiques. Au soir du second tour, on a rabâché sur les TV à la face des (rares) invités FN placides: ” vous n’êtes pas des républicains ni des démocrates ”. Sous entendu : vous êtes des nazis dissimulés.
Et ces paroles ignobles provenaient de gens, associés électoralement au Parti communiste et aux trotskistes, abreuvés au lait d’un marxisme qui, comme l’islam(isme), a multiplié les crimes contre l’humanité. Inversion de la réalité, incongruité. Passons.
L’oligarchie ”démocratique” contre le populisme
Diaboliser le FN, le présenter comme un danger majeur pour la démocratie, la République, les ”valeurs” (lesquelles ?), comme un risque de dictature, fonctionne parfaitement bien pour un certain nombre d’électeurs (droite ou gauche). La question est de savoir combien tombent dans ce piège : de moins en moins, d‘après les sondages, mais toujours suffisamment pour créer un ”plafond de verre”, qui monte, certes, mais qui se situe toujours en dessous du seuil fatidique de 50%.
En effet, un certain pourcentage d’électeurs préfère voter pour la coalition droite–gauche que pour le FN, représenté comme un parti spécial et dangereux. Mais exclure idéologiquement le FN de l’arc politique légitime gauche–droite est une tactique à double tranchant : ce peut être pertinent dans l’effroi (positif) mais aussi susciter l’exaspération par la grosseur du mensonge (négatif). L’ennemi principal et objectif de l’oligarchie (qui se réclame évidemment de la ”démocratie”, comme le faisaient les soviétiques) c’est le ”populisme”, le peuple autochtone, dont la représentation symbolique (plus que politique) est le Front national.
Pour les idéologues de gauche, inspirés par le trotskisme bourgeois du think tank Terra Nova, les ”classes dangereuses”, ce sont les masses des électeurs FN et de la ”Manif pour Tous” qui a marqué les esprits et fut sévèrement réprimée par la police. Ce ne sont pas les banlieues islamisées et violentes qui effraient mais ces petits Blancs de la France périphérique qui osent faire de la résistance par leur vote silencieux. Le peuple de souche des classes populaires est placé sous la surveillance attentive de l’oligarchie et de ses alliés objectifs. Vous devinez lesquels.
Un vote FN symbolique et insurrectionnel
La carte des scores électoraux FN au premier tour des régionales regroupe à peu près exactement celle des zones à forte présence d’immigration afro-maghrébine et d’islamisation. Fait sociologique incontournable. La motivation du vote massif FN de la part de nouveaux électeurs n’est ni celle d’un vote protestataire ni celle d’un vote d’adhésion mais, entre les deux, celle d’un vote insurrectionnel.
Le programme économique du FN que j’ai souvent critiqué (voir autres articles de ce blog) importe assez peu pour ses électeurs. Même ceux qui sont libéraux passent l’éponge et votent FN, un peu à l’aveugle, pour ”essayer autre chose”. Immigration et islamisation non maîtrisées, délinquance explosive, justice anti répressive, Éducation nationale déliquescente, sont les principales raisons du vote FN. La question de la résorption du chômage vient, contrairement aux discours des politologues télévisuels, en second lieu.
Cela dit, la position brutale du FN pour l’abandon de l’Euro, très irréfléchie, lui a probablement fait perdre plusieurs points dans ses scores électoraux. La direction du FN a très médiocrement piloté son programme économique et social, ce qui lui a fait perdre – et empêché de capter – plus de voix qu’elle n’en a gagnées. C’est la faiblesse majeure du FN. Ses solutions en matière économique sont superficielles, amateuristes et déconnectées de la réalité. Elles constituent un verrou. Elles sont sans originalité, banalement alignées sur la politique pratiquée depuis des décennies par les gestionnaires d’un État Providence en faillite. Manque d’audace et de talent. Dommage : gros handicap pour le FN.
Les propos racistes anti Blancs (et ethnomasochistes) de M. Claude Bartolone à l’encontre de Valérie Pécresse, accusée d’être la candidate de la « race blanche », ont probablement abouti non pas à faire voter pour lui des abstentionnistes ”Beurs–Blacks” du 93 comme il l’espérait, mais à accentuer un report de voix FN (vote utile) vers son adversaire féminine LR., et à le faire battre. M. Bartolone n’est pas réputé, même au PS, pour être un génie…
La dynamique sociologique du FN
Mais ce nouveau bipartisme est une autoroute pour le Front national. Il apparaît comme la seule force d’alternance à une classe politique droite/gauche qui a échoué dans tous les domaines, dont le bavardage idéologique fut inversement proportionnel aux actes, aux résultats. Il est probable que le FN va continuer de bénéficier de fuites d’eau d’électeurs(–trices), d’élu(e)s et de diverses forces (y compris LR et gauche) qui vont rejoindre ses rangs. Pour des raisons à la fois idéologiques et d’intérêt, sincères et insincères. C’est la nature humaine.
Dans ce contexte, les petits partis souverainistes ou identitaires en orbite autour du FN, qu’ils s’y opposent ou lui fassent du genou, vont très probablement se vider de leur encadrement et le rejoindre.
M. Malek Boutih, député PS de l’Essonne, probablement le plus lucide des élus de gauche sur la situation du pays, auteur d’un rapport percutant sur les banlieues défrancisées et islamisées qui va dans le sens des analyses politiquement incorrectes de l’historien Georges Bensoussan, disait récemment que contre la progression du FN, il fallait en finir avec les incantations sur les ”valeurs” et « passer aux actes ». Passer des mots à l’action. Il a raison. Mais son propos est ambigu. Passer aux actes pour faire régresser le chômage et la paupérisation ? Il faudrait des recettes libérales, à la manière suisse ou anglaise. Impensable pour le logiciel socialiste. Passer aux actes pour limiter l’immigration, la criminalité, l’islamisation, racines du vote FN ? Là, il faudrait se tourner vers une solution à la japonaise. Impensable pour le logiciel socialiste. Ou bien passer aux actes pour promouvoir une ”identité heureuse” à la Juppé, un ”vivre ensemble” des intellos germanopratins, un ”islam des Lumières” ? On nage dans le rêve et c’est l’impasse.
Le premier parti de France ne dirige aucune région ou département, peu de communes et se trouve quasi absent de l’Assemblée et du Sénat. Néanmoins il a obtenu 358 conseillers régionaux. Cette frustration des électeurs FN et des abstentionnistes favorables au FN va probablement renforcer à l’avenir son implantation. Surtout si – ce qui est prévisible – de nouveaux attentats islamiques ont lieu, si les problèmes divers liés à l’immigration incontrôlée et à la criminalité s’accentuent, ce qui est inévitable.
Le spectre de la guerre civile
M. Valls, dans son syndrome colérique permanent, a déclaré que le FN était « raciste et antisémite ». Antisémite ? Qui est antisémite en France, qui menace et qui tue les Juifs ? Le FN ? Les cathos de la Manif pour Tous ? Non. Des gens issus de cette immigration musulmane que chérit le pouvoir socialiste et ses alliés trotskistes ”antisionistes” –concept euphémique. La pensée de gauche est à la fois obsolète et perverse.
Manuel Valls, Premier ministre irresponsable qui aime à rabâcher en boucle qu’il ”prend ses responsabilités”, a affirmé aussi que le Front national portait en lui « les germes de la guerre civile ». Les massacres du 13 novembre ont-ils été commis par des adhérents du FN ? Guillaume Tabard écrit à ce propos : « parler de ”guerre civile” recèle un autre danger. Celui de ce qu’on appelle la prophétie autoréalisatrice. À savoir, provoquer dans les faits ce qu’on annonce dans les mots. […] Prédire la ”guerre civile” n’est-ce pas en partie la susciter ? » (Le Figaro, 12–13/12/ 2015). La guerre civile en France et en Europe aura lieu. D’ailleurs, elle a déjà commencé, en basse intensité, puisque l’ ”état d’urgence ” est décrété. Son spectre hante les discours. La responsabilité d’une éventuelle guerre civile revient entièrement aux gouvernants qui depuis les années 70 ont ouvert les frontières à une immigration massive inassimilable d’origine majoritairement musulmane.
Les attentats de janvier et de novembre 2015 ont eu un effet de radicalisation et de mimétisme auprès des musulmans de France, essentiellement les jeunes et les mineurs. On note un accroissement majeur des apologies du terrorisme, des agressions physiques anti françaises, des dégradations de lieux de cultes chrétiens et juifs. Les origines des auteurs sont parfaitement connues et pudiquement tues. « Les attentats de janvier et novembre ont déclenché une vague de délinquance qui révèle les fractures de la société française », titrait Le Figaro (16/12/2015). Il s’agit plus que de ”fractures”, selon le jargon politico journalistique, mais d’une faille tellurique majeure entre deux ”nations” au sein même de la France.
Une surenchère terroriste islamique est à prévoir sur le territoire français – comme en Belgique – mélangée à des émeutes ethniques bien plus graves que celles de 2005. Pour la première fois, comme je l’avais prévu, un parti ethnique musulman est apparu. L’Union des démocrates musulmans (UDM) en Seine–Saint–Denis et dans les Yvelines a constitué sa liste et a obtenu 5,90% des voix à Mantes–la–Jolie, en sachant que les immigrés boudent massivement les urnes. Pour combien de temps ? Il va y avoir du sport et le FN sera en première ligne. En sera–t–il capable ? Sinon d’autres solutions devront être froidement envisagées qui ne seront pas des plaisanteries.
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