Après avoir laissé entendre qu’il pourrait durer aussi longtemps que la menace de l’État islamique, Valls a tenu à préciser que l’état d’urgence serait nécessairement « borné ». Venant de lui… pourtant, il peine à convaincre.
On appelle ça un ballon d’essai. Lors d’une interview à la BBC, Valls a répondu « Jusqu’à ce qu’on puisse, évidemment, en finir avec Daech » à la journaliste qui lui demandait si l’état d’urgence pouvait durer « éternellement ». Si le propos n’avait pas suscité trop de réactions, il aurait tenté de pousser le bouchon un peu plus loin…
Heureusement, c’est une levée de boucliers qui a accueilli les propos du Premier ministre, l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot y voyant par exemple « la fin de l’état de droit ». Il faut dire que l’inscription de ce régime exceptionnel dans la Constitution et sa prolongation programmée suscitent bien des craintes, alors que le pouvoir est aux abois et pourrait être tenté de détourner les pouvoirs qu’il lui donne pour défendre l’ordre « républicain » (c’est-à-dire leurs intérêts politiciens et leur idéologie, par opposition à la démocratie, terme qu’ils n’emploient plus, et pas par hasard).
Aussi, alors le « président » Hollande a officialisé sa volonté de prolonger jusqu’à fin mai l’état d’urgence instauré en France, Valls a tenu à préciser qu’il restera un « régime d’exception » qui sera « nécessairement borné dans le temps ». Il a aussi soutenu l’amendement consistant à mettre dans la Constitution le contrôle parlementaire de l’application de l’état d’urgence.
Pour autant, le Premier ministre a pris soin de ne prendre aucun engagement quant à la durée dudit état d’exception, se laissant une grande porte ouverte en déclarant que « Personne ne peut préjuger des événements à venir et nous voyons bien l’état de la menace avec la diffusion de la vidéo de l’État islamique, de Daech. » Il s’est aussi montré plus que réservé sur l’éventuelle interdiction, dans la Constitution, de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République pendant l’état d’urgence. Donc selon lui, l’assemblée pourrait contrôler l’application de l’état d’urgence… sous la menace d’une éventuelle dissolution. Visiblement, Valls pense à l’avenir et à se laisser les mains aussi libres que possible… Déjà que comme Premier ministre, il fait frémir, comme président de a République…
C.D.