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Gribouille se jetait à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie. Hollande et Merkel, nos Gribouille, ont poussé l’Union européenne à se livrer à la Turquie musulmane pour éviter d’être envahie par des « migrants » musulmans. C’est ce qui vient de se décider au sommet européen, en présence du Premier ministre turc ; on discutera des détails et des modalités pendant quelques jours encore, mais le principe est acquis.
Ankara gardera les candidats au départ vers l’Europe chez elle et acceptera même le retour de ceux dont nous ne voulons pas, en échange de six milliards d’euros. En novembre dernier, il n’était question que de la moitié. Mais, depuis, la Turquie a fait monter les enchères. Elle aurait tort, de son point de vue, de ne pas profiter de la situation : l’UE est aux abois, prête à se soumettre aux exigences de ceux auxquels elle a remis son sort. Mais ce volet financier n’est pas le pire ! La Turquie entend que ses ressortissants soient dispensés de visa pour pénétrer dans l’espace européen et ce dès le 1er juin, et que les négociations en vue de son adhésion à l’UE reprennent. « Nous voulons que cinq chapitres de négociations soient ouverts aussi vite que possible », a exigé le chef du gouvernement turc, Ahmet Davutoglu. Il dit « nous voulons » et l’Europe s’incline.
L’Allemagne et la France, entre autres, étaient hostiles, jusqu’ici, à faire de ce pays à 85 % musulman le 29e membre de l’Union, pas seulement pour cette raison culturelle, mais aussi parce que plus il y a d’adhérents, moins elle est gouvernable. Et puis, les droits de l’homme n’y sont pas respectés. Ils ne le sont toujours pas, le gouvernement vient d’interdire un journal de l’opposition. Peu importe ! Aujourd’hui, foin de ces considérations, devant l’urgence, les dirigeants européens cèdent sur tout, ou presque, pour arrêter ces millions d’individus qui se pressent à nos frontières.
Faire appel à la Turquie scelle l’impuissance de l’Europe face à une situation dont elle est responsable. Elle a décrété la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace Schengen sans avoir rendu ses frontières hermétiques. Puis Mme Merkel a crié « bienvenue ! » à tous ceux qui voulaient venir, ils sont venus et ils continuent. On ne sait qu’en faire ! Il était question de les répartir : sur les 160 000 prévus, il y a six mois, il n’y en a que mille qui ont été acceptés ailleurs. Les pays de l’Est étant les plus réticents, ce sont eux aussi qui ont bataillé pour que l’on ne cède pas tout à la Turquie.
La route des Balkans étant fermée, les « réfugiés » s’entassent dans des conditions épouvantables en Grèce devenue cul-de-sac. Alors que, dès novembre, Erdogan s’était engagé à empêcher l’embarquement pour les îles grecques, 15 000 à 20 000 candidats à l’exil continuent d’y arriver chaque semaine depuis les côtes turques. Bruxelles n’a pourtant déboursé pour Athènes que 380 millions, alors qu’elle est prête à donner six milliards à Ankara, qui ne fait pas (encore) partie de l’UE ! Dès le 1er juin, les 75 millions de citoyens turcs pourront librement venir chez nous, sans visa. Ils ne s’en priveront pas. Ce ne sera pas le remplacement de musulmans par d’autres : ils s’ajouteront à ceux que nous avons déjà.
Guy Rouvrais