L'élue écologiste Sarah Turine, islamologue de formation, déclarait dansLibération, dimanche 20 mars : « Salah Abdeslam n'a pas de soutien de la communauté de Molenbeek ». Pour Gilles-William Goldnadel, un tel aveuglement est coupable. Il a évidemment raison. [Figarovox - 22.03]LFAR
Ne sentez-vous pas dans l'air, ce parfum capiteux de capitulation qui s'insinue, nonobstant l'air du temps, dans toutes les sphères ?
Mme El Khomri a vidé sa loi de toute sa substance, en y ajoutant pour les jeunes une vaine assistance. Et pourtant, on avait connu les troupes de Martine, Martinet et Martinez autrement plus nombreuses.
En revanche, il y a peu de risque de modification de l'article 6 de la loi, qui prévoit que dans l'entreprise « la liberté du salarié de manifester ses convictions y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions…». Apparemment, le fait de glisser délicatement un tapis de prière sous le pied des islamistes ne dérange plus personne. Vous ne sentez rien ?
François Hollande a choisi le jour de la défaite et des accords violés pour commémorer la guerre d'Algérie. Manifestement, la tristesse des harkis et des rapatriés pèsent moins lourd dans la balance politique et idéologique que le ressentiment entretenu d'une Algérie à la dérive.
Dans le même temps, l'Europe a accepté de payer une capitation au sultan ottoman pour la reprise sur son sol de milliers de migrants, principalement musulmans, échoués sur les côtes grecques.
Le sultan a beau être mal aimable et versatile, bref n'inspirer aucune confiance, il a beau nourrir, en bon frère musulman, le désir contraire de voir islamiser l'Europe, rien n'y fait.
Tout est mieux que de devoir assumer soi-même la défense de ses frontières.
Vous ne sentez rien ?
Pourtant, notre Commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, impavide, préfère morigéner dans Le Figaro (le 17 mars) : « l'Europe rabougrie, peureuse et cloisonnée des populistes » et y opposer : « une Europe progressiste et pleinement assumée, comme les sociaux-démocrates réunis à Paris samedi autour de François Hollande ont commencé à le faire »…
C'est vrai qu'avec des hommes d'une telle trempe et d'une telle vision, les peureux rabougris se sentent rassurés.
Comme on se sent rassuré de savoir que le pouvoir socialiste et sa mairie de Paris ne capituleront jamais devant ces jusqu'au-boutistes du XVIème qui refusent de voir installer un camp de migrants à l'intérieur du bois de Boulogne. Mme Cosse, au micro de France Inter (le 17 mars) ne décolérait pas de voir des salauds de riches se prendre pour des zadistes devant le préfet de police. Bien sûr, pour la bonne cause, notre gracieuse ministre a dû prendre quelques libertés avec la vérité pour prétendre, contre l'évidence, qu'on n'installerait que de braves SDF sous les feuillus. Ou que la concertation avait joué puisque le permis de construire « datait de trois ans »… alors qu'il n'avait pas trois jours. Bien sûr encore, telle une féministe gauchiste à Cologne, l'ancienne patronne démissionnée des Verts a-t-elle dû, une nouvelle fois, trahir ses idées écologiques en oubliant qu'on avait déjà arraché 75 arbres pour mener à bien le projet punitif. Et peu importe que les gens du quartier - et leur maire Goasguen - demandent simplement que le centre soit installé dans un meilleur endroit du 16e.
Le pouvoir, avec eux, ne capitulera pas…
Pas de quoi non plus tellement pavoiser après l'arrestation de M. Abdeslam.
Je ne sais si Alain Marsaud, député républicain et ancien responsable du parquet antiterroriste, a raison de pointer l'inefficacité et la lenteur de la police belge et de ses services de renseignements dans l'arrestation d'un terroriste qui planquait sa barbe sous leur nez. Ce que je sais, c'est que le gros poisson a vécu longtemps paisiblement dans l'eau de Molenbeek. Ce que je sais c'est que la Belgique, qui a brutalement fermé ses frontières il y a quelques semaines, c'était encore hier la France xénophile, en pire. Je conseille à celui qui s'agace devant certains éditoriaux de notre vespéral parisien de lire le Soir de Bruxelles. Je conseille également à celui qui s'énerve devant le monolithisme latéral de l'audiovisuel de service public français de regarder la RTBF. La dernière fois que j'ai tenté douloureusement cette expérience masochiste, un islamiste expliquait gentiment à son intervieweuse qu'il espérait voir prochainement la charia appliquée en Belgique. À aucun moment la dame ne l'a interrompu ni ne s'est étonnée. Le propos semblait relever de la banalité. Ce que je sais encore, c'est que pendant la capture de ce poisson, dont on ne sait encore si il est pilote ou poltron, les policiers belges ont été insultés ou caillassés. Mais dès le lendemain, l'air de la stigmatisation était redevenu un refrain à la mode et un article de Libétitrait joyeusement, contre l'évidence aveuglante, qu'à en croire une élue écolo du cru : « Salah Abdeslam n'a pas de soutien à Molenbeek ». Vous ne sentez pas l'odeur de poisson de la capitulation des esprits ?
Pendant qu'à Calais tout opposant, fût-il général, à l'immigration clandestine est promis à l'emprisonnement, le préfet de Paris autorisait samedi, malgré l'état d'urgence, une manifestation organisée notamment par le collectif des sans-papiers (dépêche AFP). Les manifestants pouvaient, eux, librement stigmatiser les violences policières, les frontières qui tuent, et appeler en passant « au boycott d'Israël ». Ce qui est paraît-il un délit. Vous ne sentez vraiment rien ?
À la télévision, le même soir, sur la seconde chaîne nationale, on vantait l'initiative antiraciste de l'association « tous unis contre la haine » qui se propose de lutter contre « l'islamophobie » et, de manière très légitime, contre les actes anti musulmans. Des images de fiction montraient, pour les stigmatiser, des agressions violentes. Mais la bande-son, insidieusement, faisait parler des Français de souche qui disaient leur peur de l'islamisation de leur pays. Cet amalgame-là ne semble gêner personne. Ceux qui veulent résister résolument contre l'immigration islamique forcée sont forcément des anti-immigrés, islamophobes et d'extrême droite.
Il est, par ailleurs, étrange de se prétendre « tous unis contre le racisme » et oublier le racisme anti-blanc et anti-chrétien, vecteur principal de la haine islamiste.
Malgré la résistance passive du peuple, moi je sens que la capitulation médiatique et politique se poursuit activement.
Et vous ? •
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.