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Gauche, la farce tranquille

Coups de communication ratés et séances endogames d’autosatisfaction sont les derniers pétards mouillés que lance la gauche pour tenter de masquer ses échecs et ses renoncements. En panne de projet, en berne de bilan, elle fait néanmoins tout pour s’accrocher au pouvoir.

Hé ho, la gauche, en marche vers une belle alliance populaire et prête à une nuit debout dans une France qui va mieux ? La gauche n'a tellement rien à dire sur son bilan ou sur son projet qu'elle en est réduite aux artifices de communication pour faire parler d'elle. Et même là, le résultat est pathétique. Le Séguéla de « la force tranquille » a été remplacé par un stagiaire en agence de comm' qui ânonne « hé ho, la gauche » ou pour un énigmatique « BAP », à défaut d'avoir le bac. Il faut dire qu'entre vendre le candidat Mitterrand et fourguer le bilan du président Hollande, le défi n'est pas le même... Avec 16 % des Français pour lui faire encore confiance, celui qui se verrait bien président cinq ans de plus part de loin. Alors le pouvoir multiplie les initiatives pour tenter de rameuter le peuple de gauche.

Il aurait donc dû se retrouver dans la « Belle Alliance populaire » (BAP) lancée le 13 avril dernier par Jean-Christophe Cambadélis et Julien Dray. En fait de peuple, une poignée d'élus PS ou de partis satellites et d'alibis de la "société civile", se battaient les flancs à tenter de convaincre les journalistes, plus nombreux que les participants, qu'avec la BAP, la gauche réformiste était en marche... comme Macron ? Tant les discours à base de « démarche innovante » que les gadgets distribués fleuraient bon la comm' politique à la papa et l'entre-soi. Pas un mot bien sûr sur le chômage, la dette, l'immigration, le terrorisme, la loi travail...

En flagrant déni de réalité

Les sujets qui fâchent, c'est Hollande en personne qui les a abordés lors de sa prestation surréaliste sur France 2 le lendemain. C'est là que le chef de l'Etat a lancé son nouveau mantra, « ça va mieux », qu'il ronronne depuis, dès que

l'occasion se présente, indifférent à la consternation (colère ou mépris) que suscite ce flagrant déni de réalité. Il remettra ça au théâtre du Rond-Point, le 3 mai, transformant un colloque sur « la gauche et le pouvoir » en meeting électoral. Impudence ou inconscience ? Il a osé (c'est à ça qu'on les reconnaît...) y affirmer : « Le premier devoir d'un responsable est de respecter ses promesses et je suis prêt à cet exercice »...

Et comme si cela ne suffisait pas, nous avons eu droit à un séminaire de remotivation pour VRP, avec le meeting « Hé ho, la gauche ». Là encore, la consanguinité des apparatchiks le disputait à la méthode Coué, les orateurs, essentiellement des membres du gouvernement essayant de convaincre quelques poignées de militants rameutes là pour faire la claque : tout « va mieux »... En évitant bien sûr de parler de déchéance de nationalité, d'état d'urgence prolongé, de Macron et de son faux nez El Khomri ou d'autres sujets délicats pour les partisans du PS.

Pourtant, le slogan abondamment raillé de ce meeting n'était pas si mal trouvé. Hé ho, la gauche... où es-tu ? Pas dans le parti : alors que Cambadélis affirme encore qu'il tiendra l'objectif des 500 000 membres au PS en 2017, le nombre d'adhésions ne cesse de chuter pour plafonner à 100 000 selon le parti et 60 à 80 000 selon les estimations indépendantes, un chiffre proche des 50 000 membres du FN et loin des 238 000 encartés LR.

La gauche alternative n'est pas une alternative

Hé ho... Où sont les idées ou les réformes de gauche ? Le mariage « pour tous » et le laxisme judiciaire de Taubira ont servi de marqueurs de gauche : le libertarisme se porte bien, merci. Le matraquage fiscal des classes moyennes et supérieures, l'empilement de lois incohérentes qui corsètent les entreprises sous prétexte de lutter contre le chômage ou les emplois aidés qui creusent les déficits au même motif, tout cela est bel et bien de gauche, mais cela ne fait pas vibrer les foules, d'autant que la fameuse courbe refuse de plier, encore moins de s'inverser.

Mais l'inflation de mesures liberticides sous prétexte d'antiterrorisme, l'état d'urgence permanent, ça ne sonne pas tellement de gauche. L'atlantisme à tout crin et la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, non plus. Les mesures sociales dictées par Bruxelles et passées en force à coups de 49-3, comme les lois Macron et El Khomri, fleurent bon le libéralisme. Les syndicats, les députés PS « frondeurs », le Front de gauche et autres groupes gauchistes noctambules parisiens ne s'y trompent d'ailleurs pas.

Hé ho, alors c'est eux, la gauche 7 Entre les frondeurs qui frondent, mais qui plient à chaque fois (ils n'ont finalement pas déposé de motion de censure après l'affront du 49-3 « El Khomri »), le Front dé Gauche, ultime faux-nez du PCF et de ses compagnons de route, les syndicats qui ne défendent que les privilèges de leurs membres, oui, c'est un peu tout ce qui reste « de gauche » à gauche.

Parce que le PS et ses satellites qui ont adopté l'idéologie libérale, libertaire et antinationale ne se soucient plus depuis longtemps de défendre ni le peuple, remplacé dans leur cœur par l'immigré, ni leur pays, sacrifié sans remords sur l'autel de Bruxelles. Quant aux noceurs gauchistes de Nuit Debout, ils n'ont de gauche que le goût du verbiage idéologique, de l'entre-soi... et la complaisance des médias. Un peu court pour construire une alternative.

Richard Dalleau monde&vie 20 mai 2016

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