Cette fois encore, les gros médias, évoquant l’abominable tuerie de Magnanville, nous auront resservi leur scénario préféré : celui du fameux « loup solitaire » – pardon pour les loups ! – agissant seul et sans véritable consigne en provenance de l’étranger.
Une version qui présente l’avantage de rassurer dans les chaumières et, surtout, de cacher aux Français le péril qui les menace. Sauf que, l’enquête avançant, les interpellations se multiplient, et l’on « découvre » une fois de plus que, derrière le « déséquilibré » Abballa, se cachait évidemment un « agent dormant » de l’Etat islamique.
Dès le lendemain du massacre, deux proches d’Abballa, Saâd Rajraji et Charaf-Din Aberouz, tous deux connus de l’antiterrorisme français, étaient ainsi placés en garde à vue. Soupçonnés d’avoir apporté une aide logistique au djihadiste, ils ont depuis été mis en examen et placés en détention provisoire. Mardi, ce sont trois autres vieilles connaissances d’Abballa, soupçonnées elles d’avoir effectué des repérages visant les victimes, qui devaient être à leur tour interpellées aux Mureaux et à Mantes-la-Jolie. Après perquisition, l’un de ces trois islamistes devait finalement être relâché au motif qu’« il n’y a pas de charges retenues à ce stade contre lui ». Lui qui, au passage, a été condamné en 2007 à huit ans de prison pour terrorisme, déchu de sa nationalité française en octobre dernier, mais bénéficie néanmoins d’un titre de séjour provisoire !
Rajraji et Clain se seraient ainsi rencontrés alors qu’ils étaient tous deux incarcérés à la prison de Fresnes. Clain purgeant alors une peine de cinq ans pour avoir mis sur pied une filière d’envoi de djihadistes vers l’Irak. Rajraji, pour avoir pris part à une filière d’acheminement en zone pakistano-afghane, notamment aux côtés d’Abballa et de Charaf-Din Aberouz.
Reste une question en suspens : combien de djihadistes « en sommeil » notre pays abrite-t-il au juste ?
Article paru dans Présent daté du 23 juin 2016