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Najat Valaud-Belkacem rallume la guerre scolaire

Le ministre de l'Éducation dite nationale, Najat Valaud-Belkacem, rallume la guerre scolaire, en s'en prenant, cette fois, aux écoles hors contrat et à l'éducation à domicile : les établissements hors contrat devraient, dès la rentrée 2017, être soumis à un régime d'autorisation préalable d'ouverture, et non plus à un simple signalement aux autorités après ouverture ; quant à l'enseignement à domicile, il serait plus étroitement contrôlé, les parents pouvant être soumis à des contrôles écrits ou oraux de la part des rectorats.

Pour le ministre, il s' agit officiellement d'empêcher que ces formes d'enseignement soient l'occasion d'un « repli communautaire » et favorisent la radicalisation des jeunes de religion islamique. Mais la vérité est que le gouvernement, ayant vu d'un bien mauvais œil la progression de l'éducation à domicile depuis 2014, date de l'introduction de la théorie du genre à l'école (de 19 000 enfants à 25 000 actuellement !), veut relancer le combat laïciste et reprendre en mains tous les enfants français. II s'agit donc d'une mesure éminemment liberticide que la dame ministre entend imposer par ordonnances afin d'aller vite et d'esquiver tout débat parlementaire.

Les parents sont donc réellement agressés et dresseront sans doute une levée de boucliers qui ne manquera pas de faire du bruit. Ils ne se laisseront pas déposséder de leurs droits et de leurs devoirs concernant leurs enfants, dont ils sont, par nature, responsables devant Dieu et devant les hommes. L'on risque fort de voir réapparaître le climat irrespirable des années 1981 à 1984. La république a besoin de se retremper périodiquement dans ses sources terroristes...

Rapt d’enfants

Les socialistes n'ont rien appris ni rien oublié depuis le fameux plan dit Lange-vin-Wallon de 1947. Ce texte d'inspiration communiste était très clair : « Ce sont, les services dépendant du ministère de l'Éducation nationale qui ont en charge les responsabilités de l'enseignement et de l’éducation à tous les niveaux et sous tous les aspects... C'est à l'Éducation nationale qu'incombe la mission de l'éducation pour tous les enfants. »

Voilà pourquoi la république socialo-communiste doit être considérée comme une vaste entreprise de rapt d'enfants !

Tapis dans l'ombre et piaffant de n'être pas encore au pouvoir, les socialistes ont fortement influencé la politique scolaire sous la IVe république et au début de la V. Ils étaient déjà dans la place au ministère de la rue de Grenelle, et les ministres fantoches, prétendus de droite, ne manifestaient aucune volonté d'échapper à leur influence, si bien que la loi Debré du 31 décembre 1959, établissant un semblant de paix scolaire par le régime des contrats, s'en ressentit : Charles De Gaulle avait trop besoin du soutien de la gauche pour perpétrer son mauvais coup contre l'Algérie française...

Mais les socialistes, sentant que le pouvoir allait un jour tomber dans leurs mains comme un fruit mûr, multipliaient alors les textes annonçant leur volonté de rallumer la guerre scolaire. Dans le Plan socialiste de l'Éducation, Louis Mexandeau, futur ministre des PTT de François Mitterrand, disait vouloir utiliser le système éducatif « pour la stratégie de rupture avec le capitalisme », afin qu'il soit « un lieu privilégié  d'apprentissage de la démocratie autogestionnaire », une « école de front de classe », un « facteur d'émancipation et de contestation » et, comme tel, « se trouvant en convergence avec la classe révolutionnaire antagoniste de la classe dirigeante, [il sera] l'un des terrains et l'un des enjeux de la lutte des classes. » Et il ajoutait : « les socialistes refusent un dualisme scolaire qui consacrerait l'installation permanente de deux systèmes parallèles et concurrents, tous deux financés par l'État. » C'était très clair : on pouvait deviner à quelle sauce allaient être mangés les enfants français, avant même l'âge de six ans, sacrifiés sur l'autel de l'idéologie officielle.

Les socialistes fauteurs de guerres scolaires

L'on vit dès l'arrivée à l'Elysée de François Mitterrand en 1981 que les socialistes étaient bien décidés à appliquer leur programme d'assassinat de l'école libre. Ils rallumèrent sciemment, et farouchement, la guerre scolaire, sans même venir offrir à leurs adversaires l'honneur de tirer les premiers.

Le parti socialiste était, et est toujours, un parti essentiellement et intrinsèquement éducateur. Il agit et agira toujours au nom d'une vision de l'homme et visera toujours à une refonte de l'homme et de la société. Pour réussir, il importe moins à ce parti de résoudre la crise économique, ou le problème du chômage, que d'amener les Français à se débarrasser de l'idée même d'un destin personnel, d'un salut personnel, d'une finalité que chacun accomplit au sein de sa famille, de sa profession, d'une responsabilité propre à chacun. Le socialisme réduit l'homme à sa seule fonction sociale, à sa seule dimension économique, il supprime tout ce qui relie l'homme personnellement à quelque chose de plus haut que l'organisation rationnelle et égalitaire des biens d'ici-bas. Quiconque refuse de se laisser ainsi réduire est un ennemi de classe, un bourgeois...

Pour changer la société, il faut changer la mentalité du peuple. Il faut donc s'emparer de tout ce qui touche à la culture et mettre l'enseignement, depuis la maternelle jusqu'au supérieur, sous la dépendance du pouvoir de l'État. Si le quinquennat de François Hollande fut minable sur le plan économique et social, il aura quand même bien mérité du parti socialiste, car il aura réussi, semble-t-il, à changer les mentalités sur le mariage homosexuel, sur le divorce, sur l'école et sur mille choses qui tournent le dos à l'ordre naturel.

Les grands ancêtres contre la famille

Les grands ancêtres des socialistes d'aujourd'hui sont en fait les "philosophes" du XVIIIe siècle. Pour eux, il n'existait plus que l'individu seul, détaché de tout ce qui le caractérise : sa famille, son passé, sa région, son métier, sa religion. Cet individualisme forcené se dressait contre la tradition, contre le catholicisme, contre l'autorité, et même contre l'Histoire. On imaginait déjà la destruction de tous les organismes naturels - corporations, provinces, paroisses, religion - qui avaient toujours encadré l'homme et soutenu les individus ; de telles théories n'accordaient évidemment que très peu de place à la famille et au rôle de celle-ci dans la transmission des mœurs. Puisque tous les citoyens doivent se ressembler, libres et égaux, puisqu'il s'agit de les "libérer" des traditions qui créent entre eux des différences, mieux vaut que l'éducation soit confiée à l'État...

C'est ainsi que ce siècle prétendu libérateur fut celui de l'exaltation de l'étatisme. Le rêve des philosophes était le « despotisme éclairé » et un Denis Diderot (1713-1784) écrivait à l'impératrice Catherine de Russie qu'elle devait se réserver le contrôle total de l'instruction publique. L'État devait en quelque sorte devenir directeur de conscience.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) alla plus loin encore : il s'agissait de débarrasser l'individu de ses contrefaçons de civilisé. L'homme est né bon ; s'il y a des coquins, c'est parce que la civilisation, développant la propriété, donc l’égoïsme et les inégalités, a corrompu cet homme bon. Il faut donc régénérer l'individu, l'obliger à briser ses chaînes et remettre à l'État le soin de définir et de promouvoir la liberté. L'éducation aura pour but principal de développer la vertu chez l'enfant - entendez l'état de nature - et l'on trouve sous la plume de Jean-Jacques dans l’Encyclopédie : « On doit d'autant moins abandonner aux préjugés des pères l'éducation de leurs enfants qu'elle importe à l’État plus qu'aux pères. L'Éducation publique, sous les règles prescrites par le gouvernement et sous les magistrats établis par le souverain est donc une des maximes fondamentales du gouvernement légitime et populaire. »

La croyance en un individu libre, partout égal à lui-même, ne devant rien ni à Dieu ni à la société, s'érigea vite en dogme qu'il fallait répandre comme on propage... une religion ! Et cette religion allait avoir ses dogmes définis et surveillées par une espèce de haute autorité agissant comme un clergé. Ce fut la franc-maçonnerie qui s'y employa dès la seconde partie du siècle, se posant comme le véritable pouvoir culturel, organisant ses universités et ses sociétés de conférences où, évidemment, étaient débattues les questions relatives à l'éducation.

Puis, après 1789, vint le temps des discours grandiloquents. Sous la Constituante et sous la Législative, l'enseignement fut totalement désorganisé. Arriva alors la Convention qui créa un comité de vingt-quatre membres pour s'atteler à une « tâche éducative » : en firent partie des ennemis de la religion comme le chimiste Antoine-François Fourcroy (1755-1809) qui rêvait de réaliser le vœu de Voltaire « d'écraser l'Infâme », ou Anacharsis Cloots (1755-1794), un Prussien qui se déclarait « l'ennemi personnel de Jésus-Christ », ce qui n'était pas se prendre pour n'importe qui et qui ne l'empêcha pas de passer à la guillotine ! On entendit aussi cette phrase "inspirée" de Rabaut-Saint-Etienne (1743-1793), ce pasteur nîmois qui avait été l'un des principaux rédacteurs de la Déclaration des Droits de l'Homme : « L'enfant qui n'est pas encore né appartient déjà à la Patrie » (sic).

Robespierre eut aussi des idées sur le sujet : « Les enfants sont la propriété de l'Etat, les parents n'en sont que les dépositaires. » (sic) Et de préconiser de mettre tous les enfants à l'école de l'État de cinq à quinze ans pour les garçons, de cinq à onze ans pour les filles. Mais l'œuvre éducative de la Convention fut lamentable et bien vite instituteur fut synonyme d'ivrogne, car on en trouvait rarement qui sussent lire.

Les conventionnels affirmaient que l'enseignement était libre en France, mais la guillotine était là pour expliquer comment cela devait s'entendre. Dame Valaud-Belkacem ose, comme eux, déclarer que ses mesures contre l'école hors contrat et contre l'école à domicile respectent la liberté d'enseignement. Le mensonge est, cette fois, beaucoup trop gros pour dissuader les familles de se mobiliser...

Michel Fromentoux Rivarol du 16 juin 2016

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