Ce n’est pas une surprise totale, le libéral-souverainiste Nigel Farage, cofondateur il y a 23 ans, dans la foulée du traité de Maastricht, du Parti pour l’Indépendance du Royaume Uni (UKIP), a annoncé hier qu’il prenait de nouveau du recul avec la vie politique. Il avait déjà démissionné par deux fois, en 2009 puis en 2015, de la présidence du parti avant de s’impliquer très activement en faveur du Brexit. « Pendant la campagne du référendum, j’ai déclaré que je voulais récupérer mon pays. Maintenant, je dis que je veux récupérer ma vie (…). Je vais continuer à soutenir le parti, à soutenir son nouveau leader, je vais observer de très près le processus de négociation à Bruxelles et intervenir de temps en temps au Parlement européen » a t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Londres. Qualifié par David Cameron en 2006, de rassemblement de « barjos, de cinglés et de racistes », l’UKIP de M. Farage refusa toute alliance formelle avec le FN au Parlement européen. Celui-ci expliquait lors des élections européennes de 2014 pour motiver son refus que le mouvement de Marine Le Pen était une formation « de gauche dure » (« hard left ») qui aurait de « l’antisémitisme » dans son « ADN ». Plus pondéré dans son langage, moins extrémiste dans ses accusations infondées, Nigel Farage avait ensuite affirmé qu’il « ne(voulait pas être) impoli envers Marine Le Pen, ce n’est pas nécessaire, mais (qu’il ne pensait pas ) que son parti (le FN, NDLR) fasse partie de (sa) famille politique ». Reste que UKIP, et c’est finalement peut être l’essentiel, a joué un rôle déterminant dans la victoire du Brexit qui a été aussi très largement, et cela M. Farage l’a très vite compris lors de cette campagne, une révolte des catégories populaires contre l’immigration-invasion. Reste à savoir maintenant si un Royaume-Uni pleinement souverain aura à sa tête un exécutif désireux si ce n’est d’inverser, du moins de stopper les flux migratoires, sans même préjuger de l’attitude des « élites « et autres oligarques mondialistes qui peuvent avoir la tentation de s’asseoir sur le résultat du vote des Britanniques.
Britanniques qui constatent comme tout à chacun que les Européens en particulier, et le monde en général, vont vivre longtemps sous la menace du terrorisme, quels que soient les reculs sur le terrain, en Irak, en Syrie, des milices djihadistes de l’Etat islamique (EI). Vendredi, un café fréquenté par des étrangers situé dans la capitale du Bangladesh, Dacca, a été la cible d’une attaque terroriste de l’EI qui a causé la mort de 20 personnes. Ces derniers mois dans ce même pays des dizaines d’hindous, de chrétiens, d’athées, d’homosexuels ont été assassinés par des « fous d’allah ». La veille l’EI avait revendiqué en Egypte le nouvel assassinat d’un un prêtre copte, le père Raphaël Moussa, tué par balles dans la localité d’al-Arich (nord de la péninsule du Sinaï).
Dimanche, réplique de l’EI après la perte de Fallouja la semaine précédente, l’explosion d’un camion piégé dans une rue commerçante de Bagdad, très animée en cette période de fin du ramadan, à fait au moins 213 morts, le pire attentat qu’a connu l’Irak ces dernières années. Le nonce apostolique pour la Jordanie et l’Irak, Mgr Alberto Ortega , interrogé sur cet attentat au micro de Radio Vatican, a une nouvelle fois appelé à maintenir le dialogue entre les communautés et dénoncé l’instrumentalisation de la religion mahométane par les terroristes.
Au cœur même de l‘Europe, la création voulue par les Etats-Unis et ses vassaux de l‘UE, imposée par l’intervention de l‘Otan, d’un Kosovo arraché à la Serbie, officiellement indépendant depuis 2008, et totalement islamisé par la fuite des Serbes orthodoxes et l’immigration albanaise, est aussi très problématique. Là aussi, comme en Irak, comme dans les banlieues plurielles des villes européennes, les prosélytes du djihadisme sont à l’oeuvre.
Sur le site réinformation.tv, Patrick Neuville écrivait le 30 juin que le gouvernement du Kosovo, qui défend officiellement un islam modéré, « estime que plus de 300 de ses ressortissants ont voyagé vers le Moyen-Orient pour faire le djihad, faisant de ce pays de moins de deux millions d’habitants (…) le plus gros contributeur, proportionnellement, en combattants islamistes pour l’Etat islamique. La ville de Kacanik a une réputation de « capitale djihadiste des Balkans (…) L’organisation Rinia Islame (jeunesse islamiste, en albanais) association de charité, se charge du recrutement à Kacanik. Rinia Islame n’est qu’une structure parmi des dizaines d’autres financées par l’Arabie saoudite et autres Etats du Golfe persique (…). Les groupes caritatifs , financés par l’Arabie saoudite prospèrent dans les communautés pauvres et rurales délaissées par le gouvernement. Les jeunes hommes y sont des proies faciles pour l’endoctrinement (…). Florim Neziraj, qui dirige l’antenne locale de la communauté islamique, accuse le gouvernement d’avoir trop longtemps négligé le problème : Les radicaux ont pu agir librement pendant trop longtemps. Selon lui, il est peut-être trop tard pour empêcher l’expansion de la radicalisation (…). »
Maurice G. Dantec qui nous a quittés la semaine dernière, victime de ses addictions, « écrivain Cyberpunk » exilé au Canada, célébré en son temps par Libération, mais devenu catholique et réactionnaire (un homme qui aime de Maistre, Bloy, Dostoïevski, Joyce, Lovecraft, Céline et Ellroy ne peut pas être foncièrement mauvais!) avait bien analysé la genèse du problème.
Évoquant alors les horreurs de la guerre lors de l’implosion de la Yougoslavie et l’intervention de l’Otan, Dantec conspuait « cette époque nouvelle qui a décidé d’exterminer les souverainetés historiques au profit d’un morcelage ethnique pacifié, démocratique, poursuivant paradoxalement la politique des génocidaires communistes, avec d’autres moyens, mais des visées assez semblables : extraire les peuples de leurs matrices historiques, les reconfigurer selon des quotas raciaux et linguistiques, les soumettre aux lois de la communauté internationale , leur allouer la liberté d’obéir ou d’être punis. 1984 va très vite ressembler à un épisode de la Petite Maison dans la Prairie.”
Il partageait les craintes de ceux qui pensent que nous serons obligés de vivre dans l’avenir sous la menace constante du terrorisme: « est-ce qu’il y aura d’autres attentats? Encore une fois, je ne suis pas devin, mais c’est évident qu’il y en aura d’autres. Pourquoi en France? Parce que, comme on dit sur le ton de la blague: la France et l’Algérie se sont séparées en 1962, mais c’est la France qui a eu la garde des enfants. Je n’exclus pas non plus cette idée: la France est la fille aînée de l’Église. Ébranler un symbole si fort, qui a longtemps été une réalité vivante, ça paye, stratégiquement (le terrorisme, à la fin, n’est peut-être que l’art de briser les images et de renverser les symboles). Donc, cette communauté arabo-musulmane qui n’est pas entièrement (Dieu soit loué!) pieds et poings liés aux États islamiques ou au califat sunnite est aussi, malheureusement, un vivier potentiel à l’intérieur des frontières françaises ou même canadiennes. C’est-à-dire que même si l’État Islamique est vaincu un jour militairement, politico-militairement – par la seule, la dernière puissance mondiale, la Russie –, je crois que ces réseaux demeureront actifs sur le sol français et sur le sol canadien. »
« Le fanatique ne prend jamais de vacances. Et ce qui est plus grave, c’est qu’il a toujours une descendance. Le monde tel qu’il se dessine en ce début du XXIe siècle est un monde très dangereux, sans doute plus dangereux que le fut le XXe. » Puissent les peuples affirme Bruno Gollnisch, à commencer par le peuple français et ceux de notre continent, se doter des dirigeants capables de répondre et d’anticiper les périls mortels auxquels ils sont confrontés. Puisse la France, comme elle l’a souvent fait tout au long de sa longue histoire, être un exemple et montrer la route à suivre. Idéalement dés 2017.