Chers Amis de Radio-Libertés,
Connaissez-vous Jill Stein ? Gary Johnson ? Non ? Il s’agit pourtant d’autres candidats à la présidentielle de novembre prochain aux États-Unis. Si les Partis républicain et démocrate monopolisent la vie politique et focalisent sur eux l’attention des médiats, d’autres candidats qualifiés de « minoritaires » parviennent parfois à franchir les obstacles législatifs spécialement édictés pour les empêcher de concourir à la Maison Blanche pour des résultats plus que négligeables.
Il est cependant possible que cette année du fait de la grande impopularité respective de Hillary Rodham Clinton et de Donald Trump, ces deux « petits candidats » recueillent un nombre record de suffrages. Candidate en 2012 avec 0,36 %, Jill Stein représente le Parti Vert écologiste. Elle pourrait bénéficier de l’appui des électeurs les plus progressistes de Bernie Sanders qui ne se résignent pas à soutenir l’ancienne First Lady. Les sondages lui accorderaient de 3 à 6 %. Ancien gouverneur républicain entre 1995 et 2003 du Nouveau-Mexique, Gary Johnson défend, lui, les couleurs du Parti libertarien. Déjà candidat pour ce parti quatre ans plus tôt, il avait obtenu 1 %. Oscillant dans les sondages entre 4 et 11 %, Gary Johnson attirerait des républicains très anti-Trump qui détestent tout autant la candidate démocrate. Toutefois, le programme libertarien contrevient aux valeurs profonde de la droite religieuse de la Bible Belt.
Comme pour les mormons, les libertariens sont un pur produit de l’américanisme. Libéraux intégraux, les plus radicaux d’entre eux préconisent la fin de l’État et une société civile contractualisée totale, les libertariens dénoncent l’État-Providence, pourfendent la fiscalité et rejettent l’interventionnisme extérieur. Ils prônent aussi l’abolition des frontières, encouragent l’immigration, défendent le mariage homosexuel, soutiennent la détention et le port d’arme et souhaitent au moins légaliser le cannabis. Un candidat libertarien au Canada fit cette déclaration édifiante : « Je veux que les couples gaymariés puissent défendre leurs plants de marijuana avec leurs fusils. »
La quintessence libertarienne s’exprime dans Le Bon, la Brute et le Truand, le film génial de Sergio Leone en 1966. Mus par l’appât du gain, les trois personnages principaux ne recherchent que leur intérêt personnel et ne se soucient guère du bien commun et ce, en pleine Guerre de Sécession…
Jill Stein et Gary Johnson suscitent une curiosité certaine qui démontre que même au pays du bipartisme rigide, des évolutions politiques sont en cours. Qui des libertariens ou des Verts vaincront la malédiction du tiers parti toujours au final éliminé par les deux grandes formations installées ?
Bonjour chez vous !
Georges Feltin-Tracol
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire » n° 1, diffusée le 16 septembre 2016 sur Radio-Libertés entre 6 h 00 et 9 h 00.