Les périodes électorales sont propices aux repentirs, aux demandes d’excuse et de pardon de la part de ceux qui quémandent les votes de telle ou telle communauté. Samedi, tout à sa campagne visant à se calquer sur les positions du FN, Nicolas Sarkozy, en meeting à Perpignan (Pyrénées-Orientales), a rendu un hommage « aux Harkis » qui eux aussi, avaient « pour ancêtres les Gaulois » et dont « le drame est celui de toute la France (…). Une tâche de sang indélébile reste sur notre drapeau ». « A travers les Harkis, c’est tout notre roman national qui s’écrit : celui des femmes et des hommes du monde entier qui ont adopté la France, ses valeurs, sa Nation. Parmi eux, une place privilégiée est faite aux Français musulmans morts pour notre liberté et notre drapeau ». Un discours précédant celui de François Hollande qui, hier aux Invalides, au cours de la Journée nationale d’hommage aux Harkis, a reconnu officiellement et solennellement pour la première fois « les responsabilités » de la France dans « l’abandon » des Harkis (qui) ne fut jamais pleinement reconnu par la République », « les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France ». Il faut rappeler que cette reconnaissance de cette « vérité implacable » et » cruelle » était une des promesses de campagne du président de la République.
Ce n’est pas si lointain, lors de sa visite à Alger en décembre 2010, le candidat Hollande avait laissé entendre que la France devrait faire des excuses à l’Algérie pour les 132 ans de présence française. Il avait condamné l’infâme colonisation…mais était resté muet sur les crimes dont furent victimes des dizaines de milliers de Harkis et Pieds Noirs. Alors il faut relever cette (timide) évolution même si il faudrait être naïf pour ne pas voir ce que ce mea culpa cache comme cynique calcul clientéliste, là ou le FN, a toujours défendu depuis 1972 la mémoire, l’honneur, les revendications morales et matérielles des Harkis. Et ce, à une époque où au mieux tout le monde s ‘en foutait, au pire ou ils étaient insultés et méprisés, parqués en France dans des camps, incarnation de la mauvaise conscience des gaullistes, des socialistes, des communistes…
Hacène Arfi, à la tête de l’association Coordination harka, qui s’occupe notamment des vieux Harkis, a fait part de sa déception au micro d‘Europe 1 à la suite de l’intervention de M Hollande: « Je suis déçu. On s’attendait à un geste plus fort que ça », « si le président veut vraiment porter une reconnaissance envers les Harkis, c’est à travers une loi. Cette loi serait la reconnaissance de la nation, et il y aurait une réparation matérielle. » Jean-Marie Le Pen, alors tout jeune député, quitta son siège à l’Assemblée pour venir au secours de nos compatriotes d’Algérie et le FN n’a pas varié dans sa demande d’une juste réparation. Lors de la précédente présidentielle, Marine fut la seule candidate – avec Jean-Marc Governatori, le candidat de l’Alliance écologiste indépendante - à signer la convention Candidat-Rapatriés, reconnaissant le « crime d’Etat » commis contre les Pieds Noirs et les Harkis.
En novembre 2013 Hacène Arfi avait renvoyé sa médaille de l’Ordre national du Mérite à François Hollande pour dénoncer, comme le firent de nouveau le Front National, les associations Harkis et de Pieds Noirs, le texte de loi adopté par le Parlement, faisant des Accords d’Evian du 19 mars 1962 une Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie.
C’est pourtant à cette date, que débutèrent les massacres de masse, tortures, enlèvements et viols perpétrés par le FLN. Une date célébrée toute honte bue par la très grande majorité des municipalités socialo-communistes et de droite, du moins dans les communes ou les rapatriés d’Algérie, leurs enfants et petits-enfants ne pèsent pas électoralement parlant… Hacène Arfi en a témoigné dans l’Express en mai 1997; il se souvenait alors, tout jeune enfant en Algérie, de ce terrible été 62, « l’odeur des cadavres de harkis en putréfaction, exposés dans des cages de bois sur la place du village, supplétifs de l’armée française désarmés par leurs frères d’armes et livrés aux ennemis d’hier, torturés, égorgés, émasculés, brûlés vifs, massacrés après les accords d’Evian », ce 19 mars », de cet enfant égorgé sur une table par les bouchers du FLN que sa mère essayait de lui cacher…
Bruno Gollnisch n’a eu cesse de le répéter également, « loin de réconcilier les mémoires, le 19 mars est une date qui les divise et ravive les plaies profondes d’une page douloureuse de l’histoire récente de la France. Par respect pour ces victimes et leurs familles encore en vie aujourd’hui, la Nation ne peut et ne doit se rassembler en ce jour anniversaire ».
Dans L’Action Française il y a quinze jours, Bernard Coll, Secrétaire général de Jeune Pied Noir, a affirmé que les accords d’Evian « n’avaient pour seul objectif que de permettre au général De Gaulle de disposer d’un cadre politique et juridique lui permettant de se débarrasser au plus vite du boulet algérien. Et cela, quelles qu’en soient les conséquences humaines pour les Français d’Algérie de toutes origines. Le mensonge français dénoncé en 2003 par Georges-Marc Benamou dans son ouvrage n’est, semble-t-il, pas prêt de cesser tant que l’Etat français est tenu par le FLN par le pacte du 19 mars 1962 scellé par le sang de 100.000 Harkis et de milliers de Pieds Noirs et soldats français sacrifiés à la décision du général De Gaulle (…). G-M Benamou a pu déclarer dans Paris-Match : La France a jeté les Harkis dans les basses-fosses de l’Histoire. Il y a eu 80.000 harkis morts. Paris a systématiquement entravé leur sauvetage. De Gaulle est bel est bien le complice d’un crime contre l’Humanité ». La Ligue des Droits de l’Homme vient même d’organiser un colloque international à Paris sur le thème : La tragédie des Harkis : un crime contre l’Humanité ?. Il est donc possible, comme le fait Jeune Pied Noir depuis 1990, d’accuser publiquement le général De Gaulle du pire des crimes, celui de crime contre l’Humanité, sans être poursuivi en justice par sa famille, ses proches ou les défenseurs de sa mémoire. C’est parce que, tout simplement, cela est désormais incontestable ».
M. Coll rappelle également les articles du professeur Maurice Allais, prix Nobel d’économie, puis, en juillet 1962, de son ouvrage L’Algérie d’Evian », qui « fut la première des grandes personnalités françaises à avoir compris que les « Accords d’Evian » étaient des accords fictifs conduisant au génocide le mot est de lui, programmé des Français d’Algérie. Ce qui rend encore plus forte la démonstration scientifique et juridique du professeur Allais c’est qu’il n’était pas partisan de l’Algérie française. Mais simplement un homme juste, horrifié par les conséquences prévisibles des accords d’Evian. Des conséquences d’ailleurs annoncées par le général De Gaulle lui-même dans sa conférence de presse du 23 octobre 1958 : Quelle hécatombe connaîtrait l’Algérie si nous étions assez stupides et assez lâches pour l’abandonner. C’est pourtant ce qu’il fit. Les preuves ressortent aussi lors des procès des généraux qui se révoltèrent contre le parjure du Chef de l’Etat, notamment ceux des généraux Salan, Challe, Zeller et Jouhaud, comme lors du procès du colonel Bastien-Thiry et des autres officiers fidèles à leurs engagements. D’autre part, les écrits de Georges Bidault ou de Jacques Soustelle comme les déclarations du Bachaga Boualam à l’Assemblée nationale, ou celles du maréchal Juin à la presse avaient largement informés l’opinion française dès 1962. Car, ce qui peut paraître paradoxal, malgré la censure de l’époque, la grande presse était alors plus libre qu’aujourd’hui. Ou, peut-être, certains journalistes étaient-ils plus courageux ? »
Les raisons de cette baisse de la liberté et du courage sont connues… nous aurons certainement l’occasion d’en reparler, et de la vérifier de nouveau au cours de la campagne présidentielle…
http://gollnisch.com/2016/09/26/harkis-pieds-noirs-memoire-verites/