Une délégation du PCF était à Calais le 10 octobre sous la conduite du secrétaire national Pierre Laurent. Ce dernier était accompagné de l'eurodéputée Front de gauche Marie-Christine Vergiat.
Il ne s'agissait pas d'y rencontrer les ouvriers, les manutentionnaires ou les salariés de cet ancien bastion du PCF. Tombée aux municipales en mars 2008, la municipalité communiste appartient au passé.
La visite principale en effet concernait les associations d’aide aux migrants. Celles-ci ont évidemment fait part de leurs difficultés. Elles manquent de subventions. Toutefois, elles ont également assuré que des possibilités de développement de leur activité existent. Le centre d’accueil Jules-Ferry, géré par l’association La Vie active, est ainsi "capable de proposer 2 000 douches par jour", raconte un responsable, comme les Anglais de Calais Kitchen qui, depuis la "jungle", peuvent fournir "3 000 repas par jour".
"Si les migrants manquent de quelque chose, c’est surtout d’humanité", développent ces bons apôtres. Tout est comme on le comprend à demi-mots, de la faute des Calaisiens et plus largement des Français.
C'est du moins ce qu'invite à considérer L'Humanité datée de ce 11 octobre.
La ligne préconisée par le Parti dans cette affaire consiste en effet, plutôt qu'à détruire le camp, à "le rendre digne" ?
Dans une telle perspective, le camarade Pierre Laurent, a donc sillonné toute la journée d’hier la ville portuaire pour y rencontrer les acteurs locaux de la vie associative et économique afin de "mieux cerner" le champ d’action politique souhaitable et "affiner" ses propositions.
Car, si, nous dit-on, la survie matérielle des migrants et des associations est assurée, leurs conditions de vie sont exécrables, puisqu’ils sont entassés dans une zone marécageuse, à la merci des aléas de la météo. Par conséquent, que faire ? Détruire le camp ou "le rendre digne" ? Forts de l’expérience, en 2002, du démantèlement du centre de Sangatte, rappelé par la camarade Michèle Demessine, qui fut secrétaire d'État au Tourisme dans le gouvernement Jospin, aujourd'hui sénatrice PCF du Nord nombreux sont ceux qui expliquent que le démantèlement de la "jungle", prévu le 17 octobre, "ne servira à rien".
D’autant plus, poursuit Cécile Dumas, secrétaire départementale du PCF des Alpes–Maritimes, que "ceux qui viennent de Vintimille et qui n’ont qu’une idée, l’Angleterre, ne sont pas au courant et continueront d’arriver".
Auprès des travailleurs de la zone portuaire, on effectue quand même un deuxième arrêt. Hervé Caux, secrétaire général de la CGT du port, reconnaît devoir faire "la part des choses entre la situation des migrants et celle des travailleurs". La première est "terrible" et "il faut qu’ils aient une vie décente", développe-t-il. Mais il croit bon souligner aussi "l’impact" de ce flux migratoire sur l’activité du port, des 658 salariés et 80 dockers, "sans compter les sous-traitants" : "moins 8 millions d’euros d’activité en 2015", des "promesses de développement du port gelées" et "la peur d’un plan de licenciement".
Le travail sera long, observe le secrétaire national du PCF Pierre Laurent. Mais déjà quelques pistes, sont été évoquées.
La responsable du secteur international du PCF, Lydia Samarbakhsh exige d'abord que l'on renoue avec "une politique d’accueil digne", traiter "en urgence le problème des mineurs isolés", et "mettre en œuvre des moyens", même après le démantèlement, dont "les conditions doivent être acceptables". Elle prévient, d'ailleurs, qu'une telle opération ne signifie pas la fin de la présence des migrants à Calais.
Il a enfin beaucoup été question de "revenir sur les accords du Touquet", qui régissent la politique migratoire entre la France et l’Angleterre.
"Nous mènerons le travail partout", promet donc le secrétaire national du PCF.
JG Malliarakis
article publié sur le site Est-&-Ouest
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