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Six ans d’austérité : L’effondrement de la sécurité sociale grecque

Lorsque le 23 avril 2010, George Papandréou, l’ancien fils du Premier ministre grec socialiste, Andreas Papandréou (1919-1996), a annoncé, depuis l’île pittoresque de Kastelorizo, en Égée, l’implication du FMI dans les affaires grecques, les Grecs savaient ce qu’allait devenir leur vie relativement aisée et paisible. Jusqu’ici, les catastrophes liées au FMI avaient plutôt à voir avec des terres lointaines d’Amérique du Sud, mais pas avec un pays de l’UE, comme aujourd’hui.

Il est assez ironique qu’Andreas Papandréou (lui-même fils d’un Premier ministres à trois reprise George, 1888-1968, un anti-communiste baptisé «sage de la démocratie»), avec sa fameuse équipe de Bobos et leur slogan du « changement » qui l’on amené au pouvoir en 1981, a été celui qui a permis aux Grecs de goûter à la bonne vie de l’Ouest : costumes Armani ; résidences de luxe.et BMW, pour la nomenklatura du parti et leurs amis hommes d’affaires. Comme il est approprié que ça soit son fils, George, qui quand il ne négociait pas à Bruxelles, faisait du vélo professionnel et du kayak, qui a fait éclater en mille morceaux, les trente ans de bien-être socialiste. Depuis lors, les gouvernements grecs successifs de banquiers – conservateurs et socialistes – alliés avec les diplômés des célèbres universités britanniques et américaines ont été incapable de trouver une solution pour le meilleur au modèle d’austérité que l’UE et les hommes du FMI on concocté pour la Grèce.

Année après année, les salaires et les pensions ont été coupés, à chaque fois « pour la dernière fois ». Les forces armées ont particulièrement été frappées : outre les coupures radicales de ressources, les retraites des officiers ont été réduites des deux tiers, à la suite de réductions semblables aux salaires des personnels d’active. Depuis les temps de Léonidas et le premier assaut asiatique, les Grecs ont toujours lutté pour leurs principes plutôt que pour des biens matériels, mais un estomac vide est un compagnon démoralisant pour un soldat. Cependant, ceux qui sont dans les forces armées ont de la chance, ils ont au moins les hôpitaux militaires pour les soigner. Même si, dernièrement, ils ont été ouverts aux civils pour faire face à la demande.

Les conditions dans la plupart des hôpitaux grecs vous donnent l’impression que vous êtes dans une métropole du sous-continent indien. Le manque de fournitures de base ; de draps, de bandages ; le report des interventions en raison du manque de fournitures ; les patients atteints de cancer qui ne sont pas traités en raison du manque de médicaments coûteux, tout cela accélère la détérioration du tissu social. Ajoutez à cela le nombre croissant d’immigrants du Tiers-monde qui sont traités pour des maladies comme l’hépatite ou la tuberculose, éradiquées depuis longtemps en Grèce et en Europe, et vous comprendrez dans quelle situation dramatique nous sommes.

Dans ce que les media mainstream ont appelé le quatrième mémorandum, qui probablement entrera en vigueur à partir de décembre, se trouve une nouvelle série de mesures qui aggraveront l’état de la santé publique. Dans une singulière coïncidence, c’est le gouvernement Tsipras, dont le slogan est « Première fois sur la gauche » qui sera celui qui va se débarrasser de la vache sacrée de la gauche : la sécurité sociale.

Il faut actuellement jusqu’à trois ans pour qu’un retraité reçoive son premier versement. Et cette attente est appelée à augmenter. De 2014 à 2016, les 8 principaux dispensateurs de soins des secteurs privé et public, ont retiré de leurs comptes bancaires plus de 550 millions d’euros, juste pour payer les retraites. Ceux qui seront les plus touchés par la nouvelle série de coupes seront la « noblesse » de la sécurité sociale : les employés de banque, les médecins, les avocats et les ingénieurs, ceux qui peuvent encore faire tourner l’économie. Beaucoup de ces privilégiés ont vu leurs fonds dilapidé quand le marché immobilier, où traditionnellement la richesse a été accumulée, s’est effondré.

La semaine dernière, une file énorme s’est formée dans le centre d’Athènes, quand une nouvelle entreprise a distribué gratuitement ses bonbons, afin de promouvoir une consommation sans victimisation. La même semaine, un fonctionnaire de l’administration régionale s’enorgueillissait des 3,8 millions affectés à des « structures temporaires » (lire : sécurité sociale de l’avenir) qui assureront la distribution de rations aux personnes dans le besoin. Il est scandaleux de penser qu’un pays européen puisse être fier de sa capacité à mobiliser des fonds de l’UE pour nourrir ses pauvres.

Et pourtant, 4.512.000 Grecs sur une population de 11 millions vivent au bord de la pauvreté. 39, 9% de la population atteignant 44,5% pour les tranches d’âges de 0 à 17 ans, ont besoin de produits de première nécessité tels que la nourriture et le chauffage. 230.000 enfants grecs vivant dans une pauvreté totale dans des foyers où aucun des parents ne travaille. Avec un taux de chômage de 47% parmi les jeunes et au moins 200.000 chercheurs grecs déjà partis à l’étranger à la recherche d’un emploi, il est évident que le programme d’austérité de l’UE et du FMI équivaut au génocide du peuple grec.

La prochaine fois que vous entendrez un politicien financé par l’UE vous dire que les Grecs passent un bon moment avec votre argent, rappelez lui ces faits. Et espérons que vous n’aurez pas à vivre le cauchemar socialo-capitaliste de l’UE comme nous le vivons.

http://www.voxnr.com/5730/six-ans-dausterite-leffondrement-de-la-securite-sociale-grecque

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