«Socialement nécessaire comme exutoire», le FN serait «politiquement inutile» affirmait l’ex directeur de Minute et conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson dans le magazine Valeurs actuelles en septembre. Présentant son livre La Cause du peuple, il dézinguait aussi, nous l’avons dit ici, l’ex chef de l’Etat, une droite faillie, mondialisée, hors-sol, immigrationniste, sans valeurs ni colonne vertébrale. Point de salut pour le peuple français? Apparemment non puisque en accaparant un électorat de mécontents qui ne voteraient pas (plus) pour la droite honteuse républicaine, le Front National serait «la meilleure assurance-vie du Système». Une formule réitérée par M. Buisson dans l’entretien qu’il vient d’accorder au Point, et qu’il délivrait accompagné du même raisonnement dans les médias suisses fin octobre. Alors que faire comme disait Lénine? M. Buisson, ne le dit pas. Se résigner à voter pour les représentants de la droite libérale-européiste qui s’attacheront à trahir les espoirs du peuple, mais le mènerons vers l’abîme peut-être un peu plus lentement que la gauche? Bouder les urnes? Ou tenter d’arracher la France au déclin avec un Mouvement national qui a vu juste depuis quarante ans, en s’efforçant de créer les conditions du sursaut, de la vague capable de faire sauter le barrage des partis du Système comme ont su le faire les partisans du Brexit et les électeurs de l’Amérique profonde?
Bruno Gollnisch a lui choisi comme beaucoup de nationaux, de patriotes, le refus du fatalisme, des compromissions (mais pas du nécessaire compromis) c’est-à-dire l’engagement au Front National dans la durée. Il était hier présent à l’inauguration du QG de campagne de Marine baptisé « L’escale », rue saint-Honoré, à quelques encablures de l’Elysée.
Les médias s’en sont parfois étonnés, Bruno Gollnisch a accepté d’être au nombre des cadres qui composent le comité stratégique de Marine. Cette présence de Bruno est «la seule surprise» dans cette équipe de campagne placée sous la direction du sénateur maire de Fréjus, David Rachline, affirme le Huffington post. Le signe d’un «retour en grâce de Bruno Gollnisch» subodore Marianne.
« Ma fidélité politique à Jean-Marie Le Pen ne m’empêche pas de soutenir la campagne de Marine Le Pen. J’ai toujours dit que je serais prêt à faire profiter la candidate de mon expérience », a déclaré à Marianne le député frontiste. « Oui, je sais, je suis le dernier des Mohicans, le représentant des vieux cons, fachos et réac» a t-il encore confié avec humour à la journaliste de l’Obs l’interrogeant sur sa présence…
La présentation du nouveau slogan de la campagne, Au nom du Peuple, mais surtout du nouveau logo, une rose bleue (sans épines!) ornée d’une tige et soulignant le prénom de Marine (on peut aussi y voir un fleuret pour engager les rudes combats électoraux à venir), a suscité de nombreux commentaires.
Un(e) candidat(e) à la magistrature suprême n’est pas idéalement celui (celle) d’un parti mais de l’ensemble du peuple Français, c’est pourquoi même à l’époque des candidatures de Jean-Marie Le Pen, la flamme du Front ne fut jamais utilisée comme visuel lors des campagnes présidentielles.
Marine a donc choisi une rose. Un «symbole de féminité» a expliqué la présidente du FN, seule (?) femme engagée dans cette présidentielle, élément graphique qui creuse le sillon de la précédente campagne sur le thème de La France apaisée.
Si l’on part du principe que la France des oubliés, périphérique, en colère, qui souffre, insoumise et rebelle, constitue le noyau dur de l’électorat fronto-mariniste, il faut être capable pour gagner, d’agréger un électorat plus âgé, plus féminin, plus bourgeois… souvent plus sensible aux campagnes anxiogènes menées contre le FN.
Il s’agit aussi visuellement, et bien évidemment ce travail pédagogique sera effectué concrètement par Marine et ses soutiens dans les semaines et les mois à venir, de dénoncer les intox, les peurs, les mauvais fantasmes, les scénarios catastrophistes. Bref, de rassurer sur le saut dans l’inconnu que constituerait l’élection de Marine, comme cela fut agité sur un mode apocalyptique par le camp du déclin progressiste, contre les partisans du Brexit en Angleterre et de Donald Trump aux Etats-Unis.
Une rose bleue, qui, en langage des fleurs a souligné Marine, énonce l’idée de l’impossible devenant possible et aussi, chacun l’aura aussi compris, une volonté de se situer par delà la droite et la gauche du Système, le fameux ni droite, ni gauche, en colorant « la rose des socialistes» du « bleu des républicains ».
« Les roses socialistes sont fanées, il n’en reste plus que les gratte-culs… Regardez dans le dictionnaire, c’est bien ça les gratte-culs (nom commun du cynorhodon, le fruit de l’églantier appelé aussi rose canine, NDLR) » a renchéri Bruno Gollnisch hier, qui partage également avec Marine non seulement son affection pour les chats mais aussi un goût certain pour le jardinage!
Les caciques du PS ont hurlé à la captation d’héritage de la rose socialo-mitterrandienne, tenue par un poing fermé, emblème qui fut l’adaptation, ont affirmé à l’époque certains mauvais esprits, de celui du mouvement pétainiste MSR, le Mouvement social révolutionnaire (un poing tenant un glaive). Un parti créé par le cagoulard Eugène Deloncle, assassiné par la Gestapo en 1944, et dont la nièce épousa le frère de François, Robert Mitterrand. Il est vrai que les trajectoires de certains membres de la Cagoule ont plusieurs fois croisé celle du futur président socialiste… l’Histoire n’est jamais simple.
Enfin, loin des ambiguïtés socialistes, la rose n’est pas l’apanage de la gauche politicienne. Cette fleur est aussi avec le lys, en Occident, très présente dans l’iconographie chrétienne, un symbole très riche, de résurrection et de joie, qui n’est pas sans lien avec ce que représente le lotus en Orient. Dans la Rome antique n’offrait-on pas aussi une guirlande de roses aux vainqueurs des jeux et des compétitions? Nous en acceptons l’augure! Marine présidente!