Un remaniement, le plus souvent, s’accompagne d’une certaine solennité, avec annonce par le Secrétaire général de la présidence sur le perron de l’Elysée. Surtout lorsqu’il y a changement de Premier ministre. Cette fois, c’est un simple communiqué qui en a averti la presse. Mais il est vrai que le remplacement de Valls par Cazeneuve n’indique pas un nouveau départ ou une inflexion de la politique gouvernementale, c’est un choix contraint par la démission de Manuel Valls, elle-même provoquée par l’empêchement du président d’être candidat. On a parlé de remaniement « technique », la politique l’ayant déserté au profit de la nécessité pratique. Cazeneuve n’est là que pour accompagner l’agonie du pouvoir pendant les cinq mois à venir, il est appelé à son chevet pour l’entourer de soins palliatifs.
Depuis son renoncement, François Hollande n’a plus d’autorité parce qu’il n’a plus d’avenir. Il ne cesse de répéter pourtant qu’il entend gouverner jusqu’au « dernier jour » et que « président il est, président il sera », sans se rendre compte que ses proclamations sont autant d’aveux que le pouvoir l’a déserté, car l’autorité ne s’affirme ni ne se décrète, elle se constate. Mais peut-être veut-il s’en auto-persuader, la méthode Hollande se confondant sur sa fin avec la méthode Coué ? Il prêche dans le désert d’un pays qui a tourné la page de sa présidence, de députés socialistes qui ne soucient plus que de sauver leur peau aux législatives, tandis que les capitales étrangères cherchent déjà à prendre contact avec certains leaders de l’opposition.
Cazeneuve, le nouveau chef du gouvernement, entend lui aussi « protéger les Français jusqu’au bout » en pensant sans doute réussir là où il a échoué en tant que ministre de l’Intérieur, bilan : 300 morts à cause du terrorisme islamiste.Certes, il n’est pas le seul responsable, Hollande ayant toujours refusé de prendre les nécessaires mesures qui s’imposaient, au nom d’une conception fétichiste de l’Etat de droit, sous le même président rien ne changera donc avec Cazeneuve. La nomination de Bruno Le Roux pour lui succéder place Beauvau ne va rien arranger ! C’est un ministre néophyte dont la seule expérience du maintien de l’ordre l’a été dans les rangs du groupe socialiste où il était chargé de faire la police pour en neutraliser les frondeurs, au profit du président. Avec les terroristes, la tâche sera plus rude ! Consolons-nous en pensant que nous avons été un instant menacés de la nomination de Najat Vallaud-Belkacem pour succéder à Valls, laquelle flotte déjà dans ses habits trop grands de ministre de l’Education nationale. Les résultats des dernières évaluations internationales montrent qu’elle a réussi à abaisser le niveau scolaire déjà pas fameux. Il est vrai que son incompétence étant polyvalente, elle aurait pu s’exprimer aussi à Matignon.
Dans tous les registres de l’action gouvernementale, Bernard Cazeneuve est condamné à l’impuissance, il ne peut y avoir de lois nouvelles, ni de projet d’avenir pour la France avec un gouvernement déjà en pointillé, ayant un pied dans la poubelle de l’Histoire, seulement des mots vides pour accompagner la marche funèbre.
Guy Rouvrais
Article et dessin parus dans Présent daté du 8 décembre 2016