Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

C'est au pied du mur qu'on va voir le Macron

Les derniers préparatifs institutionnels sont en place, avec la désignation des présidents de groupes parlementaires. Plus aucun obstacle ne peut être invoqué pour proposer et légiférer. Le nouveau pouvoir va donc nous montrer, enfin, ce qu'il mijote en secret depuis des mois. Le pseudo Jupiter va pouvoir tenir les promesses de l'Évangile : "tout ce qui était voilé sera dévoilé".

Sans trop jouer aux devinettes, il nous a semblé entendre que pour le super-génie de l'Élysée, ce sont les problèmes économiques qui conditionnent le renouveau du pays tel qu'il prétend l'assurer.

Et l'on va s'attaquer à la réforme du Code du travail, énorme volume dont l'épaisseur même est couramment présentée comme l'une des causes de la paralysie industrielle. La caricature présentera ce projet comme la permission de renvoyer les ingénieurs quinquagénaires, décidément trop chers, aux conditions imposées aux domestiques du XIXe siècle, au profit exclusif des très méchants patrons. On verra comment cela sera proposé et surtout en combien de temps le pouvoir qui ne recule pas fera marche arrière. Dès le 12 septembre, la CGT mobilise.

Baisser la dépense publique semble une tâche moins accessible dans le cadre de la démocratie actuelle. Les assemblées votent en effet sur les lois de finances mais, d’une part elles ne contribuent que très formellement à leur élaboration ; d’autre part, elles ne représentent pas les contribuables mais des électeurs dont la moitié ne payent pas d'impôts.

La question globale portera donc sur ce qu'on appelle le modèle social français.

Le concept même de modèle national mérite cependant un examen attentif.

S’agit-il de dire qu’il existe des données sociologiques si particulières et si constantes que leur altération constituerait à la fois une gageure et une trahison ? Dans ce cas, il conviendrait de savoir où commence et où s’arrête la ligne jaune à ne pas dépasser. On gagnerait aussi à connaître les circonstances précises et non le récit mythique de leur fondation.

Quand on parle du modèle social français, on ne se réfère pas, en fait, aux années de création de la sécurité sociale et du fort secteur public : on prend pour référence les débats, ou plutôt l’absence de débat des années 1990.

C’est en effet le journal l’Humanité qui, en 1993, ressortit la référence au programme du CNR. C'était une époque où la gauche française semblait avoir sombré dans le coma éthylique de la libération de la Pologne, de la chute du mur de Berlin, de la dislocation de l’empire soviétique, et par ailleurs, en France des « affaires » putrides de l’ère Mitterrand finissante.

Pratiquement personne, certes, n’avait lu le texte du programme du CNR, tout le monde ou presque en avait oublié l’existence, environ depuis 1947-1948. Mais chacun devait s’incliner devant ce dogme supposé unir, désormais, dans une même foi, gaullisme et communisme.

Certes, la question historique de l’élaboration de ce texte ne peut pas être passée sous silence, et comme toujours ce qui vient du PCF appelle la plus vigilante suspicion. (1)⇓

Un peu plus tard, en septembre 1995, Jacques Chirac le célébrait en Sorbonne, par l'invocation de décrets signés en 1945. Le président qui venait d’être élu crut bon de se proclamer personnellement garant de cet acquis social – ceci sans nous parler des fonds qu'il mettait en gage. Il se permit alors de proclamer qu’il représentait une part fondatrice de l’identité française. L'année suivante la réforme constitutionnelle de 1996, ouvrant la route au funeste plan Juppé allait modifier de façon très substantielle le fonctionnement de l'assurance-maladie, allant, bien sûr, dans le sens d'une plus grande étatisation, d'une plus grave paupérisation, et d'un plus rigoureux monopole. La même année Marceau Long, consacrait son testament de vice-président du Conseil d’État de 1987 à 1995 à la célébration du mythe des entreprises nationales.

Vingt ans plus tard, tout le monde a oublié tout cela. On peut toujours faire pire, et la chose est d'autant plus facile quand on ignore délibérément les leçons du passé. Ne doutons pas que l'équipe macronienne va s'employer à nous le démontrer.

JG Malliarakis

Apostilles

  1. cf. "Le mythe du programme du CNR"

http://www.insolent.fr/

Les commentaires sont fermés.