Dimanche dernier, trois ministres de l’Intérieur de l’Union européenne les plus concernés par le flot migratoire (Italie, France Allemagne) se sont réunis à Paris pour préparer des mesures d’urgence face au déferlement des « migrants ». Il s’agissait de préparer le sommet de leurs collègues, ce jeudi, afin de concocter un plan d’action.
Le flux des illégaux ne cesse de croître et d’embellir, il y a quelque ironie à en découvrir aujourd’hui « l’urgence » et songer à un « plan d’action », confessant ainsi qu’il n’y en avait pas ou, plutôt, qu’il en existe mais inefficace pour enrayer le phénomène. L’urgence, en réalité, pour les ministres, c’est la nécessité d’éviter que l’Italie ne ferme ses ports, comme elle menace de le faire, interdisant ainsi aux « migrants » d’y débarquer. Les bateaux seraient alors dirigés vers… la France et l’Espagne. Il est vrai que notre sœur latine paie un lourd tribut au laxisme européen.
En 48 heures la semaine dernière, elle a vu déferler sur ses côtes 12 000 individus et près de 90 000 en une seule année, 500 000 en trois ans. Nos voisins n’en peuvent plus, les moyens manquent, les services sociaux sont débordés. Ce ne sont pas des réfugiés politiques qui viennent, même Macron le reconnaît : « 80 % sont des migrants économiques ».
Selon l’agence européenne Frontex, 93 % de ceux qui débarquent en Italie viennent d’Afrique. Et il n’y a aucune raison que cela s’arrête.
Le « plan d’action » que, dans l’urgence, les ministres de l’Intérieur européens ont esquissé reprend les vieilles recettes qui ont été impuissantes jusqu’ici à enrayer ce déferlement : octroi de crédits à l’Italie, envoi de garde-côtes supplémentaires et tentative de mater les récalcitrants de l’Europe de l’est afin qu’ils acceptent des « relocalisations » de « migrants ». Or, évidemment, ce ne sont pas des solutions mais des attitudes qui, au contraire, nourrissent le problème.
Si les Africains savent que l’on est prêt, non pas à les expulser, mais à les relocaliser, ça ne peut que les encourager à venir !
N’étant pas des réfugiés politiques, ils n’ont pas vocation à être accueillis en Italie, ni ailleurs en Europe. Un nombre dérisoire est reconduit dans le pays d’origine.
Le ministre de l’Intérieur autrichien demande, en vain, qu’ils ne soient pas débarqués mais aussitôt renvoyés chez eux, sans pénétrer sur le territoire de l’Union. A défaut de la fermeture hermétique et effective des frontières, il faut surtout que toute incitation à venir dans l’Union européenne disparaisse et signifier aux candidats à l’exil que violer ses frontières, bafouer notre droit, n’ouvre aucun droit, ne procure aucune aide financière et pas davantage la perspective d’une régularisation. L’Union européenne doit cesser d’être un Eldorado pour que nul ne risque sa vie en voulant la rejoindre. Or, pour être politiquement correct, l’Union européenne, refusant des mesures intransigeantes et dures pour tarir la source de cette immigration illégale, ne peut envisager que des initiatives qui sont cautères sur une jambe de bois. Le plan d’action masque bien mal son inaction et son impuissance.
Guy Rouvrais
Article publié par Présent daté du 8 juillet 2017