Il paraît assez évident à tout observateur un peu attentif de notre vie politique que le Système s’efforce d’installer La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon dans le rôle de l’opposant principal et privilégié au macronisme. Le but principal est clair : tenter de marginaliser une opposition nationale, populaire et sociale autrement plus dangereuse pour les intérêts et les objectifs de l’oligarchie mondialiste. Michel Geoffroy le notait sur Polemia le 8 septembre, « la superclasse mondiale a deux fers au feu : d’un côté, promouvoir, bien sûr, les hommes politiques qui s’affichent libéraux et libertaires, donc qui se rangent officiellement sous la bannière de son idéologie ; en France elle a donc assuré la promotion d’Emmanuel Macron ; mais, d’un autre côté, elle s’efforce aussi de promouvoir une opposition de gauche à ces mêmes politiciens. De façon à empêcher l’émergence d’une véritable opposition patriote et alternative au mondialisme et au néo-capitalisme en Europe. C’est la fonction dévolue en France à Jean-Luc Mélenchon. Ce sont les deux mâchoires du même piège destiné à museler les Européens. Ce dispositif a déjà été expérimenté en Grèce, en Espagne et en Italie. Le Système a assuré la promotion de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne, pour capter la colère populaire au profit de l’ultragauche altermondialiste et immigrationniste. »
Dans ce contexte, Jean-Luc Mélenchon joue sa partition, quand bien même danse-t-il sur une musique qu’il n’a pas écrite. Le dirigeant de La France insoumise, qui est d’un niveau bien supérieur à celui de son entourage, a compris aussi qu’il était assez contre-productif d’agiter en permanence ses lubies immigrationnistes et d’insulter l’électorat frontiste pour attirer à lui les classes populaires. Certes, pris dans l’ambiance il lui arrive encore de rechuter, comme à Marseille fin août, pour flatter son auditoire pluriel et ses militants socialo-trotskystes qui ont biberonné depuis l’adolescence le lait de l’antiracisme hystérique.
Mais plus finement, il s’est efforcé lors de la campagne présidentielle de mettre sous le boisseau ses attaques habituelles sur la France qui vote national. Significativement, il a repris les éléments de langage du candidat Sarkozy en 2007 et de Laurent Wauquiez ces derniers mois pour expliquer, notamment lors de sa réaction au discours de Marine à Brachay le 9 septembre, qu’en fait ceux qui « (votent) FN sont « très fâchés mais pas fachos », lesquels doivent le rejoindre car « c’est La France insoumise qui défend bec et ongle le peuple et pas Marine Le Pen ! » Un souhait de captation du vote patriotique anti Système qui bénéficie, nous l’avons dit, d’une complaisance assez criante dans les médias. A ce titre cette remarque faussement anodine parue dans Les Echos , sous la plume de Nicolas Madelaine, qui s’arrête sur le désarroi des animateurs des matinales sur les radios qui ne trouvent pas « d’invités politiques de poids », du fait notamment d’ « une opposition atomisée par les élections et sans représentants connus du public hormis Jean-Luc Mélenchon »… La présidente du FN n’aurait donc pas le même taux de notoriété que M. Mélenchon selon M. Madelaine, journaliste lauréat en 2013 du 14e prix Dauphine Henri Tézenas du Montcel distinguant « des journalistes du secteur économique et social pour leur aptitude à diffuser une information d’une grande qualité analytique auprès d’un large public » (sic) … voilà qui est rassurant!
Une situation qui n’empêche pas l’ex sénateur socialiste partisan de Maastricht de reprendre sur son blogue les critiques frontistes (de longue date) sur « les neuf milliardaires qui possèdent 90 % des médias de notre pays , et toute la machinerie des relais d’opinion de la Macronie », de « dénoncer l’offensive du parti médiatique » visant à « la diabolisation de l’opposition ». « Le choc avec le parti médiatique est une école de formation pour construire des consciences émancipées. La baisse des ventes, le mépris et le discrédit de ceux qui ont recours à ces méthodes du bashing médiatique contre la résistance populaire sera notre récompense et notre victoire sur ce terrain » écrit-il encore, alors qu’on lui prête l’intention de créer sa propre télévision. Nous pourrions peut-être y retrouver Raquel Garrido et Thomas Guénolé, qui officient déjà respectivement sur C8 et Europe 1, voire d’autres journalistes-militants déjà présents eux aussi sur des antennes possédés par des grands groupes financiers.
Notons au passage et ce sera le mot de la fin, que si Bruno Gollnisch ne trouve pas aberrant que la sensibilité politique d’extrême gauche soit représentée dans les médias (et elle l’est ô combien!), il l’a redit notamment à l’occasion de l’arrivée de la compagne d’Alexis Corbière sur C8, il est autrement plus problématique que les frontistes, voir le cas récent de l’affaire Jean Messiha, y soient proscrits par l‘inquisition progressiste. Et ce, dans les médias des milliardaires comme dans ceux du service public financés avec les impôts de tous les Français. Cela pour le coup ne semble pas gêner M. Mélenchon et ses amis, qui communient hypocritement avec l’adversaire libéral dans le même ostracisme antinational, au nom du même cosmopolitisme sans-frontiériste et de la même idéologie libertaire.