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Reportage : Une Marche pour la Vie revendicative, par Marie de L’Isle

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9034-20180123.jpgDès 14 heures, sous une pluie qui n’a pas faibli durant tout l’après-midi, plusieurs milliers de personnes se sont réunies porte Dauphine, dans le XVIe arrondissement, à l’occasion de la 12e Marche pour la Vie. Le service communication, cette année, avait choisi des couleurs fluo pour faire passer plusieurs messages, inscrits sur des pancartes comme « Vivre est un droit, pas un choix », « Sédation définitive = euthanasie active », « Protéger le faible, ça c’est fort » ou encore « L’avortement est un poids, pas un choix ». Tout au long du cortège, plusieurs chars rappelant la Manif pour tous diffusaient de la musique, Le diable s’habille en prada de Soprano, mais aussi Résiste de France Gall, Allumer le feu et L’envie de Johnny Hallyday. On était frappé par la présence significative de 16-25 ans (notamment parmi les nombreux bénévoles en K-way jaune), sans doute la catégorie d’âge la plus représentée dans le cortège.

Alors que la loi punissant le délit d’entrave à l’avortement a été votée l’an dernier, l’organisation qui en réclame la suppression revendique d’avoir un discours factuel et cohérent sur plusieurs plans : scientifique, moral, social et philosophique.

La révision de la loi bioéthique

L’année 2018 sera marquée par la révision de la loi bioéthique, qui s’ouvre lors de ce mois de janvier avec les Etats généraux de la bioéthique. Ceux-ci mettent en place une consultation citoyenne qui se manifestera par l’organisation d’espaces de réflexion éthique dans chaque région. Or les participants de la Marche pour la Vie entendent bien peser dans ces débats. Et le message est bien passé auprès des militants, qui justifient l’importance de leur venue par ces enjeux d’actualité. C’est le cas de Julien et Albéric, 21 ans, étudiants en économie et en histoire. « Nous sommes venus défendre la vie afin que le gouvernement et l’opinion publique prennent conscience du fait qu’une partie de la population tient fermement cette ligne. Notre présence prend particulièrement sens en cette année, alors que sera révisée la loi de bioéthique, ce qui aura une incidence sur l’extension de la PMA et sur la légalisation de la GPA », expliquent-ils.

Outre les familles, sont présents quelques religieux – des abbés en soutane, quelques religieuses en habit mais aussi des orthodoxes. Et des élus ceints d’une écharpe tricolore, comme Jean-Yves Denis, conseiller municipal de Vernouillet (Yvelines), adjoint au maire chargé des finances. « Mes revendications sont ni plus ni moins celles de toutes les autres personnes présentes dans cette manifestation. Mais je suis venu avec l’écharpe tricolore pour témoigner du soutien de certains élus à cette cause de défense de la vie. Je suis engagé depuis longtemps dans ce combat et subis les critiques régulières d’opposants, mais j’en fais mon affaire, » témoigne-t-il.

Prises de parole

Arrivés au Trocadéro vers 17 heures, les manifestants se sont rassemblés vers l’estrade pour entendre plusieurs témoignages dont celui de Madeleine, infirmière. Celle-ci a fait part à l’assemblée de deux expériences en tant que stagiaire puis professionnelle dans un bloc opératoire en maternité-gynécologie, partageant « l’horreur » ressentie à la vue d’un « enfant mort dans un grand seau blanc ». « Je n’ai jamais fait d’IVG mais mes collègues qui en ont fait souffrent mais ne le disent pas », a-t-elle assuré. « Il faut libérer la parole, dire que ça ne fait pas souffrir que les mamans », a-t-elle dit.

« La génération des rescapés de l’avortement est en train de grandir et de se lever. Notre corps ne nous appartient pas. Nous sommes notre corps, et ce corps peut accueillir un autre corps, une autre vie. Nous sommes nés après l’avortement, et nous avons compris qu’il n’est pas un droit, qu’il n’est pas une liberté mais une pression, une contrainte qui s’abat désormais sur les futurs parents, » a déclaré Victoire De Jaeghere, porte-parole de la manifestation, pour qui « chaque enfant rescapé de l’avortement est une victoire du combat pro-vie ».

Nicolas Sévillia, quant à lui, a proclamé avec force à la tribune : « Vous n’êtes pas venus défendre une opinion ou une conviction. Vous êtes venus défendre la vérité : un enfant n’est pas un amas de cellules, il est le petit de l’homme, il est un homme petit. Le mensonge, l’obscurantisme, le fascisme c’est eux. La vérité, la lumière, l’amour, c’est nous », ciblant l’enfant, la mère, la famille et la société comme étant les victimes de l’avortement. Pour Jean-Marie Le Méné, l’année 2018 est celle de « tous les dangers » puisque, tous les cinq ans, la révision de la loi de bioéthique, au prétexte de tenir compte des avancées de la technoscience, régularise les transgressions. « La loi est censée poser un cadre autour des dérives. En réalité, elle met un cadre autour des dérives et ensuite dérive avec le cadre, » a dénoncé celui qui a également dénoncé une « conspiration contre la vie ».

Discrétion médiatique

Le traitement médiatique de cet événement a été particulièrement discret – hormis sur l’épiphénomène concernant les perturbations organisées par une demi-douzaine de Femen. Le quotidien La Croix a pris de gros risques en matière de chiffres en écrivant qu’il y avait « plus d’un millier d’opposants ». Le chiffre de la police, qui me paraissent sous-évalués au vu de ce que j’ai pu voir en remontant tout le cortège, est de 8 500. Les organisateurs avancent celui de 40 000. Sans prétendre à l’objectivité pure, il me semble qu’il y avait au moins de 15 000 à 20 000 personnes. Patrick Cohen, dans sa matinale du 22 janvier sur Europe 1, a également évoqué le chiffre parfaitement malhonnête du millier de manifestants.

Marie de L’Isle

Article paru dans Présent daté du 23 janvier 2018

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