C’est sous ce titre anodin et en apparence facilement partagé par beaucoup de monde que le quotidien du soir interroge (numéro daté du 4/5 mars 2018) Louise Arbour représentante spéciale de l’ONU pour les migrations internationales. En juillet 2017 nous analysions les « recommandations » de l’Union Européenne concernant les « bons usages journalistiques » face à la question migratoire. Dimitri Avramopoulos, commissaire européen aux Migrations et aux Affaires Intérieures, affirmait de son côté à la Tribune de Genève en mars 2017 : « L’Europe va avoir besoin de 6 millions d’immigrés. Nous allons ouvrir des bureaux (pour les permis de séjour) dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée et en Afrique de l’Ouest ». Un langage assez proche de celui de Madame Barbour. Extraits commentés.
Un titre biaisé
« Une migration bien gérée est à l’avantage de tout le monde », le titre peut paraître neutre mais il induit dans son intitulé que la migration est une donnée incontournable et qu’elle doit se poursuivre. Seuls son rythme et son intensité sont discutables. Louise Arbour met de côté ceux qu’elle appelle les « réfugiés » (vrais ou faux, les Nigérians qui ont dépecé une jeune italienne en février 2018 n’étaient pas des réfugiés) et dont elle estime le nombre à 25 millions. Ceux ci ont droit « à la protection de la convention de 1951 … qui fait partie de notre histoire ». Une convention internationale signée il y a 67 ans, à une époque où les migrations ne représentaient pas la même problématique. Elle ajoute que la « mouvance migratoire » (hors réfugiés) représente 225 millions de personnes. Ces personnes par défaut « sont appelés migrants économiques. Mais cette appellation véhicule la perception qu’ils sont un fardeau ou une menace… ». Si nous comprenons bien c’est la perception qu’il faut faire évoluer.
Opinion publique et démocratie
Alors que le secrétaire général de l’ONU veut présenter celle-ci comme un « atout pour la société », Louise Arbour constate que les opinions publiques ne sont pas à l’unisson. « Les hommes politiques dans les pays démocratiques nous disent toujours “Notre opinion publique n’est pas en mesure de suivre“. Je pense que c’est là le plus gros défi… » . Et elle ajoute ingénument « Convaincre les décideurs politiques serait relativement facile s’il était possible de changer cette perception négative ». Traduisons : les élites oligarchiques mondialisées ont déjà intégré l’impératif politique et moral migratoire, reste à convaincre les peuples. Les résultats des élections du 5 mars 2018 en Italie avec la poussée du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue de Matteo Salvini ne semblent pas aller dans ce sens.
Pacte mondial en préparation
Les opinions publiques sont vent debout et il faudra « un certain courage politique » (sic) pour les convaincre ou les contraindre car (ces pays) « devront s’ouvrir à une main d’œuvre étrangère », dont il faudra « améliorer les conditions de travail » et bien entendu « combattre la xénophobie et le racisme ». L’objectif de la représentante de l’Onu c’est un « pacte mondial pour la migration ». Un pacte en théorie non juridiquement contraignant mais qui permettra aux partisans de l’immigration d’avoir un discours moral encore plus impératif. In fine Louise Arbour dévoile le fonds du discours onusien « Il faut arrêter de parler des pays comme pays d’origine, de transit ou de destination, il sont tout cela à la fois ». Plus d’origine, plus de destination, plus de pays non plus, tout est dans tout et réciproquement. Amen.
Texte repris du site OJIM