Ô rage, ô désespoir, l’équivalent de dix millions de bouteilles de rosé espagnol auraient été maquillées en vin français ! Des cellules de soutien gastro-entérologique vont-elles être mises en place dans les campings ? Des médecins seront-ils réquisitionnés sur leurs lieux de vacances ? Parce que c’est bien connu, dès que l’on franchit les frontières de l’Hexagone, toute la production alimentaire est ignoble. Le gruyère suisse ? Beurk… Le pata negra espagnol ou le bœuf argentin ? Pouah… Les bières trappistes belges ? À vomir… L’huile d’olive italienne ? À peine bonne à vidanger le tracteur… Et le bon rhum, il n’y a que nos Antilles à nous qui savent en faire !
D’accord, tromper le consommateur sur l’origine du produit, c’est très vilain et mérite châtiment ; mais moi, je croyais que les frontières, les discriminations, les hiérarchies, tout ça… c’était à jeter aux poubelles de l’Histoire. Qu’il était révolu, le temps lointain où mon professeur de géographie ne voulait connaître de melons que de Cavaillon, de tomates que de Marmande et de raisins que de Moissac (ce à quoi le rigolo de la classe ajoutait à mi-voix « et de Béziers de violentes envies ») !
Alors, toute cette histoire pour un coup de rosé espagnol… D’autant qu’avec la France de Macron, l’Espagne est le dernier pays à feindre de croire en une Union européenne vierge de chauvins nauséabonds et de salopards populistes nostalgiques des heures les plus sombres. C’est la pente savonneuse : depuis des semaines, on admet le nationalisme footballistique, aujourd’hui, on se dresse contre le vin étranger, et demain, ce sera quoi ? Le refus des migrants, peut-être ?
Et puis, honnêtement, en matière de tromperie sur la marchandise, il y des décennies qu’on n’a plus besoin de vaseline. Avec une Éducation nationale qui fait plus de conformation que de formation, de purs militants planqués sous des robes de magistrat et des grands médias qui lavent les cerveaux plus qu’ils ne les informent ou les éclairent… ce ne sont pas quelques hectos de picrate qui nous intoxiqueront le plus. Et s’il n’y avait que les vins qui se maquillent en « français », ce ne serait pas trop inquiétant…
Richard Hanlet
http://www.bvoltaire.fr/le-populisme-alimentaire-ne-passera-pas/