Le gouvernement italien, entré en fonction au début du mois de juin 2018 et regroupant les deux partis patriotiques Mouvement 5 étoiles (M5S) et Ligue, doit affronter l’arrivée, par la mer, de migrants. Le ministre de l’Intérieur, vice-Premier ministre et dirigeant de la Ligue Matteo Salvini a, au cours des dernières semaines, réduit massivement les débarquements grâce à son action énergique.
Son parti caracole désormais en tête des sondages et, lorsque Matteo Salvini se rend à la plage, de très nombreuses personnes lui affirment leur soutien.
Pourtant, malgré le changement de cap, l’Italie est toujours victime des flux migratoires. Ainsi, le navire des garde-côtes italiens Diciotti, qui a procédé au sauvetage en mer de 150 personnes, se trouve immobilisé depuis plusieurs jours dans le sud du pays, à Catane, en Sicile. Les individus qui se trouvent à bord sont empêchés par les autorités, à l’exception de 17 personnes malades, de débarquer.
Dans le cadre de cet événement très médiatisé, le parquet a décidé d’ouvrir une enquête, non pas à l’encontre des migrants qui tentent d’entrer illégalement sur le territoire national, mais bien en visant le ministre Salvini et son chef de cabinet pour « séquestration de personnes, arrestations illégales et abus de pouvoir ».
Les membres de l’exécutif étant protégés dans l’exercice de leur fonction d’éventuelles attaques de la magistrature de base, l’enquête est transmise à un « tribunal des ministres » à Palerme, chargé de gérer les délits potentiels commis en Sicile par ceux-ci.
Des magistrats, non élus, se permettent par conséquent d’attaquer sur ses décisions le ministre d’un gouvernement qui dispose d’une majorité au Parlement, ainsi que du soutien, sur la question migratoire, du troisième parti patriotique présent au Parlement, Frères d’Italie.
Cette « dictature des juges », qui octroie à ces individus – souvent issus de la petite bourgeoisie boboïsante complice de la haute finance internationale qui organise la mondialisation – des pouvoirs exorbitants, pose une fois de plus la question de la hiérarchie réelle des institutions au sein de l’État, ainsi que celle de la défense des principes démocratiques qui doivent normalement conduire au fait que la volonté du peuple prime sur des principes juridiques abstraits qui vont à l’encontre de ses intérêts.
Matteo Salvini a réagi à l’ouverture de l’enquête et déclaré : « Ils ne nous stopperont pas ! C’est une honte ! » Et ajouté : « Ils peuvent m’arrêter moi, mais pas la volonté de 60 millions d’Italiens. »