Malgré l’amélioration des conditions économiques mondiales des derniers mois, notre pays stagne et ne parvient pas à recoller aux « premiers de cordée » que sont les pays du nord de l’Europe, et notamment l’Allemagne. La dégradation qui se dessine au niveau planétaire, avec les tensions géopolitiques, ne sera pas de nature à inverser cet immobilisme.
Pourtant, avec l’arrivée aux commandes d’un jeune et fringant Président, au printemps 2017, on nous annonçait avec enthousiasme l’avènement d’une nouvelle façon de faire de la politique, plus entreprenante, plus ouverte sur les technologie de l’avenir et, donc, plus performante. Or, il semblerait, finalement, que rien n’y fasse et notre stagnation s’apparente, dans ce contexte, à un affligeant recul. Le tissu industriel continue à se dégrader, l’inflation renaît, le taux de chômage ne se réduit pas de façon durable et significative et la dette recommence à croître.
Aussi n’est-il pas illégitime de s’intéresser aux causes de ce qui ressemble à une cruelle désillusion, sinon à un condamnable échec.
Jadis, nous avions une gauche et une droite qui, au fil du temps, avaient fini par se ressembler, au point que rien ne les distinguait en dehors des serments électoraux, tout étant défini au niveau de l’Union européenne et rien au niveau national – ou si peu. Or, comme chacun le sait, les promesses n’engageant que ceux qui y croient, rien ne changeait jamais globalement, le tout glissant lentement mais sûrement vers un ultralibéralisme tournant le dos au système que notre pays avait mis des lustres à établir, misant sur la solidarité et une certaine idée de l’équité en matière de répartitions des richesses.
En réalité, la seule chose qui, aujourd’hui, ait véritablement changé est qu’à l’inverse d’hier, le pouvoir agit ouvertement et sans le moindre scrupule en allant au bout d’une politique qui ressemble étrangement à celle d’avant. Il a dit ce qu’il allait faire et il fait ce qu’il a dit. Il a annoncé qu’il casserait le système de protection sociale (ce qui n’avait jamais été osé jusque-là) et il le fait (ce qui avait été discrètement envisagé mais entamé sans publicité). Son action a été menée avec une violence jamais égalée qui s’est faite en s’affranchissant des règles démocratiques les plus élémentaires sur des sujets aussi fondamentaux.
Il a emprunté le chemin de l’ultralibéralisme à pas redoublés, sans se soucier des conséquences à court terme pour les moins nantis, favorisant toujours les plus riches au prétexte qu’ils seraient créateurs de richesses et écartant l’idée qu’ils ne puissent avoir que le souci égoïste de leur enrichissement. L’effet de ruissellement ne restera probablement qu’une vue de l’esprit, à moins qu’il n’ait été qu’un engagement aux intentions mensongères.
Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, aujourd’hui comme hier, la « fracture sociale » se creuse. Alors, déterminé mais pas aveugle, et surtout pas en manque de ressources illusoires, le pouvoir sent bien qu’il faut calmer les esprits et il propose un plan de lutte contre la pauvreté.
Mesure phare du dispositif : favoriser le retour à l’emploi. Excellente idée ! Sauf que ce retour dépend de deux facteurs que le gouvernement ne maîtrise pas, ou mal : la croissance, l’inadaptation des besoins du marché de l’emploi avec le niveau et la nature des qualifications des demandeurs. Dès lors, toute modulation du barème des aides sociales liées au travail, ou plutôt à son absence, revient à priver les ayants droit de ressources vitales, à accroître le niveau de la pauvreté et à creuser les écarts. Ce chemin conduit exactement à l’opposé de l’endroit où l’on prétend nous mener.
Accessoirement, promettre la création de plus de places dans les crèches est aussi une belle idée, sauf que tous les gouvernements l’ont eue sans qu’elle se concrétise réellement sur le terrain.
Bref ! Si l’on ajoute à ce constat de carence le volume des « affaires », force est de constater que le nouveau monde ne diffère de l’ancien que par la forme de son discours.