Les politiciens ont une stratégie simple et efficace : prendre le plus d’argent possible à une minorité de riches pour la distribuer à une majorité de pauvres. En effet, pour obtenir le succès des suffrages, peu importe de se mettre à dos la minorité des nantis. En revanche, il convient de mettre de son côté la majorité des pauvres dont on peut acheter les votes à peu de frais. En matraquant un riche, on peut satisfaire cent pauvres et cela permet de gagner les élections.
Vous me direz que cela existait déjà sous l’Empire romain et que les patriciens obtenaient leur mandat électoral par des distributions de pain et l’organisation de jeux du cirque. C’est vrai, mais ils le faisaient avec leur argent.
Aujourd’hui, les jeux du cirque sont financés par le Qatar ou des oligarques au prix de passe-droits occultes, et le pain payé par l’impôt.
Il y a, cependant, une limite à l’exercice. Lorsque les prélèvements deviennent trop lourds sur les nantis, la stratégie commence à produire des effets pervers :
– les entrepreneurs n’ont plus d’incitation à entreprendre ;
– les riches ne travaillent plus et consacrent leur temps à mettre au point des combines plus ou moins légales pour essayer de minimiser leur contribution ;
– les uns et les autres s’enfuient en délocalisant leur business ou en allant vivre ailleurs.
Le Président Macron, devant nos prélèvements obligatoires à 45,3 % – record du monde des pays développés -, a pensé que nous étions entrés dans la zone rouge, celle où l’augmentation des impôts sur les plus riches allait entraîner des conséquences négatives pour tout le monde, à savoir une réduction de la richesse distribuable. Si la moyenne des prélèvements est à 45,3 %, comme une masse de gens nécessiteux payent beaucoup moins que cela, une minorité de gens très aisés payent bien, dans notre pays, 75 à 80 % de ce qu’ils gagnent.
Cela explique les mesures prises au tout début de son mandat : le remplacement de l’ISF par l’IFI et la « flat tax » sur les dividendes pour encourager l’investissement national en rapprochant notre pays des normes fiscales du reste de l’OCDE.
Le problème est que les dépenses ne cessent d’augmenter et que le gouvernement s’est vu dans l’obligation de mettre aussi à contribution les pauvres, puisqu’il doit respecter les consignes de Bruxelles en matière de déficit. La meilleure façon de le faire est d’utiliser les impôts indirects à large assiette : la CSG, la taxe sur les produits pétroliers, les taxes sur le tabac… avec de complexes mécanismes de compensation pour tenter de masquer qu’au total, la facture s’élève, et en prétextant de servir une grande cause : la santé, l’écologie, la solidarité entre les générations…
Mais cela ne passe pas. Les caves se rebiffent et comprennent qu’on les enfume. La situation est donc tendue. Si on essaie de tondre un peu plus les riches, ils vont continuer à se sauver, comme les regrettés Johnny et Aznavour, et une tripotée de businessmen anonymes qui ont emmené avec eux leurs économies et, parfois, leurs sociétés… d’où le maintien d’une forme d’« exit tax ». Quant aux pauvres, ils refusent d’être mis à contribution et s’apprêtent à bloquer le pays.
Cela commence à sentir le roussi, non ?