Franck Abed cliquez ici
Je ne suis pas un gilet jaune. Pourtant, je ne peux être considéré comme une personne privilégiée. Je ne me reconnais pas, tout simplement, dans ce mouvement, ni par la forme de ses émotions soudaines, qu’elles soient pacifiques ou violentes, ni dans le fond, à travers ses réclamations à la fois contradictoires et fondamentalement incomplètes, même si certaines s’avèrent naturellement légitimes…
En Chine, seul l’Empereur pouvait porter du jaune. En France, cette couleur souffre d’un certain manque d’estime, en dépit du maillot jaune que porte le vainqueur du Tour de France. Le jaune, notamment au théâtre, représente les maris cocus. Dans le monde syndical, les Jaunes sont les briseurs de grève alliés du gouvernement et du patronat. Encore aujourd’hui, les syndicalistes appellent jaunes les syndicats traîtres à leurs yeux. Rappelons que le 1er avril 1902, ce n’est pas un poisson, fut créée une Fédération des Jaunes de France. Elle entendait s'opposer aux syndicats rouges répondant aux ordres de l’étranger. D’un point de vue religieux ou même culturel, le jaune est une couleur méprisable, car il symbolise les pièces que Judas a acceptées après avoir trahi Jésus. Le jaune renvoie également aux flammes de l’enfer éternel ou à la couleur des pommes du jardin des Hespérides qui sont au commencement de la guerre de Troie…
Ces précisions rappelées, j’écris sans détour que je saisis parfaitement la détresse humaine exprimée par ces Français de la France d’en bas ou de cette France périphérique (1), dont les médias et les politiques parlent si peu. Effectivement, quand les premiers les évoquent, dans une large mesure, il ne s’agit pas de proposer des analyses pertinentes mais plutôt de vendre du papier et des espaces publicitaires télévisés pour promouvoir du Coca-Cola (2). Quand les seconds les mentionnent, inutile de se poser des questions : des élections se dressent à l’horizon. Et là, nous les voyons au marché, sourire aux lèvres, clins d'œil malicieux, le tout en serrant les mains de ceux qu’ils méprisent le reste du temps.
Je suis du peuple et je n’ai jamais prétendu le contraire. Je ne veux ni ne désire aucun titre de noblesse. Je ne ressens pas l’envie de revendiquer une épithète que je ne mérite guère.Jamais, je ne quémanderai mon rattachement au peuple car j’en suis. Je comprends parfaitement le dessein des bonimenteurs désirant ardemment se couvrir du titre respecté de défenseur du peuple. Toutefois, j’ai toujours trouvé ridicule que certaines personnes non issues de nos rangs aspirent à parler en notre nom. C’est ainsi depuis bien trop longtemps. Cela doit cesser ! Mon père était un ouvrier, ma mère femme au foyer. Elle préférait m’élever que d’occuper un emploi aliénant. Ceux qui me connaissent et suivent mes travaux savent pertinemment que je défends la France et ses intérêts vitaux.
Il convient donc de protéger tous les Français. Certains de nos compatriotes, les plus faibles, ont rappelé aux dominants - la classe médiatico-politique - que la démocratie en France naquît de cette volonté de contrôler le prélèvement et l’usage des impôts par l’Etat royal, tout en marquant une volonté farouche de refuser les taxations jugées arbitraires. Cela renvoie à l’exemple récent des Bonnets Rouges (3), dont je reparlerai. Les Gilets Jaunes soulèvent, entre autres, la question du consentement structurel ou conjoncturel des électeurs à l’endroit des élus. L’économie politique nous apprend que l’origine de la chute de la royauté en France relève d’un sujet fiscal et non d’un problème politique. Permettez-moi une incise, Al Capone, personnage emblématique du crime organisé dans les Etats-Unis de la Prohibition, n’est pas tombé pour meurtres ou pour coups et blessures. Il fut inculpé pour fraude fiscale à dix-sept années de prison dont onze ans ferme.
Je n’entrerai pas dans des considérations économiques poussées. Cette taxe sur le diesel est profondément injuste et inefficace, à la fois sur le plan écologique mais également au niveau comptable, contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement. Il me paraît évident que prélever à chaque Français le même pourcentage sur des produits de consommation grand public et de la vie de tous les jours, dont il est pour le moment difficile de se passer, sans tenir compte du revenu et de la situation - notamment en milieu rural - de ceux qui les utilisent constitue pour moi une véritable escroquerie.