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Macron : un déficit de légitimité

La question politique posée au président de la République est simple : alors qu’il a été élu par une minorité de Français, comment compte-t-il retrouver une légitimité démocratique ? histoire de savoir si le quinquennat est fini ou non….

Pendant tout le début du quinquennat, Emmanuel Macron a su vendre son image aux Français la légende d'un surdoué qui a toujours connu le succès et à qui rien ni personne ne résiste. Et puis l'affaire de la fête de la musique et du groupe homo à l'Elysée, avec les photos très « abandonnées » d'Emmanuel et puis, juste après, l'affaire du doigt d'honneur aux Antilles sont venues ternir la jolie histoire récitée avec dévotion par les médias. Le Prince Eric serait-il un homme vulgaire ? Un vulgaire humain ? Pour ceux qui en aurait douté encore, l'affaire Benalla a définitivement enterré le récit hagiographique. Emmanuel Macron ne pourra plus jamais compter là-dessus. Quant à Brigitte, ce n'est pas la Cougar fleur bleue qui a réussi, mais une femme aux dépenses insatiables, qui paie très cher la moquette et la vaisselle qu'elle a choisies pour l'Elysée. Est-ce la fin du macronisme ? Gilbert Collard l'a dit, et sans doute bien d'autres l'ont pensé.

Je crois, moi, que le Président est suffisamment intelligent pour se refaire, que son opposition est assez divisée pour le laisser régner. Mais il lui faut retrouver une légitimité, non plus une légitimité charismatique celle-là il l'a perdue. Mais une légitimité électorale. Il doit faire parler les urnes en sa faveur ou alors Collard a raison c'est la fin du macronisme.

Les institutions sont solides, elles tiennent et elles tiendront. Il y a trois solutions claires et deux solutions tordues.

Première solution constitutionnelle la dissolution de la chambre des députés et l'organisation prévisible d'un nouveau mode de cohabitation avec un premier ministre du Rassemblement national ou des Républicains. Le Parti LREM, dirigé par Richard Ferrand, ne veut à aucun prix de cette solution, sans doute la moins onéreuse personnellement pour un président qui deviendrait un Mitterrand bis, un Chirac bis, mais qui est politiquement trop coûteuse pour la macronie.

Deuxième solution, curieusement proposé par Luc Ferry, qui, on le sait, à été ministre de l'Éducation et qui regrette sans doute les ors de la République il faut changer le gouvernement et constituer un gouvernement de gens éminents (c'est lui qui le dit), qui, à défaut de suffrages pourraient apporter au Président leur notabilité, en rendant inattaquable l'exercice du pouvoir. C'est très beau sur le papier, mais qui sont ces notables incontestables et seront-ils nombreux à accepter de mettre leur notabilité en jeu, juste pour sauver le soldat Macron ? J'en doute.

La troisième solution simple est celle que proposent les gilets jaunes depuis le début Macron pourrait gouverner grâce au référendum d'initiative populaire, à travers lequel il pourrait habilement se refaire une légitimité électorale. Mais cela suppose que l'on accepte d'oublier le politiquement correct, qui est notre religion civile. Stanislas Guérini, nouveau patron des députés LREM a déjà dit qu'il serait intolérable de lâcher un quelconque article du Credo libérale-libertaire, fut-ce la peine de mort (c'est le point qu'il citait).

Si l'avenir est à la cuisine électorale et aux coups tordus, on peut penser que l'Etat et les médias aideraient les Bernard Tapie et les Francis Lalanne à constituer une liste « gilets jaunes » aux prochaines européenne, histoire de faire perdre des points à une opposition qui serait coupée non en trois mais en quatre (je laisse les socialistes de côté, n'étant pas sûr qu'ils existent). Le coup peut marcher électoralement pour le président.

Il permettrait à Super-Macron de faire un superbe come back, en posant au recours, au garant de l'ordre et des finances saines contre les activistes, et à dire haut et fort dans un geste gaullien, bien dans l'esprit de la Ve c'est moi ou le chaos. Gageons que pour l'instant c'est cette scène-là qu'il nous prépare, par exemple quand il demande à Nicolas Sarkozy, ancien président, de le représenter pour l'intronisation de la présidente géorgienne. Quant à Sarko, vu l'état des Républicains, il y pense à nouveau et pas qu'en se rasant. 

 Alain Hasso monde&vie 27 décembre 2018

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