En Macronie, on le croyait « sorti de la nasse ». On l’avait trouvé tout plein d’énergie pour lancer son grand débat national à Souillac. Deux sondages avaient indiqué que sa cote de popularité, tombée au plus bas fin 2018, se redressait un peu et un autre annonçait même que son parti pourrait virer en tête aux élections européennes. C’était le printemps.
Mais les sondages savent jouer au yo-yo, même avec nos Présidents. Souvenez-vous de François Hollande regagnant quinze points après Charlie. Cela dura un mois. Et il finit, comme vous savez, à 8 % d’intentions de vote. Et s’il finit ainsi, c’est que toutes les enquêtes de fond sur sa perception par les Français étaient, elles, unanimes. D’où l’intérêt de consulter ces sondages-là.
Le sondage IFOP-Fiducial pour CNews et Sud Radio, réalisé les 29 et 30 janvier derniers, et donc après ces supposées embellies, enregistre des dégradations profondes et inquiétantes de l’image du Président chez les Français depuis six mois.
Ainsi, les qualités majeures qui lui étaient reconnues, notamment par rapport à son prédécesseur, subissent un effondrement et deviennent presque toutes minoritaires dans l’opinion : autorité : -15 (à 54 %), compétence : -9 (à 42 %), détermination (« sait où il va ») : -10 (à 47 %), sympathie : -12 (38 %).
D’autres chiffres sont particulièrement inquiétants pour lui, surtout dans cette période du grand débat qui demanderait de la confiance et de l’empathie : Emmanuel Macron « inquiète » les Français pour 62 % d’entre eux (en hausse de 6 %), il n’est « proche de leurs préoccupations » que pour 22 % (en baisse de 6 %), et il n’est « sincère » que pour 33 % (en baisse de 5 %).
Ces chiffres n’étonneront que ceux qui n’ont pas voulu voir les événements qui se sont enchaînés depuis juin dernier et qui ont abouti à la crise des gilets jaunes. En effet, depuis la fête de la Musique controversée dans la cour de l’Élysée, l’affaire Benalla, les selfies douteux de Saint-Martin, c’est bien l’image, au sens propre du terme, du Président qui a été atteinte. Et donc la perception profonde qu’en ont les Français.
Le Président multiplie les mea culpa, promet de se surveiller, d’éviter les petites phrases. Avec une telle dégradation – un véritable retournement – et dans les circonstances actuelles, cela ne suffira pas. Les Français doutent de lui, se défient de sa personnalité et de son aptitude à entraîner le pays.
Un autre sondage, toujours de l’IFOP, pour le JDD, indique que, pour 66 % des Français, Emmanuel Macron n’a pas changé. Une écrasante majorité de Français indique qu’il doit notamment changer dans son « attention aux préoccupations des Français » (85 %) et « sur sa manière de s’exprimer lorsqu’il est au contact des Français » (80 %). C’est plus que du pain sur la planche. Or, depuis le départ de Sylvain Fort, il y a un mois, l’Élysée recherche toujours son directeur de la communication…
Macron, dix-huit mois après : un fiasco, une grosse grosse panne…