Lu dans Valeurs Actuelles :
Mark Zuckerberg était reçu par le président de la République vendredi dernier pour réfléchir avec les autorités françaises à une stratégie de lutte contre les contenus haineux et les fake news – les « infox ». L’empereur de Facebook et le jeune président, porteurs l’un et l’autre d’une ligne « inclusive » des rapports humains, ont promis de collaborer pour expurger les réseaux de leurs aspérités les plus obscures. L’intention est louable, sauf qu’elle se heurte à plusieurs obstacles, sans compter qu’elle n’est pas dénuée d’une arrière-pensée plus discutable.
Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron a fait de la régulation des espaces numériques une de ses lignes de front idéologiques. Sa majorité a déjà légiféré sur le sujet en 2018, notamment à travers un texte visant à lutter contre la manipulation de l’information en période électorale. Outre que rien ne démontre à ce stade l’influence du Net sur les comportements électoraux, y compris lorsque des entreprises de désinformation ont pu éventuellement s’insinuer dans une campagne, l’initiative législative de la majorité a été suspectée de couvrir des intentions liberticides en matière d’expression publique et de liberté de l’information. D’aucuns, parmi les opposants, ont rappelé qu’il existait déjà, avec la loi de juillet 1881 relative à la liberté de la presse, une base légale solide permettant de fixer les responsabilités des opérateurs d’information que sont les médias. […]
Mais ce qui se joue dans cette bataille est peut-être l’ultime tentative des maîtres de la communication pour ne pas perdre le monopole qu’ils exercent de fait sur l’espace public. Ce dernier est le seul lieu de régulation, in fine, de la confrontation des idées, des opinions. […]
En Italie, Facebook vient de censurer 23 pages, proches de La Ligue et du Mouvement 5 Etoiles… Ces pages comptaient au total près de 2,5 millions d’abonnés.
https://www.lesalonbeige.fr/rencontre-entre-macron-et-zuckerberg-des-intentions-liberticides/