Par André Posokhow, consultant ♦ Jean Paul Gourevitch (J.P.‑G.) a publié récemment un livre intitulé : Le grand remplacement, réalité ou intox ?
Dans son ouvrage, comme d’habitude très documenté et très riche en informations, faits et données chiffrées explicitées sur l’immigration, l’islam en France et l’islamisation de notre pays, J.P.‑G. procède à de nombreux constats souvent percutants, parfois accablants et qui peuvent être considérés comme autant de preuves et d’argument en faveur de la thèse d’un remplacement.
À la fin de la plupart des chapitres du livre il émet une conclusion qu’il qualifie de seulement provisoire, mais qui reflète un certain scepticisme quand à la thèse du grand remplacement. À ses yeux, la population immigrée et musulmane n’est pas encore assez importante pour adhérer à cette thèse. Et pourtant la proportion des immigrés et de leurs descendants directs extra-européens par rapport à la population totale française atteint aujourd’hui 20 %, et le nombre de musulmans tourne autour de 8,5 millions.
Au bout du compte, J.P.‑G. refuse de trancher le nœud gordien et de conclure pour répondre à la question posée dans le titre afin de garder une position distanciée de sachant objectif, ce qui ne manque pas de nous laisser sur notre faim.
Un titre qui appelle une réponse
Le titre du livre de J.‑P. G. : Le grand remplacement, réalité ou intox ?, appelle instamment une réponse que l’on s’attend impatiemment à trouver en conclusion de l’ouvrage.
Les positions de l’auteur apparaissent évolutives dans le temps
Une position très radicale en 2000
En page 19 de son livre, J.‑P. G. rappelle que la quatrième de couverture de son ouvrage La France africaine publié en 2000 qui citait la prophétie de Mitterrand : « la France du XXIe siècle sera africaine », exposait : « aujourd’hui l’ensemble de la communauté black et beur représente 8 à 9 millions de personnes… Ils seront, du fait de l’immigration et des écarts de fécondité vraisemblablement plus de 35 millions à la fin du XXIe siècle. Dans la seconde moitié de ce siècle, sur la base de l’évolution actuelle, il naîtra chaque année en France plus de blacks que de blancs. L’islam sera probablement devenu la première religion de France. »
À lire cette citation, la messe de funérailles du peuple français apparaît comme dite, sans idée de retour.
Sauf que J.‑P. G. a, depuis, nettement nuancé son propos
C’est ainsi que dans Monde et Vie du 10 mai 2018, J.‑P. G. estime, compte tenu d’un solde migratoire des immigrés de 180 000, d’un départ définitif d’expatriés de 80 000 et d’un solde naturel des naissances d’origine étrangère de 150 000, que le total annuel de 310 000 personnes (en réalité 410 000), soit 0,46 % de la population (en réalité 0,6 % ), ne permet pas de parler de grand remplacement. Rappelons que 0,6 % sur 10 ans cela fait 6 % auxquels il faut ajouter les petits. C’est considérable et 10 ans c’est vite passé.
Cet entretien de Monde et Vie (à qui nous suggérons d’équilibrer les entretiens sur ce sujet ultra-sensible) a été contredit par des articles dans Polémia.
Un article de J.‑Y. Le Gallou d’abord.
Auquel a répondu J.‑P. G.
Il s’en est suivi un débat filmé sur TVL.
Des échanges acidulés se sont également poursuivis sur Polémia toujours sur ce thème avec A. Posokhow.
Dans cet article, dans celui-ci puis, enfin, dans ce dernier article.
Globalement à cette date J.‑P. G. est resté sur sa position : le grand remplacement n’est pas pour demain même si, nuance subtile, la population résidant en France se transforme.
L’argumentation de J.‑P. G. à Radio Courtoisie
Lors du Libre Journal du droit et des libertés du 20 novembre 2018 à Radio Courtoisie, J.‑P. G. n’a pas contesté les chiffres avancés par les autres intervenants mais s’est placé dans une autre optique.
Selon ce que nous avons compris, à ses yeux, les chiffres de l’invasion migratoire qui laissent à ce jour une large majorité aux vrais Français, ne permettent pas d’acter le grand remplacement.
Il réfute toute conclusion définitive qu’il juge prématurée. Selon lui, on ne peut présumer de l’évolution future des courants migratoires et l’Afrique pourrait connaître, elle aussi, une transition démographique. Au fond la situation actuelle pourrait n’être éventuellement qu’un épisode africain et maghrébin dans l’histoire de la démographie française.
J.‑P. G. a raison en principe. Comme l’a écrit Michel Poniatowski, l’avenir n’est écrit nulle part.
Il nous semble cependant que ceux qui affirment que la situation démographique de la France ne correspond pas encore à un grand remplacement de notre population adoptent une optique trop statique à un moment donné.
Il faut se placer dans une perspective dynamique. C’est le rôle des lanceurs d’alerte de se projeter dans le futur afin de dénoncer les risques et les menaces probables ou même seulement possibles, en l’occurrence mortels, que cette irruption massive fait peser sur notre avenir. Ne pas le faire constitue une négligence et reflète un abandon.
Le grand remplacement : complot ou constat ?
Les immigrationnistes réfutent de thèse du grand remplacement en invoquant le complotisme. Renaud Camus s’en défend : « Je ne crois pas à une théorie du complot. Je ne crois pas qu’un beau jour douze ou quinze archipontes se sont mis ensemble… et ont décidé qu’il fallait déculturer le monde pour permettre le grand remplacement », mais il parle quand même d’une « entreprise sciemment organisée », (p. 51).
Mais ce n’est pas le vrai sujet. L’invasion migratoire est une réalité, et il est loisible de la constater en dehors de tout complot. Il suffit de consulter les chiffres, d’observer le pourrissement de la vie de la société française et d’ouvrir les yeux.
Comme le dit Philippe Vardon un des fondateurs du bloc identitaire, « le grand remplacement n’est ni un concept ni un complot : c’est un constat ».
Les constats de J.‑P. G.
Dans son ouvrage, J.‑P. G. expose les constats auxquels il aboutit sur la base de sa grande compétence et de sa profonde érudition dans les domaines de l’immigration, de l’islam en France et de l’islamisation de notre société.
Sur le plan démographique, un habitant de la France sur quatre ou cinq est immigré ou descendant direct d’immigrés
Sur le plan démographique J.‑P. G. balaie, comme nous l’avions fait dans Polémia, le tour de passe-passe de l’INSEE sur le solde migratoire, et fustige les leurres que l’INSEE utilise « pour occulter des données dont l’Institut ne souhaite pas qu’elles soient divulguées ».
Il insiste également sur le fait qu’au solde migratoire « légal » il faut ajouter l’expatriation, les descendants d’immigrés, les migrations irrégulières et le différentiel de fécondité. Mais il ne procède pas à cette addition d’une manière démonstrative contrairement à ce qu’il fit pour Monde et Vie.
Dans l’article de Polémia cité plus haut, nous arrivons, solde des naissances relevant de l’immigration compris, à un chiffre actuel de 621 000 par an.
Pour ce qui est de la part des immigrés dans la population française, dans un article du 22 avril 2019 J. Y. Le Gallou a estimé cette proportion à environ 20 % pour la part des immigrés non européens.
Mieux, F. Héran, ponte de l’immigrationnisme, dans une rencontre filmée à France Culture en 2018, a expliqué benoîtement que la proportion des immigrés en France était de près de 25 % : 11 % pour les immigrés et 13 % pour les descendants directs. Notons l’imprécision de F. Héran sur ce ratio de 25 % dont il ne précise pas quelle est éventuellement la part de l’immigration européenne, et quels sont les chiffres de la prise en compte des clandestins.
C’est sans compter la 3e et la 4e génération des immigrés extra-européens, ce qu’il serait difficile de faire car on ne connaît pas les chiffres et il faudrait tenir compte de ceux qui sont authentiquement assimilés. Il convient néanmoins de se souvenir qu’une grande partie de cette population nie toute identité française et se tourne vers le communautarisme africain et maghrébin ou la délinquance et souvent les deux, ce que confirme avec retenue J.‑P. G., (p. 102).
J.‑P. G. considère néanmoins que sur la base des chiffres qu’il présente il est « prématuré de parler aujourd’hui de grand remplacement », (p. 84).
Stratégie islamiste et islamisation de la France
J.‑P. G. avance prudemment que le nombre de Musulmans résidant en France au 1er janvier 2019 se situe dans une fourchette de 7,5 à 9 millions d’individus ; plutôt 8,5 millions. C’est énorme, et confirme sinon dépasse les estimations sérieuses les plus pessimistes.
Selon l’IFOP et l’avenue Montaigne, la partie des musulmans sécularisés et en cours d’intégration en représente la moitié. Les autres resteraient fidèles au culte musulman et 28 %, dont une masse de jeunes, auraient adopté un système de valeurs opposé à celui de la France. 28 %, cela représente 2,4 millions d’individus.
En page 108, J.‑P. G. évalue l’islam radical entre 100 000 et un million de fidèles.
Il détaille « la stratégie islamiste de conquête des territoires et des cœurs » entre l’entrisme, quand l’islam est minoritaire, l’affirmation en situation de minorité forte (entre 10 et 20 %) et, en situation de supériorité, l’appropriation hégémonique du pouvoir. Nous en sommes à 25 %, et cette stratégie est clairement celle qui s’applique sur une large portion du territoire.
J.‑P. G. rappelle que l’Islam ne vit pas en bonne intelligence avec nos valeurs de liberté, que les victimes du terrorisme islamique sont nombreuses (150 000 victimes dans le monde depuis 2001 selon Die Welt), que les enseignants qui vivent dans les mêmes quartiers que leurs élèves craignent des mesures de rétorsion contre eux-mêmes et leur famille, (p. 124) et que l’identité des immigrés musulmans est socialement communautaire.
J.‑P. G. souligne que selon Élisabeth Schemla, un nommé Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), aurait déclaré lors d’une conférence à la mosquée d’Orly en 2013 : « Qui a le droit de dire que la France dans 30 ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça… Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française. » C’est à rapprocher des insultes qu’un islamiste a lancées à A. Finkelkraut : « La France est à nous ».
En définitive J.‑P. G. reconnaît que l’activisme des musulmans leur permet d’imposer leur culture dans les territoires où ils sont majoritaires. En revanche il estime qu’ils ne sont pas assez nombreux pour qu’on puisse parler de grand remplacement. Peut-être, mais ces territoires sont nombreux et étendus.
Les territoires perdus de la France
J.‑P. G. rappelle l’irrésistible progression de la violence liée à l’immigration et à l’islamisation dans les territoires où ces populations sont majoritaires et l’application de la loi des quartiers qui régit les comportements de l’ensemble des résidents.
Il en va de même de l’éducation où la dynamique d’ensemble de l’ethnicisation musulmane se substitue à l’apprentissage de la culture française et à l’enseignement de la République. Le meilleur exemple est la contestation des programmes scolaires. J.‑P. G. conclut provisoirement que le dispositif éducatif n’a jusqu’ici pas vraiment rempli sa mission républicaine de ciment social entre les communautés. C’est le moins que l’on puisse dire.
Il ajoute que selon le rapport Dénécé de 2005 – il y a 15 ans ! – on trouve le même entrisme musulman dans les entreprises. Le cas de la RATP est patent comme le montre l’affaire récente de la « jupe ».
La présentation par J.‑P. G. des « preuves » apportées par les partisans du grand remplacement
Tout au long du chapitre 11, J.‑P. G. présente les arguments et « preuves » du grand remplacement d’une façon teintée de scepticisme : ce sont des anecdotes, des diatribes ou des décisions politiques. On ne peut qu’être surpris lorsqu’il inclut dans son scepticisme le pacte de Marrakech ou les plans de l’ONU sur les migrations qui démontrent pourtant la volonté politique internationale de l’envahissement migratoire de l’Europe !
J.‑P. G. se refuse à présenter une conclusion entre réalité et intox
Tout au long de son ouvrage, J.‑P. G. présente des informations, des données chiffrées et des constats qui pour la plupart, constituent par eux-mêmes autant d’arguments en faveur de la thèse du grand remplacement.
Néanmoins à la fin de la plupart des chapitres, il exprime des doutes sur la validité de cette thèse. Mais comme il le dit, il le fait d’une manière provisoire. Pour lui, les immigrés ne sont pas assez nombreux pour que l’on puisse parler de grand remplacement. Ah bon ? 20 % (Héran cite un ratio de 25 %) de la population française tout de même, hors 3e et 4e générations !
Et quid d’un avenir qui se compte maintenant en quelques années ? Faudra-t-il attendre 2025 pour découvrir, avec surprise et effarement, la mutation irréversible de notre population ?
Au bout du compte, J.‑P. G. préfère ne pas conclure, garder sa position distanciée de sachant et surtout s’abstenir de « faire des prédictions ».
Hé bien si, c’est le moment, d’ailleurs depuis longtemps, de faire face aux réalités et de prendre ses responsabilités pour trancher et conclure après avoir, je me répète, présenté tout au long de son livre des données et des informations qui suffisent à justifier le grand remplacement ou, comme on voudra, le changement démographique, la mutation biologique, la substitution raciale, la bascule ethnique etc…
Il y a urgence lorsqu’un président de la République parle avec une sérénité joufflue et épanouie de la partition en cours de la France. À moins qu’une telle perspective indiffère ?
Conclusion : ceux qui concluent
Nombreux, et d’ailleurs de plus en plus nombreux, sont ceux qui concluent et vont beaucoup plus loin que des constats auxquels on refuse leur véritable portée.
Le premier, et je vais surprendre, est F. Héran qui dans sa conférence de 2018 sur France Culture, déjà citée, a expliqué que la France ne fait pas l’objet d’intrusions massives – autour de 400 000 entrées/an quand même aujourd’hui – mais que depuis très longtemps elle connaît une « infusion durable » qui peut changer la composition de la population au bout de plusieurs décennies. Nous y sommes mais, lui, ça ne le choque pas, il y serait plutôt favorable.
Et puis il y ceux qui prédisent de graves conflits internes, sujet d’ailleurs abordé par J.‑P. G. Citons-en deux, remarquables : Ivan Rioufol, La guerre civile qui vient et Gérard Pince, Le choc des ethnies.
Mais il faut surtout évoquer la mémoire de Guillaume Faye et son livre paru peu de temps après sa disparition : Guerre civile raciale.
Dans cet ouvrage, G. Faye, avec des accents de prophète biblique, analyse la menace mortelle pour nous que représente l’immigration massive d’extra-européens conquérants :
« Il existe trois hypothèses concernant la suite des événements :
La première, la pire, serait celle de la soumission. Pour faire la guerre et pour vaincre il faut être deux. Si, face aux envahisseurs étrangers les Français blancs ne se défendent pas, il n’y aura pas de guerre. Ce sera le pourrissement, l’effondrement sans vrai combat ni vengeance isolée. C’est une possibilité que je n’exclue pas du tout.
La deuxième hypothèse, c’est l’éclatement d’une guerre civile raciale avec défaite des autochtones français et des Européens ethniques, ayant contre eux leur propre État collaborateur.
La troisième hypothèse, c’est celle d’une guerre civile victorieuse, avec des conséquences historiques incalculables, dont l’effondrement de tous nos paradigmes politiques. »
Aux Français et aux Européens occidentaux de faire leur choix. Les nations de Visegrád ont tranché et choisi.
André Posokhow 16/05/2019
Crédit photos : Irish Defence Forces [CC BY-SA 2.0] via Flickr / Voice of America [Domaine public] via Wikimedia Commons / Gémes Sándor [CC BY-SA 3.0] via Wikimedia Commons
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