La passivité des Français devant le cynisme et l’indécence du pouvoir est incompréhensible. Seule la complicité de médias qui ne remplissent pas leurs devoirs d’information et de critique sérieuse peut l’expliquer. Le premier exemple en est fourni par l’annonce d’une nouvelle taxe, sur les billets d’avion.
On se souvient que la colère des « gilets jaunes » avait été provoquée par l’augmentation des taxes payées sur le carburant par les automobilistes. C’était la goutte de trop qui avait fait déborder le vase dans un pays qui ne parvient pas à diminuer ses dépenses mais multiplie les prélèvements obligatoires.
L’inventivité, pour ce faire, est sans limite : 360 impôts et taxes ! Le Premier ministre Édouard Philippe avait, après le grand débat (l’éteignoir à gilets jaunes qui a parfaitement rempli son rôle), fait son acte de contrition : « Notre pays atteint aujourd’hui une forme de tolérance fiscale zéro. Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts. » Depuis cette déclaration solennelle, on a appris que la suppression de la taxe d’habitation a été retardée d’un an, et maintenant, au début de l’été, voilà une nouvelle petite taxe qui sort en douce pour confirmer que le gouvernement se moque ouvertement des Français dont il a mesuré la crédulité.
La main sur le cœur, les ministres concernés proclament qu’il s’agit d’une mesure écologique. La France, toujours soucieuse d’offrir son exemple au reste du monde, béat d’admiration, va taxer « le kérosène » au travers des places achetées sur son territoire métropolitain. Premier argument, donc : la lutte contre le réchauffement climatique. Second argument, plus discret : comme les passagers des avions ont, en moyenne, des revenus supérieurs à ceux des usagers de la route ou du train, c’est une mesure de justice sociale. Troisième argument : les recettes seront affectées aux transports du quotidien, donc le circuit est fermé, écologique, social, et ne touchant que le transport sans se perdre dans le budget général.
On aura reconnu sans peine le discours présidentiel camouflant la recherche de ressources budgétaires derrière la croisade climatique. Ceci montre l’entêtement d’un pouvoir qui, quel que soit le mécontentement, entend poursuivre une route que son intelligence sans faille autoproclamée lui donne le droit d’imposer aux gens qui ne sont pas grand-chose.
L’impact dans le choix du mode de transport sera faible, car le gain de temps engendré par l’aérien demeure la raison essentielle de cette préférence. L’impact économique sera, lui, considérable car, une fois de plus, c’est la compagnie nationale qui sera de loin la plus touchée, puisque 50 % de son activité est liée au territoire national, et 50 % du prix d’un billet, ce sont des taxes ! Ce seront 60 millions d’euros de coût supplémentaire pour Air France, mal récompensée de ses efforts qui lui ont permis de diminuer de 20 % la consommation de kérosène de ses avions entre 2011 et 2018 ! Une mesure budgétaire et démagogique frappe donc de manière sélective un fleuron français, en affaiblissant sa compétitivité. Ce n’est pas glorieux. C’est une balle dans le pied ! Une taxe sur le kérosène aurait pu être incitative au progrès. Celle sur les billets est purement punitive. Enfin, les recettes seront versées à l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France).
Au fait, ce ministre, c’est M. de Rugy, devenu « Homard m’a tué » depuis que Mediapart a appris aux Français que le ci-devant président de l’Assemblée nationale n’hésitait pas à ouvrir des flacons à 500 euros la bouteille pour recevoir avec son épouse des relations qui ne sont pas des amis. Il est vrai qu’après ce genre d’indiscrétion, il en reste peu. Aphatie regrette d’y être allé. Un journaliste de L’Obs dit s’y être ennuyé. L’ennui des bobos parisiens du gauchisme caviar n’a décidément pas de prix !