Ce n’est qu’un point de popularité de moins, mais un point qui en dit long, et qui a valeur de symbole.
La presse ne s’y est d’ailleurs pas trompée en ne minimisant pas la contre-performance du président de la République dans ce sondage mensuel de l’IFOP pour le JDD. Il recueille 33 % de bonnes opinions et 64 % de mauvaises.
Cette chute minime de 1 % aurait pu ne pas être significative car, en même temps, le taux de mécontents baisse aussi de 2 %. Et pourtant, elle est hautement symbolique pour Emmanuel Macron. Pour trois raisons.
D’abord, elle met un coup d’arrêt à sa longue remontée depuis le plus bas atteint en décembre dernier, au plus fort de la crise des gilets jaunes, quand sa cote de popularité était tombée à 23 %. « C’est un petit tournant, la fin de la remontée », constate Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP.
Ensuite, cette baisse surprise intervient dans une période faste pour Emmanuel Macron, marquée par une offensive de communication tous azimuts : sommet du G7 à Biarritz, discours surprise sur l’immigration, sans compter la une du Time censée redorer son blason, avec moult photos du Président aux chemises retroussées tel que le grand débat nous l’a montré. Ce déluge de com’ a visiblement laissé les Français de marbre, ou les a peut-être agacés. Il pourrait bien être contre-productif pour lui et ancrer plus profondément encore l’idée d’un décalage entre les paroles et les actes : de plus en plus, Emmanuel Macron aura du mal à se défaire de l’image du Président bla-bla, née lors du grand débat, et qui fait florès dans toutes les manifestations. Le HuffPost nous apprend, ce dimanche, qu’« à l’ONU, Macron veut surfer sur la vague de Biarritz ». Pas certain que les Français soient sensibles à ce Président surfeur.
Enfin, Emmanuel Macron, s’il se maintient dans son socle historique, subit de lourdes pertes dans des catégories à qui, justement, on ne la fait pas, et qui ne sont pas dupes de cette com’. Et il perd des deux côtés, sur les deux thèmes centraux de l’heure : le climat d’une part, qui mobilise la gauche, les jeunes et certains milieux aisés ; l’immigration d’autre part, qui est au cœur des préoccupations de la droite et des classes populaires. Pour le premier, l’IFOP enregistre même une chute spectaculaire de 8 % chez les 18-24 ans et de 12 % dans l’électorat écologiste. Sans compter l’impact anxiogène de la réforme des retraites.
Ces mouvements, dont on a de bonnes raisons de penser qu’ils seront durables (car on voit mal comment il pourrait s’attaquer en profondeur à ces deux problèmes en même temps autrement que par la com’ aujourd’hui à l’œuvre) sont inquiétants pour l’avenir politique d’Emmanuel Macron. En effet, il n’évitera pas, lors des prochains scrutins, et jusqu’à la présidentielle, l’émergence d’une gauche écologiste qui lui ravira de précieux électeurs. Quant à sa sortie sur le thème de l’immigration, elle ne fait que conforter et crédibiliser la droite et le Rassemblement national : les Français préféreront toujours l’original.
Ce petit point de popularité en moins en dit long sur la défiance durable que suscite le président de la République pour deux tiers des Français.
Pascal Célérier pour bvoltaire.fr
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