Connaissez-vous la moindre association, la moindre société, la moindre « amicale des joyeux pétanqueurs », le moindre club qui ne prévoie, dans son règlement intérieur ou dans ses statuts, comment doit se dérouler le départ de l’un de ses membres ?
Moi pas. C’est pourtant bel et bien ce qui se passe dans « l’Union européenne » avec le Brexit. On met sur le dos des « Grands-Bretons » l’incroyable imbroglio qui empêche de trouver une solution depuis des années et des années à la façon dont doit se dérouler le départ de « la perfide Albion ». Mais si on en est arrivé là, à qui la faute, sinon à l’Europe qui ne prévoit rien de suffisamment clair en cas de départ de l’un de ses membres ? L’Europe, c’est pourtant la championne de toutes sortes de réglementations diverses et variées. Tenez, par exemple, il existe une réglementation très stricte au niveau européen sur la taille du concombre. Mais sur les modalités de sortie d’un pays : nada, ou quasiment.
Les Anglais ont bien compris quels avantages ils pouvaient tirer de ce joyeux flou artistique qui n’est absolument pas de leur fait.
Un parti essentiellement national pour régler tous leurs comptes internes (et leurs comtes !), avec toute la joyeuse et pittoresque « perfidie » dont ils sont capables dès lors qu’il s’agit d’interpréter des « règlements ».
Cette histoire du Brexit est d’autant plus « abracadabrantesque » qu’il a toujours été reproché aux Britanniques de n’avoir jamais réellement été « dans l’Europe » : c’est ainsi que l’euro n’a jamais remplacé la livre au Royaume-Uni, avec des situations cocasses pour celles et ceux qui, comme moi, aiment voyager en Irlande : livre au nord et euro au sud. Quand passe-t-on du nord au sud de l’Irlande et réciproquement, nul ne le sait ni ne s’en rend compte. Moralité : on prend indifféremment l’une ou l’autre monnaie, pragmatisme oblige.
Et que fait donc le « commissaire européen chargé du Brexit », le transparent Barnier, dans tout cela ? Rien, absolument rien d’autre que de critiquer l’attitude britannique.
Les députés anglais, eux, sont au boulot, en train de décortiquer avec une minutie toute britannique chacun des termes de l’accord de Boris.
Pour finalement en arriver à quoi ?
Redevenons pragmatiques. Mon prof de golf (une véritable encyclopédie) se plaît à raconter l’histoire authentique suivante.
Lors d’une compétition professionnelle internationale très officielle, un joueur envoya sa balle dans l’orange givrée qu’un spectateur dégustait à la terrasse du clubhouse. Que faire ? Les arbitres se penchèrent longuement sur le règlement pendant des heures et des heures, interrompant le tournoi. Rien, dans les règlements, ne prévoyait un tel cas de figure. Qu’advint-il, finalement ? Naturellement, le joueur fut autorisé à jouer sa balle de là où elle était, il grimpa sur la table et balança un grand coup de fer dans l’orange qui vola en éclats avec le reste de la table. Mais le joueur était revenu dans le droit chemin, sans pénalité, pragmatisme et réalisme obligent.
Puisse le Brexit finir ainsi, ce serait de l’intérêt de tout le monde : « Renversons la table » et reconstruisons une Europe solide, forts des errements passés.
C’est d’autant plus urgent que les empires se reconstituent et s’unissent : l’Empire russe, l’Empire chinois, l’Empire ottoman…
Y avait-il un « vrai Européen » à Yalta lors du partage du monde ?