En cette veille de Noël, comme on aimerait pouvoir ne penser qu'au charme millénaire de cette fête, retrouver nos souvenirs d'enfance dans la joie de nos familles, la chaleur de l'amitié. Quoiqu'il advienne, du reste, l'espérance doit l'emporter sur les tristes contingences du quotidien. Ainsi, l'auteur de cette chronique dans les pires moments de solitude ou de dévastation voudrait toujours s'accrocher, d'abord, aux quelques perspectives positives qui demeurent dans notre pauvre Europe.
La lecture matinale du quotidien Le Monde, qui donne le ton des humeurs hexagonales, corrigerait cependant tout excès improbable d'optimisme. Ainsi ce 24 décembre, peut-on lire en vedette sur la page d'accueil : "Réforme des retraites : l’exécutif ne parvient pas à imposer une trêve de Noël".
Quelle délicieuse illusion, en effet, que de croire, au beau milieu d'une bataille déclenchée par l'amateurisme du pouvoir, que les adversaires de son projet renonceraient. Ils déposeraient en rase campagne, la seule arme dont ils disposent : la continuation d'un blocage partiel du pays. Les beaux yeux de Mme Buzyn et la substitution d'un Pietraszewski au glorieux Delevoye n’ont pas suffi à calmer le jeu. Les valses hésitations des discours officiels eux-mêmes ne font que renforcer l'inquiétude. Ceux qui, jusqu'ici, attendaient d'un mécanisme de Répartition garanti par l'État central parisien la perspective de leurs vieux jours, découvrent l'incertitude du dispositif. Le trouble s'accroît, il ne dispose plus, faute d'un parlement crédible, que de la rue pour exprimer la révolte de ceux qui se sentent les plus menacés.
Mais on aurait tort d'imputer à ses ministres, mot qui, ,n bon latin désigne ses serviteurs, les fautes d'un président élu au bonneteau, et par défaut, en 2017 et qui n'a plus comme obsession que de recommencer son opération en 2022.
À défaut de s'exprimer à Paris, où il devient de plus en plus inaudible et où les difficultés s'accumulent c'est seulement depuis la Côte d'Ivoire qu'il cherche à se faire entendre. Et ce personnage, qui décide de toutes les orientations du gouvernement, nous rappelle combien il incarne l'ignorance, la maladresse et la dérision.
Le "colonialisme a été une erreur profonde, une faute de la République". Renouvelant la repentance lamentable exprimée dès 2017 en Algérie, de telles déclarations scandaleuses de M. Macron, ce 21 septembre à Abidjan, à propos de la colonisation, méritent donc d'abord d'être placées dans leur contexte.
Toutes les décisions actuelles de l'État central parisien sont placées sous le signe d'un surendettement. Celui-ci vient, symboliquement et statistiquement, de dépasser le seuil de 100 % du produit intérieur brut. Mais on croit encore possible en haut lieu de présenter pour glorieuses et généreuses les adaptations amères qui en résultent.
Disons le tout net : il s'agit là d'une double erreur, cela ne suffira pas et cela ne prend pas.
En l'occurrence, il s'agissait pour le président français de présenter favorablement la disparition du franc CFA. On s'achemine en effet vers la création d'une nouvelle monnaie, commune à 8 pays francophones désireux de s'entendre avec le Nigeria, sans aucune référence à la Banque de France. Ça coûtera moins cher au contribuable, autant le dire d'emblée.
On savait, à l'avance, dans les rédactions parisiennes, que la question du franc CFA, sans figurer à l'ordre du jour, représentait en fait le principal objet de sa venue en Côte d’Ivoire.
Serrant dans ses bras Alassane Ouattara, il imagine sans doute que cet islamique bien décidé à se livrer au plus offrant, se félicitera de la repentance. "La France est perçue", si l'on en croit les déclarations de son mandataire apparent, comme ayant "un regard d’hégémonie et des oripeaux d’un colonialisme qui a été une erreur profonde, une faute de la République".
Quelle folie que de croire qu'avec ce genre de phrases on gagnera le cœur des"jeunes".
Pour commencer, il semble donc nécessaire de rappeler la situation réelle à ce petit technocrate, et à quelques autres personnages non moins déplorables. Depuis le vote du parlement d'Ankara du 21 décembre, la Turquie d'Erdogan, d'un côté, en rivalité avec la Russie, de l'autre, s'apprêtent à se partager la Libye. Dans le meilleur des cas, ces deux pays rivaux, ont entrepris de reconstituer l'ancienne division entre Tripolitaine et Cyrénaïque. Au même moment la Chine déploie sa puissance de frappe financière et industrielle sur tout le continent noir. Partout de nouveaux impérialismes foisonnent, certes en liaison avec l'islamisme, mais aussi remarquons-le, en relation avec des appétits évidents pour les richesses du sous-sol en hydrocarbures et en matières premières.
S'il est bien au contraire une caractéristique de la présence française en Afrique, c'est que les intérêts économiques y jouèrent un rôle secondaire, parfois utile, certes, mais qui n'efface pas la noblesse et l'idéalisme des milliers de Français, d'instituteurs laïcs et de missionnaires chrétiens, d'administrateurs, de militaires et d'ingénieurs, de médecins et d'infirmières catholiques qui œuvraient pour le progrès et la liberté des Africains.
Beaucoup plus nombreux que ne le croient sans doute nos actuels gouvernants, les intéressés, en dehors des sorciers obscurantistes et des imams esclavagistes, s'en souviennent et savent comparer les motivations de leurs interlocuteurs.
De la part du représentant de la France, c'est un déshonneur, une insulte et une erreur, que de ne pas d'abord marquer la continuité de cette œuvre magnifique, l'un des rares héritages méritoires de la troisième république.
Mais, nous le savons hélas, le petit homme arrogant, élu par défaut en 2017, n'en est plus à une faute de goût près. On voudrait certes pouvoir lui pardonner, s'il nous le demande, en cet anniversaire de la naissance du Christ. Pardonner sans doute. Mais il ne faudra pas l'oublier.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2019/12/lignorance-la-maladresse-et-la-derision.html