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La FANE, une étrange organisation
Franck Buleux nous offre, aux éditions Synthèse nationale, un panorama de ce que fut la Fédération d’action nationale européenne (FANE), qui exista un peu plus de quatorze ans, entre 1966 et 1980. Fondée par Marc Fredriksen (1936-2011), un employé de banque résidant au cœur de la Seine-Saint-Denis, célibataire, amateur invétéré de tabac, fumant la pipe, peu charismatique, la FANE fut, dit Franck Buleux, « probablement l’ultime tentative, sur notre territoire, de former un parti révolutionnaire, d’inspiration nationale-socialiste européenne ». Après l’échec des nationaux, soutiens de Jean-Louis Tixier-Vignancour, à l’élection présidentielle de 1965, le mouvement entreprit de dépasser les deux thématiques traditionnelles de l’extrême droite française : le nationalisme étatique et l’anticommunisme. Qui était l’ennemi principal, selon l’expression de Carl Schmitt et de Julien Freund ? La guerre des Six-Jours permettra de le désigner : ce seront l’ensemble des soutiens à Israël, y compris, et même surtout, parmi les organisations et cadres de l’extrême droite concurrente. Le Système considéra (ou plutôt fit semblant de considérer) que la FANE était cet astre sombre, expression d’une internationale brune, un danger quasi mortel pour la démocratie, et finit, bien sûr, par la dissoudre.
La FANE, un mouvement national-socialiste
La FANE, qui militait « pour une Europe populaire, unitaire et blanche » est née le 8/4/1966 de la fusion de trois groupuscules : le Comité de soutien à L’Europe réelle, les cercles Charlemagne, issus d’Occident, et Action Occident que présida Marc Fredriksen, qui fut aussi membre de la Restauration nationale. Tout cela ne représentait que quelques dizaines de militants. La revue Notre Europe, organe de « combat pour un nouvel ordre européen » en sera l’organe de presse. Elle fusionnera avec les Cahiers européens de François Duprat, après son assassinat en mars 1978. Passons rapidement sur quelques événements qui jalonnèrent la vie de ce mouvement. En 1970, la fusion avec Jeune Europe, mouvement dirigé par Nicolas Tandler ; en 1973, la tentative de diffusion dans les kiosques de la revue : un échec financier qui entraîne la disparition de la revue pendant cinq ans ; la candidature de Marc Fredriksen aux législatives de 1978 (1,4% des suffrages) sous l’étiquette Front national. Décidément, on n’était pas encore dans l’ère de la dédiabolisation ! L’assassinat de François Duprat le 18/03/1978 ; Le Congrès « fasciste européen, le26/01/1980 à l’hôtel Sofitel, à Roissy, en présence de délégations européennes. Le congrès se tient malgré l’interdiction préfectorale avec comme slogan quelque peu optimiste : « FANE vaincra ! ». Ce sera un des prétextes pour la dissolution du mouvement, quelques temps plus tard. La menace de dissolution amène la création des Faisceaux nationalistes européen, comme structure de repli. Henry-Robert Petit, ancien secrétaire général du Rassemblement anti-juif avant la Seconde Guerre mondiale, puis adjoint de Louis Darquier de Pellepoix, responsable des Affaires juives durant l’Occupation, proche de la FANE, en sera le dirigeant sur le plan administratif. Et puis, il y aura l’attentat meurtrier de la gare de Bologne (85 morts et plus de 200 blessés, le 2 août 1980), et la mise en cause de la FANE dans ce massacre, en la personne de l’inspecteur de police français Paul Durand, membre du bureau politique du parti et responsable des relations avec les nationalistes révolutionnaires transalpins. Il n’y était évidemment pour rien, mais le pouvoir en prit prétexte pour dissoudre le parti, le 03/09/1980. La dissolution eut donc lieu avant l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic du 10/03/1980. L’attentat sera revendiqué par un provocateur, Jean-Yves Pellay, garde du corps de Marc Fredriksen, au nom des Faisceaux nationalistes européens (FNE) qui avaient succédé à la FANE. Nous y reviendrons car l’affaire est pleine d’enseignements. Mais quel était le programme de la FANE ?