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Démissions collectives à l’hôpital !

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Puisque le gouvernement ouvre sa hotte de père Noël pour calmer une à une diverses corporations, il fallait s’attendre à ce que les médecins hospitaliers ne manquent pas sous le sapin. Et il est bien vrai que la situation de nos hôpitaux est pour le moins alarmante : bagarres aux urgences, décès sur des brancards, enfants transférés à 200 km faute de lits… chaque jour en apporte une nouvelle illustration. Aujourd’hui même, c’est probablement le squelette d’un patient disparu en octobre 2018 de l’hôpital de Béziers qui vient d’être découvert derrière la haie du parking du personnel !

Six cents chefs de service et près de cinq cents responsables d’unités viennent donc d’annoncer leur démission de leurs « fonctions d’administration, de gestion et de représentation ». Rassurons leurs familles, il est peu probable que cette « démission » affecte leurs bulletins de salaire : le terme de grève administrative semblerait plus pertinent.

En pratique, et comme l’annonce le professeur Grimaldi, chef de file du mouvement, ces médecins « ne feront plus ce qui selon eux ne fait pas partie de l’intérêt des malades. Par exemple les tableaux de bord, les indicateurs de qualité… Tout cela ne sera plus notre problème. […] Arrêtons de considérer l’hôpital comme une entreprise. »

Or, c’est précisément parce que l’hôpital n’est pas une entreprise, mais est depuis longtemps devenu une administration, que rien n’y fonctionne normalement. Et qu’on y a embauché des masses de personnels administratifs dont la seule tâche semble être de compliquer celle de ceux qui soignent vraiment ! Comme les infirmières dont le salaire moyen est classé 28e sur 32 pays de l’OCDE, et dont un tiers fuient l’hôpital cinq ans après leur première prise de fonctions…

« Ce qui nous coûte le plus cher en France, ce sont les frais de gestion », assène le professeur, qui cite l’exemple des codeurs : « À la Salpêtrière, où je travaille, nous avons recruté 14 % de codeurs en plus en dix ans. Nous réalisons moins d’actes, mais il y a une augmentation du chiffre en général. » Explication : les codeurs sont un nouveau métier (souvent médecins), né de la « T2A » (tarification à l’activité), dont le travail consiste à transmettre à la direction les informations permettant de facturer à la Sécurité sociale les actes effectués. Contrairement au conseiller fiscal, qui s’efforce de faire baisser la note, le codeur, lui, a la tâche inverse, et dans tous les établissements de soins. Mauvaise graisse dont la masse salariale vient s’ajouter à celle des « qualiticiens », consultants, ressources humaines, services de communication… sans aucun intérêt pour les patients. On n’en finirait pas de lister les éléments d’une organisation aussi pléthorique que catastrophique, dont l’innommable informatisation des dossiers médicaux, car n’ayant pas été pensée pour les médecins…

Face à cela, les établissements de soins privés qui, quoi qu’on dise, prennent en charge le même type de pathologies que les hôpitaux, arrivent le plus généralement à vivre correctement, à payer des salaires décents, à conserver leur personnel médical et paramédical (tout en étant rachetés par de grands groupes, hélas souvent étrangers).

Mais ce n’est pas le professeur Grimaldi, ex-trotskiste toujours entouré dans ses activités associatives et militantes de la fine fleur de l’antilibéralisme médical et des thuriféraires du service public, qui nous expliquera pourquoi les deux mondes diffèrent à ce point.

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