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Alors que l’insécurité est devenu un problème majeur dans les métropoles bretonnes – en particulier à Nantes – la question de la police municipale s’est imposée dans la campagne électorale pour les prochaines municipales. Sur ce sujet – et sur d’autres – nous avons recueilli l’avis de Jacques Bompard, maire d’Orange.
Depuis 25 ans, Jacques Bompard, fondateur de la Ligue du Sud et ancien du Front national, est réélu à chaque élection maire d’Orange.
Orange, ville du Vaucluse, de 30 000 habitants, devenue un laboratoire, ou plutôt la preuve par l’exemple que lorsqu’un candidat identitaire et patriote s’investit localement en donnant 100 % de sa personne, cela fonctionne, puisqu’il est réélu. Il a même quitté la députation pour s’occuper pleinement de sa commune (impossibilité du cumul des mandats oblige).
Sera-t-il à nouveau réélu en cette année 2020 ? Rien n’est joué. Néanmoins, avec une dette nulle désormais (fait rare pour une ville de cette taille) et une police municipale qui rassure (souvent citée en exemple au-delà d’Orange dans un département pas des plus sécurisés), le maire sortant a de la matière pour défendre son bilan, y compris lorsque son opposition pointe du doigt une démographie en baisse, ou encore une gestion « à la dure » y compris des relations avec l’opposition.
À quelques semaines de l’échéance, nous avons interviewé Jacques Bompard.
Jacques Bompard : Parce que le travail n’est pas terminé. Parce que je veux préserver ce qui a été fait. Vous connaissez la devise d’Orange : « Je maintiendrai ».
Ces 25 années se sont écoulées très vite parce qu’elles ont été des années actives qui ont permis le redressement de la Ville d’Orange, et la mise en application d’un savoir-faire local qui a su prouver son efficacité. Surtout, malgré les diatribes de la presse nationale et le rouleau compresseur médiatique, les Orangeois ont pu constater très rapidement les mensonges qui étaient colportés sur moi, et s’apercevoir par eux-mêmes de mon combat quotidien pour le bien commun.
J’aime quand les choses avancent vite, mais le temps administratif est un temps long. Il faut souvent un à deux mandats pour voir aboutir des projets d’envergure. Il a fallu 20 ans pour épurer la dette. Il en a fallu autant pour réhabiliter l’Avenue de l’Arc de Triomphe entre les premières études en 1997 et l’inauguration en novembre 2017. Patience et persévérance sont des qualités obligatoires. Il faut avoir l’esprit de suite malgré les inévitables obstacles règlementaires, lesquels ne cessent d’évoluer sous les coups de l’inflation législative : 11 000 lois et 127 000 décrets pèsent sur nos épaules. Sans compter qu’Orange a longtemps dû agir dans l’isolement le plus total, sans subventions d’autres collectivités et sans les arrangements de coteries qui se sont emparées de la République il y a bien longtemps. Nous avons montré notre résilience malgré les coups et les refus pénalisants comme celui des services de l’État à l’encontre de l’ensemble aquatique qui devait remplacer la piscine obsolète de la colline Saint-Eutrope. De nombreuses réalisations sont à venir. Orange rayonne désormais sur tout un territoire.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous votre succès sur ces 25 dernières années ?
Jacques Bompard : Il ne me revient pas de m’autocongratuler, mais il demeure objectif de constater qu’en effet les Orangeois sont plutôt satisfaits du travail accompli. Pour comprendre cela, il y a une méthode imparable : j’ai fait exactement l’inverse de ce que font ou recommandent les partis politiques. J’ai baissé les impôts locaux de 25 %. J’ai résorbé la dette abyssale de la Ville. J’ai pris à bras-le-corps le combat contre l’insécurité. J’ai lancé une grande politique de rachat et de préemption pour lutter contre les marchands de sommeil. J’ai rendu au cœur de ville et aux axes historiques d’Orange, à ses monuments antiques, un lustre qui avait disparu.
J’ai favorisé le stationnement en centre-ville et à son immédiate proximité. J’ai arrêté le clientélisme associatif et les gabegies financières. Enfin, et surtout, j’écoute les Orangeois. Je les croise sur le marché tous les jeudis, ou je les reçois dans mon bureau quand ils le souhaitent. C’est un principe, ma porte leur est toujours ouverte : je suis à leur service. Attention, cela ne veut pas dire que je dis oui à tout. C’est là la pire tentation du pouvoir : s’amuser d’une puissance toute relative pour distribuer des privilèges. Parfois, souvent même, il faut dire non. Non pas contre la personne, ou l’association demanderesse, mais pour le bien commun, et donc les Orangeois. Résoudre un problème ou une difficulté, ce n’est pas satisfaire un besoin immédiat, mais plutôt diagnostiquer la cause avec la personne qui en souffre et trouver les moyens d’agir contre cette cause. C’est sans doute un reste de ma formation médicale.
Breizh-info.com : Vos adversaires politiques vous accusent de coups bas, de violences, mais aussi d’avoir mis en place un « système » très peu démocratique. Que leur répondez-vous ?
Jacques Bompard : Ces reproches sont des billevesées d’une opposition qui fantasme et qui révèle son incapacité crasse à se construire intelligemment. La Ville d’Orange est d’une transparence absolue dans toutes ses démarches : conseils municipaux filmés, libre accès à tous les documents désirés sur internet, rien ne peut nous être reproché sur ce point. Je ne vois pas quel système j’aurais pu mettre en place hors du cadre des règlements et de la loi…
Finalement, le seul système que cette opposition conteste, c’est justement la démocratie qui ne l’a pas choisi elle, mais mon équipe, et ce depuis 25 ans. Je rêverais d’une opposition intelligente, sensée, avec laquelle nous pourrions discuter, frotter nos idées pour la ville.
Ceux avec qui c’était possible ont fini par me rejoindre à l’instar de mon adjointe aux Affaires scolaires, Marcelle Arsac, qui a longtemps été mon opposante socialiste au conseil municipal. Quant aux coups bas, les lettres au préfet, les signalements abusifs à la CRC, les communiqués permanents dans la presse, le harcèlement photographique, j’en passe, sont le fait de l’opposition, non le mien.
Breizh-info.com : Vous expliquez avoir totalement éradiqué la dette de la commune. Quel était son montant il y a 25 ans ? Un maire qui assainit des finances, c’est donc possible ? Quelle est la clé ?
Jacques Bompard : En 1995, la dette d’Orange dépassait les 45 millions d’euros, soit plus de 1 500 euros par habitant. Depuis 2015, nous avons 0 euro de dette. Dans le même temps, nous avons permis aux Orangeois d’économiser 48 millions d’euros, non prélevés grâce aux baisses d’impôts. Cela représente 1 583 euros en moyenne par habitant. Soit quasi la somme due en 1995. Donc, nous avons exactement renversé la situation en bilan positif. La clé ? Comme je vous le disais, nous avons fait exactement l’inverse des autres.
Oui, il est possible d’assainir les finances. Surtout, contrairement aux médisances habituelles, nous n’avons pas arrêté d’investir : Orange a investi 361 millions d’euros ces 25 dernières années. La Ville ne s’est jamais autant transformée que ces deux dernières décennies.
Alors comment est-ce possible ? Nous avons été scrupuleux sur les dépenses et favorisé l’autofinancement. Nous avons centralisé les achats. Nous avons renégocié tous nos contrats et nos délégations de service public. Nous avons rendu obligatoire les appels d’offre et valorisé le moins-disant. Nous n’avons jamais lâché la bride, et toujours veillons sur les comptes de la Ville avec autant d’attention aujourd’hui qu’hier. En 2019, nous avons encore réussi à baisser nos dépenses de fonctionnement entre 5 et 25 % selon les services. Depuis 3 ans, nous appliquons la même rigueur à l’intercommunalité, laquelle est très endettée : nous avons déjà réussi à rembourser 10 millions d’euros de dette.
Cette gestion vertueuse se fait sous l’œil attentif de l’État qui nous a envoyé l’inspection de la Chambre régionale des Comptes par 3 fois en 4 mandats ! Comprenez, une collectivité qui arrive à faire plus tout en se libérant de la dette et en baissant les impôts, c’est très suspect.
Breizh-info.com : Par ailleurs, votre police municipale est souvent citée en exemple. Quelles sont ses prérogatives, ses missions principales, son effectif proportionnellement à votre nombre d’habitant ? Ses rapports avec la police nationale, mais aussi avec la population ?
Jacques Bompard : Sous la mandature socialiste, au bon temps du gauchisme triomphant, la police municipale n’avait pas le droit de s’occuper de sécurité. Cette aberration a été notre première correction.
Nous avons donné pour mission principale à la police municipale de veiller à la sécurité des Orangeois et de leurs biens. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous avons une délinquance inférieure de 25 % aux villes de la même strate que la nôtre. Mieux, l’insécurité a baissé de 18 % entre 2018 et 2019 à Orange d’après les relevés de la police nationale. Pour autant, nous savons que c’est un combat permanent, et comme pour les finances, il ne faut pas relâcher la veille. Sans la sécurité, l’exercice des libertés individuelles est impossible.
Nous disposons d’un effectif de 34 fonctionnaires présents sur le terrain, équipés avec tout le matériel nécessaire : Glock 17, taser, caméra-piéton, matraque et 1 flashball dans le véhicule d’intervention. Nous avons une brigade moto et un maître-chien spécialisé dans la détection de poudre, de drogue et de billets. Les équipes sur le terrain sont aidées et renforcées par 4 fonctionnaires du Centre de supervision urbaine qui surveillent 24 heures sur 24 les écrans des 62 caméras de vidéoprotection disposées dans la ville. Pour se donner une bonne idée de l’efficacité et de la coordination entre les équipes en patrouille et les caméras, je vous conseille le reportage « Enquête sous haute tension », tourné à l’été 2018 et régulièrement rediffusé sur C8.
Nos rapports avec la police nationale sont excellents et nous apportons un soin particulier à entretenir un contact régulier et transversal entre toutes les forces de l’ordre présentes sur la commune : la police nationale avec laquelle nous travaillons en permanence, mais aussi l’antenne du GIGN, la brigade d’autoroute de la gendarmerie, la garnison de la gendarmerie mobile et les sapeurs-pompiers.
La sécurité demeure une compétence régalienne, donc à la charge de l’État, mais sur ce dossier comme sur les autres, le désengagement est tel qu’une commune a le devoir d’agir pour préserver le bien commun, c’est-à-dire la paix civile.
Breizh-info.com : En dehors d’Orange, quel regard portez-vous sur la situation politique en France ? Y a-t-il des maires ou des candidats ailleurs avec qui vous aimeriez travailler ou vous travaillez déjà ?
Jacques Bompard : Depuis mon adolescence, je me bats contre la trahison, laquelle caractérise la Vème République depuis son origine. La situation de la France est l’exact reflet des trahisons successives de nos gouvernants qui ont soit vendu le pays, soit abdiqué par lâcheté. Le poids idéologique du prêt-à-penser a accéléré et absout cette trahison à grande échelle. À d’autres époques, beaucoup auraient été pendus pour moins que cela… Et je ne vois pas dans le jeu politique actuel de relève antisystème. Je ne crois pas aux candidats validés par la télévision : s’ils bénéficient de l’appui médiatique, c’est parce qu’ils souscrivent en tous points au prêt-à-penser. Les personnes qui demeurent droites aux principes et à la défense du bien commun ne sont pas réinvitées. Je l’ai vu et vécu lors de mes expériences législatives, particulièrement lors du débat sur le mariage pour tous.
C’est pourquoi je ne vois de salut que dans la prise du pouvoir local, là où l’expérience démocratique est encore possible pour un temps. C’est ce que j’appelle le localisme. Ce n’est pas une doctrine, plutôt une méthode. Il s’agit de reconquérir le pouvoir par la base et une multiplication des implantations locales, loin des intérêts des partis parisiens et au plus proche de la confiance et de la vérification des électeurs. En quelques mots, ce qui se fait à Orange et à Bollène devrait se dupliquer dans toutes les villes de France. L’appareil politique suivrait naturellement avec la conquête des circonscriptions législatives et des départements. Seulement, il n’y a de richesses que d’hommes, et cela demande du travail, de l’ascèse et de la persévérance : des qualités souvent anéanties par le matérialisme, même chez les personnes de bon sens.
Pour répondre à la deuxième partie de la question, outre la Ville de Bollène avec qui nous entretenons de merveilleuses relations puisque mon épouse Marie-Claude Bompard y est maire depuis 12 ans, nous avons toujours eu plaisir à échanger avec Robert Ménard. Nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous n’avons pas la même formation politique, mais je pense qu’il est l’un des rares à avoir saisi justement toute l’importance du localisme. Je suis aussi proche de l’association des maires pour le Bien commun fédérée par le maire de La Bussière Éric Viaud. Plus localement, je soutiens la candidature de Valérie Laupies à Tarascon qui fait une très belle campagne malgré le parachutage d’un candidat RN au dernier moment. Le RN fait d’ailleurs la même chose à Orange et à Bollène : meilleure preuve s’il en est de la logique néfaste des partis politiques quels qu’ils soient. C’est pourquoi en conclusion je conseillerai en guise de soutien à Bertand de La Chesnais, candidat à Carpentras, de regagner dès qu’il le pourra son indépendance.
Propos recueillis par YV