Les élections municipales ont deux faces inégales selon la taille de la commune. Ce sont des scrutins locaux destinés à pourvoir villages et villes des élus qui vont les gérer, les administrer, les diriger pendant les six ans à venir, mais ce sont aussi des élections qui ont une portée nationale, de trois manières. Concrètement, les conseillers municipaux et les grands électeurs désignés par ceux-ci éliront, à leur tour, les sénateurs. Plus subtilement, un certain nombre de candidats vont acquérir un poids différent après leur élection à l’échelon local ou au niveau national. Enfin, un nouveau rapport de force entre les grandes formations politiques sera établi.
Dans les petites communes, c’est la dimension personnelle et la responsabilité locale qui l’emportent sur le clivage politique. Plus la taille augmente, plus le choix politique, partisan, accroît son importance. C’est pourquoi le pouvoir actuel avait tenté de faire glisser le curseur afin de limiter la prise en compte des étiquettes partisanes aux communes de plus de 9.000 habitants. La censure du Conseil d’État a obligé le ministre de l’Intérieur à revenir non pas aux chiffres précédents de 1.000, mais à ceux, plus anciens de 3.500. La ficelle était grosse. Le parti présidentiel, LREM, fait de bric et de broc, n’est pas implanté partout. Sa sociologie le situe plutôt dans les grandes villes. Il s’agissait donc de minimiser une défaite annoncée, voire de transformer celle-ci en victoire, si Paris était gagnée, par exemple.
Il faut être bien naïf pour ne pas voir dans ceux qui nous gouvernent actuellement des spécialistes de la manipulation cynique fondée sur un mépris profond des électeurs, et des Français en général. Il est fort probable que, dans la tête de certains d’entre eux, le coronavirus soit une divine surprise : le Président et le gouvernement rentrent dans une phase compassionnelle, en général propice à une remontée dans les sondages,les retraites sont provisoirement oubliées, les élections municipales passent au second plan, la campagne, faute de réunions, s’essouffle. Il est probable que la situation insolite que connaît le pays profitera aux sortants.
L’objectif de la Macronie est donc d’obtenir 10.000 élus, ce qui est peu par rapport aux 536.000 conseillers municipaux élus dimanche prochain. Mais ce qui domine le scrutin, c’est le brouillard qui va planer sur les véritables orientations nationales de nombreuses communes. Le macronisme, qui devait faire régner la transparence, s’avance masqué. LREM espère, ainsi, remporter des villes grâce à des alliances faites avec des candidats déjà en place. Car malgré sa promesse de renouvellement, une tête de liste sur cinq soutenue ou investie par LREM est, en réalité, le maire sortant, élu sous une autre étiquette qu’il a éventuellement trahie. Il sera, le plus souvent, situé à droite ou au centre. 67 % des maires sortants qui ont obtenu le label sont issus des rangs de la droite (LR, UDI, MoDem, Agir…), contre 29 % de la gauche (principalement PS).
M. Macron est un haut fonctionnaire, venu du PS, tendance gauche-caviar. Il est complètement absurde, pour un électeur de droite, de donner sa voix à quiconque le soutient.
Les maires qui ont été élus en 2014 avec l’étiquette républicaine et qui ont rejoint Macron ont fait preuve d’une malhonnêteté intellectuelle qui doit être sanctionnée. Quelle confiance peut-on accorder à un candidat qui dit le contraire de ce qu’il disait sous le mandat présidentiel précédent ou durant la campagne ?
C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de mettre le plus rapidement possible un terme à la supercherie politique dont les Français sont victimes en sanctionnant partout les listes macroniennes ou crypto-macroniennes.
Les élections municipales doivent non seulement permettre d’élire de bons gestionnaires pour nos communes, elles doivent contribuer à rétablir la clarté politique dans le pays. Celle-ci passe par la victoire d’élus qui soient vraiment de droite et résolument opposés au pouvoir actuel.