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Allocution d’Emmanuel Macron : flou artistique là où on attendait consignes drastiques

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La rumeur courait depuis 48 heures, on ne parlait plus que de cela et on faisait circuler, en frissonnant, sur les réseaux sociaux des photos de blindés militaires s’approchant de la capitale : les Parisiens et le Grand Est allaient être confinés. L’exode, impressionnant, avait déjà commencé. À pied, à cheval, en voiture, ils avaient pris la route, la grand-mère assise sur la valise dans la carriole et les gosses suivant à pied, les godillots poudreux, dans la précipitation comme s’ils avaient les Allemands aux trousses et la perspective d’une zone libre, là-bas, dans la ferme, avec le cochon à tuer et les topinambours à volonté. Oubliant qu’ils emmenaient peut-être avec eux, tapi dans l’ombre, l’ennemi qu’ils voulaient fuir et, ce faisant, auquel ils servaient de cheval de Troie… prêt à partir à l’assaut d’innocentes campagnes jusque-là point assez denses pour être contaminées, et comportant modeste hôpital, tout juste dimensionné aux besoins ordinaires d’une population peu nombreuse. L’imprudente menace de confinement pourrait-elle avoir l’effet tout inverse de celui escompté et contribuer, au contraire, à déployer le virus dans des zones jusque-là préservées ?

D’autres, qui avaient pris le parti de rester dans la capitale, faisaient la queue et dévalisaient les supermarchés sans craindre de s’exposer. C’est qu’il faut bien manger, ma brave dame ! Comme si celui qui prenait, pour leur bien, la décision de les confiner avait dans l’idée de les affamer.

Puis Emmanuel Macron a parlé. C’était beau, empreint de noblesse et de gravité. Comme d’habitude. Il a rendu hommage et remercié. Comme d’habitude. Lui aussi a parlé plusieurs fois de « guerre », il a même évoqué l’idée de fermer les frontières (de Schengen, pas françaises), c’est dire, cependant, comme le logiciel a changé. Mais cela manquait de clarté. Comme disent les enfants à la maîtresse, on n’a pas compris la consigne. Comment monter à l’assaut dans cette guerre au galop et sabre au clair si l’on s’arrête soudain pour se gratter le menton, hésitant sur la direction : il ne faudrait ainsi sortir que pour des activités essentielles. Lesquelles ? Le sport, par exemple, a-t-il cité. Quelle drôle d’idée. Suffira-t-il de vêtir un jogging pour que l’on nous laisse partir ? Depuis quand ne pas faire de sport durant quelques semaines mettrait quiconque en danger ? Comment Churchill aurait-il survécu ? En quoi serait-ce plus vital que d’aller prier dans une église ou même, tout simplement, flâner dans les rues ?

C’est flou artistique là où on attendait mesures drastiques. Dessine toi-même ton confinement. Comment, dans ces conditions, se plaindre de l’indiscipline des Français ?

La vengeance est un plat qui se mange froid et celle de Roselyne Bachelot attend dans le frigo depuis près de onze ans.

Souvenez-vous, c’était en 2009, elle était alors ministre de la Santé et avait essuyé quolibets, railleries et même accusations de collusion avec l’industrie pharmaceutique pour sa gestion de la grippe H1N1. Son fameux vaccin, que l’on a fini par jeter (la grippe n’ayant pas pris l’ampleur annoncée), est devenu pour elle comme le homard de Rugy.

On lui a reproché d’avoir surréagi. Mais au moins avait-elle préparé, anticipé, élaboré… avec grande précision. Récemment interrogée sur le sujet, elle a affirmé qu’on ne pouvait pas « jouer à la roulette russe » avec la santé des Français. On ne saurait mieux dire. Au vu de ces dernières semaines, son honneur est, pourrait-on dire, lavé.

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