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L’économie de dettes en dettes – Olivier Pichon

Les 20 premières années du XXI ° siècle resteront dans l’histoire comme celle des dettes comme jamais, dès l’an 2000 et la crise numérique puis 2008 la crise des subprimes, et maintenant celle que l’on baptisera crise du corona, le remède a été un poison. Qu’on ne s’y trompe pas le corona n’est pas la cause, seulement une condition nécessaire à la manifestation de la crise. A longueur de lignes et de vidéos, j’ai toujours dit que le Pharmakon des grecs était l’explication, pour les anciens grecs le remède est aussi un poison le même mot sert pour les deux. C’est une banalité thérapeutique de le dire, en économie c’est moins vrai . Pourtant il s’agit bien d’une addiction qui après quelques moments d’euphorie nous fait retomber dans le marasme économique, celui d’aujourd’hui est particulièrement grave parce qu’il accumule les errements des deux décennies. Avec mon ami Pierre Jovanovic nous n’avons cessé de l’annoncer en bravant la critique que les peuples ont toujours prodigué à cette « Pauvre Cassandre ». Prophètes de malheur nous assumions !

Pouvait-on faire autrement que cette fuite en avant ?

Quelles conséquences à terme deux questions à se poser.

Mais avant de répondre à ces deux questions essayons de comprendre ce qui se passe.

Clysterium donare !

Le médecin de Molière préconisait cette solution, pour l’heure elle n’est pas sans une certaine sagesse. Nous voilà devant une planète devenue insolvable, la masse des dettes a franchi un seuil critique et la politique se résume à en créer plus encore pour gagner du temps.
Dans ces conditions l’économie étant un organisme vivant intoxiqué par cette masse de dettes, elle devait se purger de l’excédent, c’est ce qui arrive, mais elle en reprend derechef et plus encore tel le drogué en manque. La monnaie, toujours en raisonnant par analogie avec un organisme vivant, étant un intermédiaire des échanges (mais plus du tout un instrument de réserve de valeur comme disait Keynes), elle était secrétée par le système bancaire (un peu comme le sang ou les hormones dans l’organisme vivant) à la mesure des besoins de l’économie et dans un rapport à due proportion de la croissance. Il n’est pas difficile de comprendre que les dettes depuis 20 ans et donc le volume de monnaie en circulation, n’ont plus aucun rapport de proportion raisonnable avec l’activité manufacturière, même s’ils font les choux gras de la sphère financière.

Pouvait-on faire autrement ?

La réponse à cette question n’est pas strictement de l’ordre de l’économie mais aussi de la politique et plus encore de la réflexion sur la nature humaine. La mondialisation, qui par certains aspects a eu des aspects positifs, en sortant de la misère les peuples dont le peuple chinois, a porté à un point de fusion considérable, le désir des biens matériels, un gigantesque mimétisme consumériste s’est emparé de la planète et l’anthropologue René Girard nous en a dit beaucoup sur « l’enfer des choses ». Les politiciens ont suivi servilement : « Ces évènements nous dépassent feignons de les organiser ! » Il aurait donc fallu aller contre le désir des peuples, en préconisant, comme disait Alain lors de la crise de 29 « une monnaie de plomb » solide et rare, mais l’ADN de la mondialisation ne l’entendait pas de cette oreille. C’est Faust version opéra de Gounod qui nous le dit si bien : “Le veau d’or est toujours debout ! »

On encense sa puissance
D’un bout du monde à l’autre bout !
Pour fêter l’infâme idole,
Rois et peuples confondus,

Au bruit sombre des écus
Dansent une ronde folle
Autour de son piédestal !

Quelles conséquences ? La mort de la monnaie historique

Outre les dégâts économiques et sociaux dont nous parlerons prochainement, il est une réalité qui s’impose la monnaie n’est plus la monnaie, elle est détruite par la dette, quelque chose (encore une comparaison avec la nature !) comme l’eutrophisation, par exemple l’asphyxie d’un milieu aquatique par excès d’azote qui fait proliférer les algues tueuses du milieu. Nous y sommes. Songez que la FED par exemple va distribuer de l’argent sans aucune contrainte, un peu comme si le DAB de la banque du coin vous livrait des billets à volonté. A ce prix, on ne donne pas cher de la notion de monnaie

Une question demeure, l’économie n’étant pas une science prédictive, quelle nouvelle monnaie, quel système monétaire, quelle base de référence pour la monnaie ? On pense à l’or, mais pas seulement. La réponse dans les années à venir.

Olivier Pichon

https://www.tvlibertes.com/actus/leconomie-de-dettes-en-dettes-olivier-pichon

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