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Le préfet Lallement mange sa casquette mais sauve sa peau

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Il regrette, il s’excuse, il ne démissionne pas et il n’est pas démissionné. Voilà comment l’on résumera la déclaration du préfet de police, , ce vendredi après-midi, devant la presse, après ses propos à l’emporte-pièce, le matin même, alors qu’il supervisait une opération de contrôle des sorties de Paris.

Ses propos du matin ? « Pas besoin d’être sanctionné pour comprendre que ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, qu’on trouve dans les réanimations, sont ceux qui au début du confinement ne l’ont pas respecté. Il y a une corrélation très simple. » Autant dire que les réactions ont été immédiates et sont venues de tous bords.

Peu après, la préfecture de police (pas le préfet !) pondait un communiqué. « La préfecture de police de #Paris indique que Didier #Lallement regrette les propos qu’il a tenus ce matin. Son intention n’était pas d’établir un lien direct entre non-respect des consignes sanitaires et présence des malades en réanimation. » « Corrélation » : « dépendance réciproque de deux phénomènes […] qui évoquent ou manifestent un lien de cause à effet », me dit mon dictionnaire. Le préfet Lallement ne connaît pas le sens des mots ? On peut en douter. L’art de nous prendre pour des imbéciles…

Vu l’énormité des propos et la vague de réactions, le ministère de l’Intérieur se sent alors obligé de réagir à son tour. « Ce propos du préfet de police est inexact. » Autant dire, service minimum. « Inexact » ? Un peu léger, non ? « Scandaleux », « abject », « stupide » ne doivent pas figurer dans le dictionnaire du ministère de l’Intérieur.

Et puis on annonce qu’à 16 heures, le préfet Lallement va faire un point-presse. On imagine que le téléphone a dû chauffer entre Beauvau et la préfecture de police. Mon petit Lallement, vous allez présenter vos excuses, et fissa ! Prenez votre belle casquette et mangez-là jusqu’au dernier gland doré. La visière, aussi ? La visière aussi ! Zou ! On enjolive, mais ça doit être un peu l’idée. Et je garde mon poste ? Bien sûr. OK, j’y vais.

Donc, à 16 heures, le préfet Lallement, dans ses petits souliers, entre dans la salle de presse. La casquette est restée au vestiaire. La morgue aussi. Dans sa courte déclaration, le haut fonctionnaire reconnaît « avoir heurté de nombreuses personnes qui ont des proches en réanimation ou qui ont perdu récemment l’un des leurs. Je n’avais pas l’intention de rajouter la culpabilité à leur peine. » Il rappelle ensuite le « courage » de ceux qui « sont exposés à cette maladie » : personnel de santé, forces de l’ordre, caissières, etc. L’air contrit, on sent une certaine sincérité dans la voix du préfet : il est vrai qu’il n’est jamais agréable de reconnaître son erreur lorsqu’on est à ce niveau de responsabilité. J’aurais mieux fait de la fermer, je ne serais pas contraint à cet exercice d’humiliation publique !

Mais au-delà du petit ego du préfet Lallement, ce qui est pitoyable, dans cette affaire, c’est que, encore une fois, la parole de l’État est prise en défaut à travers l’indécence des propos tenus par ce fonctionnaire.

On notera tout de même que le préfet de police « présente ses excuses » à tous ceux qu’« [il] a pu heurter ». Les convenances voudraient que ce n’est pas à lui d’excuser ses propos mais à tous ceux qui ont pu être heurtés, pardon, qui ont été heurtés. Mais bon… Didier Lallement termine son propos liminaire en déclarant qu’il poursuivait sa mission. Dont acte. La préfecture de police de Paris vaut bien une petite messe médiatique.

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