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Marion Marechal - Ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, a peur

Ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, a peur

Marion Maréchal a été longuement interrogée dans Valeurs Actuelles. Extraits :

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Après avoir alourdi les sanctions contre ceux qui ne respectent pas le confinement, le gouvernement a annoncé par la voix de Laurent Nunez qu’appliquer cette consigne dans les banlieues n’était « pas une priorité ». Le gouvernement a-t-il entériné la partition de fait de notre pays, où l’autorité de l’Etat ne s’applique plus de la même manière dans tous les “territoires” – comme on dit désormais ?

Soljenitsyne, dans son discours d’Harvard, décrivait brillamment le déclin du courage dans le monde occidental. « Ce déclin du courage, disait-il, est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière ». 

Ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, a peur. Il a peur de devoir faire face à la réédition des émeutes de 2005. Il a peur de subir les conséquences politiques d’un embrasement des banlieues dont il achète soigneusement la paix sociale à coups de subventions, en fermant les yeux sur les trafics en tout genre ou en déléguant l’ordre public aux salafistes. Il a peur d’une tension diplomatique en luttant contre la subversion organisée de la communauté musulmane française par des réseaux et des pays étrangers. Le séparatisme dont parlait Emmanuel Macron est combattu dans les mots mais il est accepté, et même alimenté, dans les faits. Ces quartiers sont exemptés de la solidarité nationale sauf quand il s’agit de bénéficier de notre système social ou de notre système de santé.

On “découvre” à l’occasion de ce confinement que la fraternité, dernière pointe du trident de la devise républicaine, ne se décrète pas, contrairement à la liberté et l’égalité. N’y a-t-il pas un paradoxe à attendre l’unité nationale d’une société baignée d’individualisme et d’exiger des citoyens un comportement exemplaire après 50 ans de relativisme moral ?

Il n’est pas seulement question ici d’individualisme. Le professeur Robert Putman, éminent sociologue américain, s’est penché sur le phénomène des sociétés diversitaires et a tiré des conclusions qui éclairent notre situation française. Dans son étude, il conclut que l’hétérogénéité ethnoculturelle semble entraîner une désintégration du tissu social, une perte de confiance entre les individus. Il affirme que « les habitants de communautés hétérogènes ont plutôt tendance à se retirer de la vie collective, à se méfier de leurs voisins, (…) à attendre le pire de leur communauté et de leurs chefs, (…) à être moins bénévoles, à moins voter, etc. » L’émergence d’une société française pluriethnique et multiculturelle associée à la disparition de la machine à assimiler nationale, transforme cet appel à l’unité en vœu pieux. On le voit dans un certain nombre de quartiers de manière flagrante en ce moment. 

Dans les circonstances actuelles, cet appel à l’« unité nationale » ressemble davantage à une incantation, à un slogan, qu’à un acte politique. Chaque fois qu’elle fut invoquée dans l’histoire, ce fut pour mettre en place un gouvernement d’union nationale, autrement dit un gouvernement associant toutes les grandes forces politiques en présence. On en vit des exemples au cours de la première et de la seconde guerre mondiale ou encore au moment de la crise algérienne. Emmanuel Macron enjoint la société et l’opposition à l’unité nationale mais lui-même serait-il prêt à aller au bout de cette logique en mettant en place un gouvernement d’union avec le RN ? J’en doute et d’ailleurs cela ne serait ni justifié ni souhaitable, car il n’y a pas d’analogie possible entre ce que nous vivons et une situation de conflit armé, même si Emmanuel Macron a vainement tenté de se hisser en chef de guerre au cours de sa dernière allocution.

L’unité nationale est ici utilisée comme une injonction morale et culpabilisante vis à vis de l’opposition pour l’empêcher de dénoncer les mensonges et les carences d’un gouvernement en faillite. 

Cela me rappelle le moment « Charlie » exploité politiquement par le gouvernement de François Hollande. Après l’attaque terroriste de Charlie Hebdo, toute analyse de la situation, toute dénonciation des responsabilités furent étouffées sous l’injonction moralisante à « être Charlie » dans une communion nationale, légitime, mais silencieuse et politiquement stérilisante. Résultat : les attentats se poursuivent encore aujourd’hui sans qu’aucun changement radical de la doctrine politique ne soit mené. Et plusieurs Français en ont encore été victimes il y a quelques jours…

L’hôpital est à l’agonie, la police au bord de la rupture, notre économie proche de l’effondrement. Vous avez écrit récemment que la crise du coronavirus sanctionnait « des décennies de choix politiques ». Emmanuel Macron est-il simplement le “président de l’heure des comptes”, ou peut-il être tenu pour responsable du fiasco ?

Emmanuel Macron est le dernier de la suite de dominos. Il tombe entraîné par le mouvement de ceux qui l’ont précédé mais il chute aussi car il s’est placé dans l’exact sillon des gouvernements précédents…

Son gouvernement paye la décision prise sous François Hollande de vider les stocks d’Etat de masques ainsi que les conséquences d’une désindustrialisation amorcée de longue date, mais il est aussi responsable de la poursuite d’une doctrine politique qui a internationalisé les chaines de production et notamment celles, pourtant vitales, de la santé et des médicaments, tout cela au détriment de l’indépendance nationale.

Ajoutons qu’il n’a fait preuve d’aucune anticipation, d’aucune méthode et d’aucune stratégie pour parer à la crise, préférant de surcroît le mensonge à l’honnêteté sur la gravité de la pénurie et le port du masque, et l’idéologie au pragmatisme en refusant de fermer les frontières nationales. 

Il y a quelques jours, Loik Le Floch- Prigent, ancien PDG de la SNCF, expliquait que plusieurs entreprises industrielles avaient proposé depuis près de deux mois à l’Etat de fabriquer et de donner des respirateurs. Ils n’ont jamais eu de réponse. Cet exemple est édifiant et il n’est pas isolé.

La période me rappelle une phrase de Chateaubriand : «  L’Aristocratie a trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités ; sortie du premier, elle dégénère sur le second et s’éteint dans le dernier. » Le gouvernement de Macron mourra avant tout de sa vanité. Une vanité maladroitement incarnée par Sibeth Ndiaye.

Le ministre de la Justice Nicole Belloubet a fait libérer 8 000 détenus depuis le début du confinement, parmi lesquels 130 radicalisés, pour endiguer la propagation du Covid-19 dans les prisons et faire diminuer la surpopulation carcérale. Sacrifie-t-on la sécurité des Français à la sécurité sanitaire des détenus ?

L’extrême gauche en a rêvé, la Macronie l’a fait. Ce gouvernement, sur tous les sujets de société (immigration, identité, revendications LGBT, sécurité, justice), se situe à la gauche du parti socialiste. Beaucoup de Français ont voté pour Emmanuel Macron en espérant une révolution économique. Non seulement ils n’auront pas cette révolution mais ils subiront toutes les politiques sociétales de gauche qui mettent à mal la cohésion et l’harmonie de notre pays.

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Ce dont je suis convaincue, c’est que rien ne se passera comme prévu dans les mois à venir et jusqu’en 2022. Il est possible qu’un mouvement populaire de grande ampleur refasse surface après la crise et bouleverse les équilibres. La situation inédite pourrait également provoquer l’émergence subite et spectaculaire d’un acteur politique inattendu. A l’heure des réseaux sociaux, une personnalité comme Didier Raoult a pu gagner plusieurs centaines de milliers de followers en seulement quelques semaines. En Italie, le mouvement 5 étoiles, parti populiste et contestataire, a ravi le pouvoir de manière fulgurante pour s’effondrer quelques mois plus tard. Certes, notre système électoral est différent mais soyons-y attentifs car il ne sortira pas forcément le meilleur de tels soubresauts. En tout cas, cette crise rebat totalement les cartes.

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