La crise du coronavirus marquera, à plus d'un titre, l'histoire du monde. Peut-être moins en raison du nombre de morts que la pandémie aura provoqué qu'en raison de ce qu'elle aura révélé sur l'aveuglement des gouvernants et la docilité des gouvernés. Que sait-on au juste de ce virus ? Malgré des médias mainstream abreuvant d'informations, le péquin moyen ne dispose de quasiment rien de précis et de fiable. Il est, par exemple, impossible de calculer le taux de létalité du virus puisque, faute de tests, on ignore le nombre de personnes infectées. Et pourtant, les tenants de la gouvernance ne cessent de justifier leurs décisions en brandissant l'argument d'autorité scientifique (la consultation d'un comité d'experts). Si cela a permis, un temps, d'étouffer le débat et d'essayer de Étire passer les esprits critiques pour des irresponsables, la cohérence du discours s'est assez rapidement fissurée quand sont apparues au grand jour les concurrences entre équipes de chercheurs laissant entrevoir des intérêts plus financiers que médicaux. S'il existe un traitement (qui n'est certes pas une panacée) à base de chloroquine associée à d'autres médicaments pour soigner les seuls malades, pourquoi certains veulent-ils (à tout prix...) un vaccin susceptible d'être imposé à toute l'humanité ?
En fait, prendre la peine de remonter le fil des événements rend flagrantes les techniques de manipulation de l'opinion publique. D'abord, la divulgation des mesures par étapes progressivement, pour en faciliter l'acceptation : les masques ont été présentés comme inutiles pour ne pas avouer qu'il n'y en avait pas (ou plus), les tests ont été annoncés pour après le confinement général afin de faire oublier qu'ils auraient pu permettre de l'éviter. Ensuite la mise en œuvre d'injonctions contradictoires pour collectiviser la responsabilité, perturber la compréhension des enjeux et, in fine, intimider et culpabiliser : fermeture des établissements scolaires mais maintien du premier tour des municipales, interdiction des rassemblements cultuels mais autorisation de faire la queue au supermarché (comme si les premiers étaient plus contaminants que les secondes). Distiller la peur et semer la suspicion tout en appelant à la cohésion nationale permet de diviser une éventuelle résistance et de dissimuler son incontestable incurie.
Car, le confinement général n'a que les apparences du bien commun. Ne pas être contaminé réaliserait le bien des parties, ne pas contaminer les autres permettrait le bien du tout ; et pourtant, une telle mesure si elle évite un certain mal en provoque assurément bien d'autres : le viol des libertés naturelles, la perturbation de l'effort scolaire des enfants, le blocage de la vie économique et sociale, l'impossibilité de constituer une immunité collective, etc. Mesure inédite dans l'histoire des hommes, le confinement général est la conséquence d'un manque d'anticipation et d'une incapacité à affronter l'imprévu. Elle a été une réaction trop forte parce que trop tardive. Au lieu de garantir les libertés, la sécurité les a abolies.
Est-ce par inconséquence ou par calcul cynique que le pouvoir a, quasiment du jour au lendemain, basculé d'une léthargie niant les risques d'expansion du virus à des mesures drastiques liberticides ? La première explication semble plus plausible tant certaines mesures sont, idéologiquement, diamétralement opposées et témoignent de la panique des prétendues élites : d'un côté, profitant de la complicité légaliste d'une partie du clergé, l'Exécutif a annihilé la liberté du culte mais, d'un autre côté, sans doute pris de court, il a, après hésitation, lui-même entamé le monopole étatique de la collation des grades universitaires en acceptant que les notes données par des enseignants non fonctionnaires (ceux des établissements hors contrat) soient susceptibles d'être validées pour les épreuves du bac passé en contrôle continu.
Que faire ?
Quel tournant cette crise va-t-elle provoquer ? Pour l'heure, la population survit dans la torpeur ; mais, nul besoin d'être doué du don de divination pour annoncer que le réveil sera brutal. Certes, les firmes internationales (celles-là mêmes qui ont favorisé et profité de la globalisation provoquant la dépendance industrielle du pays et son incapacité à réagir vite) seront sans doute sauvées... par le contribuable bien sûr ! Mais quid des petites et moyennes entreprises qui font le tissu économique réel ? Une immense dépression sociale guette le pays. Pire, contre toute logique, alors que l’État-providence a démontré son inanité, il sera confondu avec un pouvoir ferme mais limité et présenté comme salvateur. Au lieu de s'interroger sur l'efficacité de la dépense (quelle part l'administratif aliène-t-il à l'hôpital au détriment du médical), une aggravation de la pression fiscale (plus de dépenses nécessitent plus de recettes) pourrait être imposée grâce à l'instrumentalisation de l'émotionnel.
Derrière la crise sanitaire du coronavirus se révèle la faillite des principes révolutionnaires sur lesquels reposent le régime en place : le contractualisme, le matérialisme, le progressisme, l'indifférentisme, le mondialisme... qui ont fait, entre autres choses, l'ouverture des frontières et les délocalisations, la marchandisation de tout et l'orgueil de vaincre la mort. Il va bien falloir, un jour, crever l'abcès : l'anti-révolution peut et doit se mettre en marche. Les braves gens deviendront-ils des gens braves ? Briseront-ils la camisole idéologique qui les empêche d'envisager le régimicide ?
Guillaume Bernard Monde&Vie 1er mai 2020