« Complotisme », « populisme »… Ces deux mots sont le bouclier verbal du microcosme qui préfère anathématiser ses ennemis au lieu de démontrer qu’ils se trompent. Or, comment faut-il appeler une « machination judiciaire », une « manipulation collective », une « entente complice » entre des politiques, des magistrats et des journalistes pour agir sur une élection présidentielle au point, sans doute, d’en changer le résultat ? J’emprunte ces mots à Philippe Bilger, peu suspect de complotisme ou de populisme, et qui a eu l’honnêteté intellectuelle de modifier son jugement après les déclarations sous serment de l’ancien procureur du parquet national financier, Mme Éliane Houlette, qui, auditionnée par une commission de l’Assemblée nationale, avait révélé les pressions qu’elle avait subies, pour ne pas dire le harcèlement, de la part du parquet général, pour faire avancer l’affaire et communiquer les pièces qui, au mépris du secret de l’instruction, se trouvèrent ensuite dans la presse, elle-même peu soucieuse de la présomption d’innocence.
Toute nation a besoin d’événements tragiques pour faire naître en son sein une véritable élite, non pas celle qui se forme dans les grandes écoles parisiennes infestées d’enseignants gauchistes et surévalués, mais celle que la dureté des temps sélectionne d’abord par leur courage, et par la rigueur éthique que le contexte impose. Aujourd’hui, ce mot est usurpé par une caste, un lacis de camarillas, de « familles » au sens mafieux du terme, de cénacles en tous genres où la cooptation, la connivence, la complicité, le copinage et le népotisme tracent les carrières dans la course au pouvoir et aux privilèges. Point de réussite, de succès éclatant au profit de la France pour justifier les ascensions ni pour expliquer les atterrissages en douceur dans un pantouflage douillet et doré. Il suffit d’en être !
Michel Maffesoli avait pointé la faillite des élites, Ivan Rioufol a fusillé Les Traîtres, Guillaume Bigot va bientôt dénoncer la « populophobie », Philippe de Villiers, dans son dernier livre, Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au Nouveau Monde, accuse les « pétochards » qui peuplent les sphères de la gouvernance, ceux qui n’ont rien vu venir, n’ont rien prévu en dépit du principe de précaution, ce parapluie qu’ils ont introduit dans la Constitution, ceux qui ont menti sur les pénuries et imposé un confinement généralisé mortel pour le pays, pour se couvrir, pour gérer leur risque pénal, avec l’assentiment de Gaulois émasculés. Ces gens-là sont une élite de contrebande, un gratin faisandé, un sommet de la hiérarchie miné par la corruption et les conflits d’intérêts, depuis la vente d’Alstom jusqu’à l’intervention du Président pour couvrir son principal collaborateur lors d’une enquête judiciaire, en passant par les liens entre les cercles médicaux et les laboratoires pharmaceutiques.
Face à cette fausse aristocratie qui s’accapare les privilèges en omettant les services qu’ils impliquent, il y a des gens comme le « docteur » Raoult, savant mais modeste, qui a rappelé que le devoir d’un médecin, fût-il professeur de réputation mondiale, est de soigner et, si possible, de guérir. Sa popularité ne trompe pas : le peuple populiste possède un instinct pour déceler les hommes ou les femmes qui ont la légitimité de leurs statuts et de leurs rôles. Raoult n’a pas d’ambition politique. Il se plaît dans ce qu’il fait, en bon stoïcien, lettré et philosophe, mais il indique un chemin, celui qui permettra à la France de se relever avec les dirigeants qu’elle mérite après avoir chassé les imposteurs.
Christian Vanneste