L’idéologie climatisme a été approuvée avec un bel ensemble en Europe. Mais voici le temps des sacrifices économiques au nom du climat les pays européens sont nettement moins enthousiastes !
Début octobre, les ministres de l'Environnement de l'Union européenne se sont réunis à Luxembourg pour voter un texte sur les normes d'émission de C02 concernant les voitures neuves. Avec pour objectif la réduction des émissions gazeuses de 35 % d'ici 2030. L'opération est cependant plus délicate qu'il n'y pourrait paraître de prime abord. En effet, nombre d'États-membres sont plus soucieux et on peut comprendre que, dans une période de crise économique, ils s'interrogent sur le bien-fondé de la démarche proposée - de protéger leurs industries que de s'engager pour l'environnement - ou, du moins, ce que l'idéologie nomme tel.
On notera que, parmi les opposants au projet de texte présenté par l'Autriche, l'Allemagne fait figure de leader, qui ne voulait pas s'engager au-delà d'une baisse de 30 % même si ses représentants ont fini par donner leur accord. D'aucuns s'étonnent de ce que Berlin renâcle ainsi, alors que, depuis des années, les autorités allemandes semblent en pointe dans la plupart des démarches imposées par Bruxelles.
Ce serait méconnaître gravement l'actuelle évolution allemande au gré, peut-être, des sirènes qui dénoncent une montée de l’extrême-droite. Mais l'épouvantail semble usé, surtout chez les Allemands auxquels on l'a trop fait. Le phénomène de l'immigration aura été l'énorme goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Pour son quatrième mandat, Angela Merkel n'en finit donc plus de voir sa position s'affaiblir. Au point que celle qui fut, naguère, l'homme fort de l'Europe, et l'un des politiques les plus puissants de la planète, n'est plus que l'ombre d'elle-même.
À cette situation politique délicate, s'ajoute une question sociale exacerbée. Au contraire de certains de ses voisins, l'Allemagne connaît une position industrielle forte. Et les syndicats eux-mêmes défendent avec âpreté un outil national que les perspectives idéologico-environnementales de Bruxelles menacent d'emporter.
Le climat ou l'emploi ?
Si les représentants allemands ont néanmoins cédé aux objurgations de certains de leurs partenaires, certains États-membres ont marqué leur impossibilité de franchir la barre des 30 %, perçu comme un « maximum ». Ainsi Neno Dimov, le ministre bulgare de l'Environnement, a-t-il déclaré, sous forme de fin de non-recevoir : « Nous pensons que cela aura une influence probable sur l'ensemble de la compétitivité du marché européen. »
Se faisant l'écho de cette inquiétude, le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, a fait le point : « Si l’Union européenne veut baisser les émissions de C02, très bien. Mais l'électrique aujourd'hui, c'est comme le bio, c'est plus cher et c'est le monopole technologique de l'Asie. »
En filigrane, il y a une inquiétude pour l'emploi. On ne peut guère se permettre de reculer sur la question du chômage, problème endémique pour un grand nombre de gouvernements.
Comme souvent en pareil cas, le compromis voté révèle davantage de déceptions qu'un résultat tangible. Bruxelles se trouve entre ceux qui estiment que cet accord va trop loin et ceux qui, au contraire, estiment que l'on est resté bien en deçà du but à atteindre. Un but qui tient évidemment compte du récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le fameux GIEC, (sans parler de celui de l’ONU) selon lequel un réchauffement de plus de 1,5° C aurait des conséquences tragiques pour la vie sur terre. Les rapporteurs affirment que les émissions de carbone doivent être entièrement éliminées d'ici une trentaine d'années.
Pourtant, un chercheur australien, John McLean, vient de réaliser un audit selon lequel la principale base de données de températures utilisée pour les études du GIEC est à ce point « criblée d'erreurs » - « à peu près du niveau d'un étudiant en première année d'université », précise-t-il - qu'elle est, en réalité, « inexploitable ».
Pendant ce temps-là, on attribue le prix Nobel d'économie à deux Américains qui militent activement pour une mondialisation des consciences face au dérèglement climatique.
À quoi joue-t-on ?
Hugues Dalric monde&vie 19 octobre 2018 n°961