En pleine rentrée politique, Christian Estrosi appelle son parti à soutenir Emmanuel Macron en vue de sa réélection. Une déclaration qui en dit long sur l’état de la droite. Dans ces conditions, quel peut être l’avenir des LR ? Une occasion à saisir pour Nicolas Sarkozy ?
Analyse et réaction d’Édouard Husson au micro de Boulevard Voltaire.
La rentrée est compliquée et sous pression, pour Les Républicains. Le parti de la droite essaie de trouver son champion pour 2022. Parmi les différents noms apparaissent Xavier Bertrand et François Baroin. La voix dissonante de Christian Estrosi apparaît aussi. Il incite son parti à rallier Emmanuel Macron. Qu’évoquent ces débats de l’état de la droite ?
Ce débat dit que la droite LR est idéologiquement morte. Elle n’a plus de projet et plus de pensée à elle. Elle tend à devenir une sorte de macronisme de droite. C’est le sens de la suggestion de Christian Estrosi. N’ayant plus de pensée, il n’y a plus, non plus, de leader. Vous citiez Xavier Bertrand et François Baroin. On pourrait mentionner aussi Valérie Pecresse, qui n’est pas plus que Bertrand dans LR, mais qui pourrait aspirer à rassembler son ancienne famille politique.
Les projections des sondages nous montrent que le candidat en question a peu de chances de faire plus de 12 %, disons peut-être 15 %, au premier tour, si c’est une campagne réussie. C’est bien moins que François Fillon, qui était à 20 % malgré les polémiques incessantes contre lui en 2017. Effectivement, il y a peu de chances que LR soit au second tour. Or, quand on est un ancien parti de gouvernement et qu’on n’a pas les moyens d’être au second tour, autant dire qu’on est voué au déclin.
Depuis qu’Emmanuel Macron et La République en marche existent, il n’y a plus de créneau au centre droit. Le créneau du centre gauche jusqu’à la droite est « pris ».
Il est « pris » parce que Les Républicains veulent bien le laisser prendre. Je pense que l’habileté politique d’Emmanuel Macron est d’avoir été largement élu au centre gauche et de se maintenir au pouvoir au centre droit en espérant être réélu au centre droit.
Sur les 30 % que représente l’électorat centriste au sens large du terme, il en a perdu pas mal au centre gauche. S’il veut garder 22 % de son score du premier tour de 2017, il faut qu’il s’enracine à droite sachant qu’il a aussi perdu l’électorat vert et celui du PS. Macron fait l’essuie-glace en permanence. Il a dans le même gouvernement Darmanin et Dupond-Moretti. Cela permet de garder toutes les options ouvertes.
Si LR avait voulu, ils auraient pu attaquer le gouvernement au moment de la crise des gilets jaunes sur la gestion désastreuse de cette crise. Ils auraient pu attaquer beaucoup plus sérieusement le gouvernement pendant le conflit des retraites, sur l’amateurisme dont faisait preuve l’équipe d’Édouard Philippe. Ils avaient un boulevard pour enfoncer le gouvernement sur la gestion désastreuse du Covid-19. Et ils auraient pu le faire avec le sens de la responsabilité d’un ancien parti de gouvernement. Or, le seul qui pourrait peut-être être crédible sur ces sujets-là, c’est Nicolas Sarkozy, mais qui n’est pas candidat.
Chez les LR, il y a toujours ce serpent de mer peu visible, mais bien présent. Nicolas Sarkozy commence d’ailleurs à émerger avec l’apparition de son livre. Beaucoup, et peut-être même vous, le voyaient encore comme le leader naturel de la droite. Tant que Nicolas Sarkozy occupera le terrain en arrière-plan, personne ne pourra se mettre en avant…
Oui et non. Il y a, bien sûr, un côté statue du commandeur. Cependant, Nicolas Sarkozy n’est plus le Nicolas Sarkozy de la campagne électorale de 2007 qui rassemblait les droites. Il est le Sarkozy capable de négliger son électorat de droite et de mettre des ministres de gauche dans son gouvernement. Il y a, effectivement, un grand point d’interrogation concernant Sarkozy. S’il est prêt à rechausser les bottes de sa campagne de 2007 qui avait posé l’ensemble des questions qui sont devenues plus aiguës dans la société d’aujourd’hui, en particulier sur l’insécurité, l’immigration et l’entrepreneuriat, il pourrait y arriver. Cela revient à dire qu’il faudrait que Sarkozy fasse alliance avec Marion Maréchal pour faire venir vers lui une partie de l’électorat du Rassemblement national.