Jean Messiha est membre du bureau national du Rassemblement national et Délégué National aux Études et Argumentaires. Il fut coordinateur du projet présidentiel de Marine le Pen en 2017. Son courage, jusque dans l'émission « Touche Pas à Mon Poste » avec Cyril Hanouna, en fait l'un des principaux porte-voix de la résistance à l’islamisme. Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoüarn
Comment expliquez-vous la popularité dont vous jouissez dans les émissions de télévision où l'on vous voit de plus en plus ?
Je pense que traditionnellement les médias sont à la recherche du mouton à cinq pattes et, à tort ou à raison, ils m'ont identifié comme tel. Je suis arrivé en France tardivement, je fais partie de la toute dernière génération à avoir connu l'assimilation à la française. Mon assimilation à la France a précédé ma naturalisation. Dès mes 15 ou 16 ans je me suis en réalité senti pleinement français, avant même de le devenir administrativement.
À ma naturalisation, j'ai abandonné le prénom Hossam que mes parents m'avaient prudemment donné à une époque, les années 70, où il ne faisait pas bon être chrétien en terre d’Égypte, et je me suis fait légalement appeler par mon prénom de baptême, qui est et qui a toujours été Jean (Yohanna). Pour couronner ce parcours de Français, je me suis engagé au Rassemblement national en 2016. Il y a dans ma trajectoire plusieurs bugs qui posent de sérieux problèmes au logiciel médiatique comment un immigré de fraîche date peut-il se sentir si patriote ? Comment un immigré d'origine arabe peut-il se prévaloir d'un tel parcours académique, allant jusqu'à être ancien élève de l'ENA ? Comment un immigré peut-il être cadre dans un parti qu'on traite de raciste pendant 40 ans ? Comment le RN peut-il avoir parmi ses cadres dirigeants des personnalités aussi diplômées alors que, pour les bobos, les frontistes sont tous, par définition, des bas du front ? Un jour, un journaliste d'un grand quotidien du soir avait été jusqu'à me dire : « vous dites partout que vous êtes immigré… Oui, enfin, en même temps, vous n’êtes pas musulman » !
Pour les journalistes que je commence à connaître, la diversité est déifiée. Si l'on est issu de la diversité, on a tous les droits même celui d'entretenir des relents d'antisémitisme, comme l'attestent les propos scandaleux de Rokhaya Diallo sur les Juifs et la Shoah récemment. D'après les critères médiatiques, je suis bien issu de la diversité, mais je me suis octroyé le droit d'aimer la France passionnément.
Comment expliquez-vous la convergence apparente entre les islamistes et les progressistes ?
Pour des raisons différentes, parfois opposées mais souvent convergentes, les progressistes et les islamistes poursuivent le même but transformer la France en no man's land identitaire. Les islamistes veulent éradiquer la verticalité historique de la France pour pouvoir jeter dans cette jachère les graines de l'islam, nourrissant le rêve d'une France musulmane, comme le reconnaissent publiquement certains imams. Les progressistes eux sont des mondialistes qui ne jurent que par le marché mondial. Us veulent écrêter l'exception française, pour aplatir la France, qu'ils ne considèrent que comme la pièce d'un grand puzzle en défrancisant au maximum la France, ils espèrent l'insérer dans le grand marché mondial, sans frontière, sans différences, sans institution. À ce titre, tout ce qui contribue à identifier le Français en tant que Français doit être raboté. Le marché exige des agents économiques, zombies consuméristes et productivistes standardisés et interchangeables. On le voit, le but des progressistes est le même que celui des islamistes : organiser l'éradication de la France, l'arracher à ses racines et à tout ce qui peut la définir comme pays et nation à part entière. Mais évidemment le calcul des uns n'est pas le calcul des autres islamisme d'un côté, matérialisme de l'autre. Au sens que donna Lénine à cette expression, les islamistes et les progressistes se considèrent comme les idiots utiles les uns des autres.
Que pensez-vous de ceux qui pratiquent à ce sujet la reductio ad Hitlérum, en stigmatisant le « racisme » le « racisme » des islamopnobes ?
Il ne faut pas confondre l'islamophobie, qui marque une attitude critique envers la religion musulmane - comme l'indique l'étymologie du mot islamophobe - d'une part, et le racisme d'autre part, qui comme son nom l'indique, s'en prend, lui, à telle ou telle race, c'est-à-dire à tel ou tel individu ou groupe d'individus. Rien à voir !
La convocation des années 30 dans le débat actuel reste pertinente mais pas pour les raisons pour le moins fallacieuses qui nous sont avancées. Dans l'Allemagne de 1930, l'ascension électorale de Hitler fut rendue possible par le rapprochement opéré par le Führer avec les capitaines d'industrie allemands, qui, de leur côté, vont accepter de s'allier implicitement avec lui pour préserver leurs intérêts économico-financiers dans un contexte de montée en puissance d'un bolchévisme anticapitaliste. C'est ainsi que les grands capitalistes allemands actèrent leur jonction avec le nazisme. Les uns et les autres crurent s'auto-instrumentaliser. Mais dans ce jeu de poker menteur, c'est le nazisme qui fut le grand gagnant. En clair, entre les facteurs économiques et le totalitarisme politique, c'est le totalitarisme qui l'a emporté. La ressemblance avec notre époque devient ainsi plus claire. C'est ce qui risque de se passer aujourd'hui dans la ténébreuse alliance entre l'islamisme et le « progressisme ». Quand vous avez une force verticale qui s'associe avec une force purement horizontale qui ne croit qu'au pognon, eh bien ! ce sont les verticaux qui l'emportent. Personne n'est prêt à mourir pour son iPhone. Pour Dieu oui, pour son pays oui, pour une idéologie basée sur la religion, comme l'islamisme, trois fois oui. À cet égard, la situation française a été remarquablement décrite par Guillaume Bigot dans un livre intitulé Le zombie et le fanatique. Nous sommes des zombies qui nous retrouvons face à face avec des fanatiques. C'est pour cela que notre seule réaction après chaque attentat nous porte à pratiquer la trilogie « bougie/bisou-bisou/nounours » et pas à prendre l'attitude qui convient face à la violence celle de la force.
Ne faut-il pas faire remonter l'islamisme à une magouille politique des États-Unis ?
Il est vrai que la politique nationale des États-Unis est la seule explication à leur hégémonie internationale. C'est ainsi que dès les années 70, ils ont pu armer l'islamisme afghan contre l'Union soviétique quand cela leur a été utile. Mais derrière ce qui se passe aujourd'hui en France, il y a d'autres puissances étrangères, je pense bien sûr aux pétro-monarchies, qui multiplient les jeux d'influence, en particulier dans les villes à forte minorité ou à majorité musulmane, dont les maires souhaitent se faire réélire le plus longtemps possible. Leur leitmotiv est bien connu « une mosquée, trois mandats ». Ces maires auront ainsi vendu une partie de leur pays, à des fins personnelles électoralistes. Je crois qu'aujourd'hui les États-Unis de Trump et l'islamisme international s'accordent à considérer la France comme le ventre mou de l'Europe, tant les élites de notre pays ont tendance à cultiver l'islamo-collaborationnisme.
Qu'entendez-vous par « islamo-collaborationnisme » ?
Dans la collaboration, il y a eu les actifs autour de Pierre Laval et les passifs, autour du Maréchal Pétain. Il y a d'abord - ils sont une petite minorité active - l'islamo-gauchisme actif, traditionnel à l'extrême-gauche. Ceux-là, les indigénistes et autres décoloniaux, reprennent la vieille cause tiers-mondiste et s'habituent à considérer que les musulmans en France sont aujourd'hui la réincarnation de la vieille figure du Prolétariat. La matrice idéologique gouvernant la France est restée bloquée aux totalitarismes du XXe siècle avec d'un côté « les fascismes » et de l'autre « les Juifs ». Cette matrice amène nos élites à faire entrer le réel dans ce moule préconçu. Et les islamistes le savent bien. Ils vont donc se déguiser en « Juifs », comme l'a montré l'abject instrumentalisation de la Shoah et de l'étoile jaune par les participants de la manifestation du 10 novembre contre l'islamophobie. Les islamistes adoptent ainsi la stratégie qui convient au monde virtuel des « progressistes », pour pousser leurs pions et réaliser leur agenda d'islamisation de la France. Ce processus transforme les « progressistes » en islamo-collaborationnistes actifs ou passifs. Les premiers sont les cyniques, les seconds sont les innocents. Les premiers entendent se servir de l'islamisme comme d'un bélier pour abattre les vestiges d'une France qu'ils ont décrétée finissante les seconds croient protéger une minorité discriminée et martyrisée, ils agissent au nom de la vertu.
Sur quoi repose cette vertu ?
Leur matrice idéologique est très simple, c'est encore et toujours sur le mythe antiraciste inventé à partir des années 80 comme phase ultime de déconstruction et de destruction de la France. Comme je viens de le dire, aujourd'hui les néo-juifs sont les musulmans, en France. Et les néo-nazis sont les nationaux qui défendent leur identité culturelle. Et puis il y a tous ces Français qui sont intimement convaincus qu'ils doivent défendre la France contre le retour d'une nouvelle étoile jaune, celle qui aurait été donnée aux musulmans. Et tout ce qui vient contredire cet univers fantasmagorique dans lequel ils vivent est nié, vilipendé et décrédibilisé par toutes sortes d'attaques politiques et, de plus en plus souvent, personnelles.
Mais vous aussi vous pratiquez la reductio adHtilerum ?
La réalité est bien celle que décrivent les islamo-collaborationnistes, mais ils la décrivent de manière totalement fantasmatique. Ils sont des autistes politiques. En effet, les protagonistes ne sont pas ceux auxquels ils attribuent les différents rôles. Ils se voient résistants antiracistes. En réalité, ils collaborent avec le totalitarisme islamiste qui a d'ailleurs beaucoup de points communs avec le nazisme dans sa négation de l'altérité. Ils font ainsi le jeu de la vraie bête immonde, dont ils deviennent eux-mêmes, volontairement ou à leur corps défendant, le ventre fécond. Contre cette effrayante montée en puissance d'un totalitarisme religieux, antinational et antihumain, Nationaux et Patriotes sont les Résistants des temps modernes. Et là encore méfions-nous de ceux qui tentent de réécrire l'Histoire. Les premiers résistants de 1940 furent majoritairement des gens de droite et des royalistes. De Gaulle disait à Londres : « je n’ai autour de moi que la synagogue et la Cagoule ».
Par nationaux vous entendez les chrétiens ?
Pas exclusivement loin de là. J'ai énormément d'amis musulmans qui votent Rassemblement national, car ils estiment que l'islam radical, dont un certain nombre de pays arabes sont venus à bout, est en train de gangrener la France et d'autres pays occidentaux. Jamais, en Egypte, on n'imaginerait aujourd'hui les exactions commises en France par les islamistes.
monde&vie 14 novembre 2019 n°978